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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Meng Wanzhou, les deux Michael, les Ouïghours: ces dossiers à l’origine des tensions Canada-Chine

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Agence France Presse

2023-05-09T12:07:36Z
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Le Canada a annoncé l’expulsion d’un diplomate chinois accusé d’avoir cherché à intimider un député canadien hostile à Pékin, qui en représailles va expulser la consule canadienne à Shanghai. 

Ces annonces croisées constituent le dernier épisode de relations fortement dégradées depuis cinq ans entre les deux pays.

Arrestation de Meng Wanzhou 

Photo AFP
Photo AFP

Les relations entre Pékin et Ottawa ont commencé à se détériorer avec l’arrestation en 2018 par le Canada, sur demande des États-Unis, de Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei, géant chinois des télécoms.

Après trois ans d’assignation à résidence à Vancouver, Meng Wanzhou, qui est également la fille du fondateur de Huawei, avait recouvré la liberté, échappant à une extradition vers les États-Unis, qui voulaient la juger pour fraude bancaire, en application des sanctions imposées à l’Iran.

Elle a depuis pris la présidence tournante du groupe.

  • Écoutez l’ancien ambassadeur en Chine Guy St-Jacques discuter des questions d’ingérence avec Philippe-Vincent Foisy via QUB radio:

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Les deux Michael 

Michael Kovrig et Michael Spavor
Michael Kovrig et Michael Spavor Photo d'archives

Quelques jours après l’arrestation de Meng Wanzhou, deux Canadiens, Michael Spavor, un homme d’affaires, et l’ex-diplomate Michael Kovrig, étaient arrêtés en Chine, une mesure alors largement perçue comme des représailles.

Mme Meng et les deux Canadiens n’ont regagné leurs pays respectifs qu’après la conclusion d’un accord entre la justice américaine et la responsable de Huawei, dans lequel elle a reconnu avoir fait de «fausses déclarations». Les deux Canadiens auront passé plus de 1000 jours en détention.

La justice américaine a définitivement refermé les poursuites contre Mme Meng en décembre 2022.

«Génocide» des Ouïghours 

AFP
AFP

Les critiques de plus en plus affirmées d’Ottawa contre les violations présumées des droits de la personne par la Chine ont contribué à dégrader un peu plus les relations entre les deux pays.

En 2021, les députés canadiens ont adopté une motion non contraignante assimilant le traitement réservé par la Chine à sa minorité ouïghoure à «un génocide», provoquant la colère de Pékin, qui l’a qualifiée de «provocation malveillante».

En février, le Parlement canadien a par ailleurs voté en faveur d’une motion visant à accueillir 10 000 réfugiés ouïghours qui ont fui la Chine et continuent d’être «intimidés» par Pékin.

Batailles de la tech 

AFP
AFP

En mai 2022, le gouvernement canadien a annoncé qu’il allait bannir les géants chinois des télécommunications Huawei et ZTE du déploiement de son réseau 5G.

Huawei avait déploré une «décision politique regrettable» qui ne pouvait pas être justifiée par des «raisons de cybersécurité».

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En février, le Canada a rejoint les États-Unis et la Commission européenne en interdisant l’application TikTok des appareils mobiles qu’il fournit à son personnel.

Brouille Xi-Trudeau 

AFP
AFP

Le climat de défiance entre les deux pays a éclaté au grand jour en novembre lors d’une brouille entre le premier ministre canadien, Justin Trudeau, et le président chinois, Xi Jinping, lors d’un sommet du G20 en Indonésie.

Des images prises par des reporters montraient M. Xi réprimander M. Trudeau, de façon cordiale mais ferme, après la fuite supposée dans la presse de détails d’un entretien la veille entre les deux hommes.

Le premier ministre canadien disait avoir évoqué lors de cette rencontre «la question de l’ingérence» présumée de la Chine dans ses systèmes démocratique et judiciaire.

Diplomates expulsés 

Michael Chong
Michael Chong Dominic Chan / Agence QMI

Les relations n’ont cessé de s’envenimer depuis.

M. Trudeau a nommé en mars un ancien gouverneur général pour enquêter sur les allégations d’ingérence chinoise dans les deux dernières élections fédérales.

Le Globe and Mail a récemment publié un rapport accablant estimant que le gouvernement avait fermé les yeux sur l’ingérence de Pékin dans les affaires canadiennes.

Le député canadien conservateur Michael Chong et sa famille auraient ainsi subi des pressions chinoises en raison des critiques du parlementaire envers Pékin – notamment sur la question des Ouïghours.

Il s’agissait «très certainement de faire de ce député un exemple et de dissuader d’autres députés d’adopter des positions hostiles» à la Chine, selon un document du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) rendu public par le quotidien.

Lundi, Ottawa a annoncé sa décision d’expulser le diplomate chinois Zhao Wei, soupçonné d’être au cœur des tentatives d’intimidations sur M. Chong. «À titre de contre-mesure réciproque», la Chine a décidé d’expulser la consule du Canada à Shanghai Jennifer Lynn.

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