Ces six nouveaux élus ont des squelettes dans le placard et font réagir

Pas besoin d’avoir une feuille de route impeccable pour être victorieux, comme le prouve le cas de plusieurs députés élus lundi soir malgré leurs propos ou leur passé controversés. Voici quelques cas de figure qui font sourciller des électeurs de divers coins du pays.

1) Des centaines d’abonnements à teneur érotique

Natilien Joseph, Longueuil–Saint-Hubert

Malgré un scandale sur ses abonnements à des centaines de comptes Instagram à teneur érotique, le candidat libéral Natilien Joseph a pris de court le vétéran bloquiste et comédien Denis Trudel en l’emportant dans Longueuil–Saint-Hubert.

«Je vais pas dire que j’ai causé la surprise, parce que je me suis présenté pour gagner», a affirmé le nouvel élu, joint au téléphone en fin d’après-midi. 

Pratiquement inconnu chez les libéraux et dans sa circonscription, M. Joseph a été le seul à manifester son intérêt pour représenter le parti en janvier dernier, au moment où les sondages étaient désastreux.

L’Haïtien arrivé au Canada comme travailleur étranger il y a près de huit ans a été courtier immobilier pour Proprio Direct, moniteur de conduite chez Tecnic et chauffeur en transport adapté à son compte.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

L’homme de 44 ans représentera désormais les Longueuillois à la Chambre des communes, un scénario qui semblait improbable il y a quelques semaines seulement.

Avec environ 700 voix d’avance, ce dernier déloge ainsi Denis Trudel, du Bloc Québécois, élu depuis 2019.

2) Un libéral associé au fiasco Phénix

Claude Guay, Lasalle–Émard–Verdun

La candidature du libéral Claude Guay, nouvellement élu dans Lasalle–Émard–Verdun, a fait sourciller plusieurs personnes du monde syndical en raison de son implication dans IBM Canada, la compagnie derrière le fiasco Phénix.

En mars dernier, le National Post publiait un article citant diverses sources qui voyaient d’un mauvais œil cette candidature en raison du message envoyé aux fonctionnaires.

À partir de 2016, le système de paie Phénix a causé des maux de tête à des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux qui étaient incapables d’être payés correctement.

Claude Guay a été président et directeur général d’IBM Canada, l’entreprise qui avait obtenu le juteux contrat.

En 2017, l’ingénieur de profession admettait en entrevue avec Le Journal que Phénix aurait pu être mieux conçu et mieux géré, ajoutant toutefois qu’il «y a eu des succès à l’intérieur du programme».

Certains problèmes de Phénix ne sont toujours pas réglés après près d’une décennie.

3) Le «meilleur ami» de J.D. Vance

Jamil Jivani, Bowmanville–Oshawa-Nord

Malgré la guerre commerciale et les menaces d’annexion, le conservateur Jamil Jivani est resté bien silencieux dans les derniers mois au sujet de sa grande amitié avec le vice-président américain, J.D. Vance.

«En vérité, le meilleur ami de J.D. Vance ne veut vraiment pas que quiconque sache qu’il est le meilleur ami de J.D. Vance», écrivait le magazine Rolling Stone il y a deux jours.

Le conservateur Jamil Jivani a été réélu lundi dans Bowmanville–Oshawa-Nord, une circonscription de l’Ontario potentiellement touchée par les tarifs imposés à l’industrie automobile canadienne.

Jivani n’a fait aucun commentaire à ce sujet depuis le début de la campagne, selon plusieurs médias.

Or, son amitié avec J.D. Vance est bien documentée. Les deux hommes se sont rencontrés pendant leurs études à la Yale Law School. Jivani aurait même fait un discours au mariage de Vance.

En décembre dernier, Jivani posait fièrement en compagnie de Vance sur une photo publiée sur X.

Le même mois, Vance appuyait publiquement les efforts de Jivani lorsqu’il a lancé une pétition pour «protéger les chrétiens du Canada».

– Avec CBC et The Local

4) Un ex-journaliste congédié par CBC

Evan Solomon, Toronto-Centre

L’ancien journaliste vedette de CBC Evan Solomon, qui avait été congédié en 2015, a été élu comme député libéral à Toronto.

Il y a 10 ans, une enquête du journal Toronto Star avait révélé que M. Solomon agissait comme intermédiaire lors de ventes d’œuvres d’art et qu’il s’était attribué des commissions secrètes. Il avait notamment fait des transactions pour Mark Carney, le nouveau premier ministre du Canada, de qui il est proche.

Dans une autre transaction d’œuvre, M. Solomon, 57 ans, s’était octroyé une cote de plus de 300 000$ sans le divulguer à l’acheteur, avait révélé le Toronto Star.

Après la diffusion, CBC avait congédié le journaliste. Il avait été la tête d’affiche de plusieurs émissions (Power & Politics, Question Period).

5) Un conservateur qui s’opposait aux mesures sanitaires

Roman Baber, York-Centre

Le candidat conservateur Roman Baber a été élu facilement dans York-Centre, à Toronto.

Ancien député provincial conservateur en Ontario, M. Baber s’était fait montrer la porte par le chef Doug Ford en 2021 parce qu’il s’était opposé aux mesures sanitaires et au confinement lors de la pandémie.

Dans une lettre ouverte, l’avocat de 44 ans écrivait que la peur de la COVID-19 était exagérée. Il avait siégé comme indépendant jusqu’en 2022.

Fait à noter, il s’était présenté à la chefferie du Parti conservateur du Canada. Né en Union soviétique, il a immigré au Canada à l’âge de 15 ans.

6) Un conservateur qui a nié un génocide

Aaron Gunn, North Island–Powell River

La candidature du conservateur Aaron Gunn, élu en Colombie-Britannique, avait soulevé la colère des Premières Nations, qui demandaient son retrait de la course.

Entre 2019 et 2021, il avait nié le génocide des Premières Nations au Canada sur la plateforme X, a rapporté CBC durant la campagne électorale.

«Il n’y a pas eu de génocide. Arrêtez de mentir aux gens et lisez un livre», avait-il écrit, ajoutant que les pensionnats autochtones avaient été demandés par ces communautés.

Rappelons que plus de 150 000 enfants ont été forcés d’aller étudier dans des pensionnats entre la fin du 19^e siècle et l’année 1996. En 2015, la Commission de vérité et réconciliation a qualifié cela de «génocide culturel».