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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Ces codes de vie qui tuent nos enfants à petit feu

En prétendant favoriser la sécurité des enfants, on les fragilise

Photo d’archives
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Photo portrait de Emmanuelle Latraverse

Emmanuelle Latraverse

2024-10-01T04:00:00Z
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Voilà où on en est rendu. L’idée de jouer au roi de la montagne dans la cour d’école fait débat!

L’école est si sclérosée par ses règles, ses codes, ses normes, ses articles de convention collective, qu’elle ne laisse plus de place au gros bon sens.

Le dossier publié par La Presse sur la peur du jeu dans nos écoles a de quoi affoler.

En prétendant favoriser la sécurité des enfants, on tue leur imagination. Pire, on les fragilise pour le reste de leur vie.

Ridicule

Il faut croire que, dorénavant au Québec, un ballon poire est un obus et son poteau, une potence. Une aiguille de pin ou un gland sont des missiles potentiels. Une balançoire est aussi dangereuse qu’un étalon sauvage.

On comprend les pédiatres d’avoir lancé un appel au jeu risqué en janvier dernier.

Notre monde carbure à la paranoïa.

Et on la connaît, cette paranoïa. C’est celle de la crainte d’une poursuite d’un parent zélé pour un bras cassé accidentellement. La panique de voir un genou écorché faire la une du journal.

Cette paranoïa, les adultes l’adorent. Ils l’appellent la prudence. Ils ont oublié une chose: elle nuit aux enfants.

Néfaste

La récréation ne doit pas devenir aussi normée que la salle de classe.

En jouant avec des aiguilles de pin, en transformant l’usage du ballon poire ou de la luge, les enfants développent leur imagination, essentielle pour apprendre à résoudre des problèmes.

En jouant à la guerre, en se courant après, en poussant les limites, les enfants apprennent à résoudre des conflits et à gérer la prise de risque.

Dans son livre The Anxious Generation, le psychologue américain Jonathan Haidt a démontré à quel point cette surprotection des enfants est dévastatrice.

On les a empêchés d’apprendre à vivre et oser.

Ils sont plus fragiles que jamais. Et pourtant, on ose se demander pourquoi ils ont des problèmes de santé mentale!

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