«C’est addictif»: ils abandonnent le hockey ou le snowboard pour s’adonner au CrossFit

Mylène Richard
L’entraînement fonctionnel, mieux connu sous le nom de CrossFit, gagne tellement en popularité que des jeunes abandonnent leur sport d’enfance pour s’y consacrer à 100%.
C’est le cas de Philippe Grimard, qui a participé à ses premiers Championnats du monde iF3 au début du mois en Lituanie. Il évoluait auparavant avec l’équipe de hockey M18 D1, du Collège Jean de la Mennais, à La Prairie, sur la Rive-Sud de Montréal.
C’est la catégorie scolaire la plus forte chez les moins de 18 ans. Certains joueurs sont même repêchés dans la LHJMQ.
Afin de gagner en puissance sur la glace, le résident de Sainte-Catherine s’est entraîné au gym Le Vestiaire 132. Il a tellement aimé qu’il n’a jamais arrêté. Ce qu’il apprécie, «c’est drôle à dire, mais c’est la souffrance»!

«C’est addictif. Tu veux toujours t’améliorer et il y a tellement de choses à apprendre. Tu veux être plus rapide, plus constant», a raconté Grimard, qui a vomi lors de sa première séance.
«Je n’étais pas très en forme. Je ne faisais pas un push up [pompe], c’était terrible!», rigole celui ayant fini 10e chez les 15-16 ans aux Mondiaux.
Il ne s’ennuie pas de l’esprit de groupe du hockey, car bien que les compétitions d’entraînement fonctionnel soient individuelles, «tout le reste est en équipe, c’est une communauté».

Six épreuves
En compétition, les athlètes doivent compléter six épreuves surprises, classées selon six thèmes: poids du corps, endurance, force, modalité mixte, puissance et habiletés (les juniors sont exempts des deux derniers).
Des mouvements d’haltérophilie, de gymnastique, de course et même de natation sont nécessaires, ainsi que des flexions, le développé couché ou le soulevé de terre.

Bye, la planche à neige
Alexis Gamache et Ludovic Sirois, deux Montréalais qui pratiquaient la planche à neige dans un programme sport-études, ont aussi été attirés par ce nouveau sport. L’entraînement fonctionnel au Club athlétique Rosemont faisait partie de leur préparation physique au quotidien.
«Finalement, je faisais du snow pour faire plus de CrossFit», a constaté Sirois, cinquième des 15-16 ans à ses troisièmes Mondiaux.

Quant à Joannie Gagnon, de Brossard, et Émilie Champagne, de Longueuil, elles ont découvert cette discipline lors d’une activité parascolaire au secondaire.
«Je faisais du soccer et on avait des entraînements de renforcement. Je trouvais ça quand même le fun, contrairement aux autres filles de mon équipe», a relaté Gagnon, cinquième à ses troisièmes Mondiaux chez les 17-18 ans.

Elle a même pavé la voie à Champagne, 10e parmi les 13-14 ans en Lituanie, en s’entendant avec son directeur afin de pouvoir aller au Vestiaire 132 l’après-midi. Gagnon a obtenu une moyenne générale de 90%, pour ensuite s’inscrire en sciences de la santé au Cégep Édouard-Montpetit, ainsi que dans un sport-études en haltérophilie.

Zones d’inconfort
«C’est un sport qui demande beaucoup de concentration et d’aller dans des zones d’inconfort vraiment intenses», a mentionné l’entraîneuse Joanie Lebel.
«Ça les amène à avoir confiance en eux et être plus forts pour affronter des tâches de la vie qui rendent les jeunes normalement plus frileux. Je vois leur évolution. Non seulement ils sont plus en santé, mais émotionnellement, ils sont capables de gérer du stress à leur âge, c’est assez impressionnant», a ajouté l’administratrice à la Fédération québécoise d’entraînement fonctionnel sportif, fondée en 2020, et qui est passée de 250 athlètes en 2023 à 400 l’année suivante.
