«C’est assez surprenant»: plus de 70 échecs en 4 ans pour avoir son permis de camionneur
La SAAQ envisage une formation obligatoire pour obtenir son permis de classe 1
Olivier Larose-Desnoyers
Un homme a échoué à son examen théorique de conduite pour les poids lourds à plus de 70 reprises en quatre ans, selon des données de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) obtenues par notre Bureau d’enquête.
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«C’est assez surprenant», s’exclame la directrice du Centre de formation routier de Montréal (CFRM), Laetitia Debrun. Elle avoue qu’elle n’a jamais vu de tels chiffres auparavant.
L’homme, qui est maintenant dans la cinquantaine, a fait ses épreuves à Montréal. Sa première tentative remonte à 2019.
Un camionneur peut reprendre son examen dans un délai de sept jours à la suite d'un échec.
D’autres cas sont similaires. Un autre quinquagénaire est rendu à sa 68e tentative.
Au total, au moins trois personnes ont passé à plus de 60 reprises leur test à choix multiples.
Pour l’épreuve pratique, deux hommes ont raté à 11 reprises leur parcours au volant en compagnie d’un évaluateur de la SAAQ.
Aucun cours obligatoire
Au Québec, aucun enseignement n’est exigé avant de passer un examen de conduite pour obtenir le permis de classe 1.
«L’absence d’une formation obligatoire pour la conduite des véhicules lourds actuellement peut expliquer le nombre de tentatives aux examens théoriques de certains candidats», soutient Gino Desrosiers, coordonnateur des relations médias et porte-parole à la SAAQ.
«C’est absolument nécessaire d’avoir une formation obligatoire», estime pour sa part la directrice du CFRM.
Elle désire qu’un apprentissage d’au moins 100 h soit imposé aux camionneurs québécois, comme c’est le cas en Ontario.
En août dernier, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a annoncé sa volonté de rendre obligatoire un enseignement pour les apprentis camionneurs dans son Plan d’action en sécurité routière.
«La mise en place de la formation obligatoire [...] permettra de mieux préparer les candidats à la conduite sécuritaire de tels véhicules, et donc, à la réussite des examens», réitère M. Desrosiers.
Pas mieux pour les autobus
Du côté des conducteurs d’autobus, un quinquagénaire de la région de Montréal a échoué 37 fois à son examen théorique en six ans.
Au moins quatre personnes ont passé plus de 30 fois devant les ordinateurs de la SAAQ afin de tester leurs compétences en matière de conduite.
«De notre côté, on n’a jamais vu ça», confesse Isabelle Debrun.
Des personnes ont déjà réussi l’examen théorique après plus de 30 échecs, précise la SAAQ.
En septembre dernier, notre Bureau d’enquête avait révélé qu’une femme a échoué à son examen théorique de conduite pour les véhicules à 120 reprises.
Les 5 plus grands nombres échecs à l'examen
- 51 à 55 ans: 71 fois
- 56 à 60 ans: 68 fois
- 61 à 65 ans: 61 fois
- 36 à 40 ans: 59 fois
- 41 à 45 ans: 46 fois
Source: SAAQ
Doit-on imposer une limite?
La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) réfléchit aux mesures à prendre envers les conducteurs qui passent trop souvent leur examen de conduite.
«Les travaux de veille et de réflexion sont effectués par des employés de la SAAQ», précise Gino Desrosiers, coordonnateur des relations médias et porte-parole de la société d’État.
La SAAQ n’a pas voulu être plus précise à ce sujet.
«Soyez assuré que la sécurité routière demeure la priorité de la Société», a mentionné Marie-Claude Thibault, responsable du soutien administratif et répondante aux plaintes à la SAAQ, en répondant à notre demande d’accès à l’information.
Nouvelle bien accueillie
La directrice du Centre de formation routier de Montréal (CFRM), Laetitia Debrun, est favorable à ce que la SAAQ impose une limite de tentatives pour une période donnée.
Ceci va permettre aux personnes d’étudier davantage avant de faire une tentative sans avoir fait le travail nécessaire, ajoute Mme Debrun.
Marc Thompson, directeur général de l’Association des écoles de conduite du Québec, est également en faveur d’une limitation des examens. Cependant, il est préoccupé par l’aspect légal de l’initiative.
«Est-ce que tu as le droit d’empêcher quelqu’un de s’essayer à passer son permis de conduire le nombre de fois qu’il en a de besoin? Je pense que ça va être difficile d'empêcher ça», se questionne M. Thompson.
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