Scandales sexuels dans les centres jeunesse du Québec: arrêtons de parler d'inconduites!


Maria Mourani
Depuis plusieurs jours, on parle de scandales ou d’inconduites sexuelles impliquant des éducatrices de centres jeunesse.
Au centre de réadaptation Cité-des-Prairies de Montréal, elles sont au moins neuf à avoir fait des galipettes avec des mineurs au cours des deux dernières années avec la complicité du système. L’une d’elles serait même enceinte et une autre aurait accouché .
On apprend également qu’une stagiaire en éducation spécialisée qui n’aurait pas été engagée au centre jeunesse Cartier de Laval, parce qu’elle «entretenait des relations de séduction avec certains adolescents», n’a eu aucun problème à se faire embaucher au centre de Cité-des-Prairies.
D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que ce centre est sur la sellette.
Soit dit en passant, Benoit Cardinal, un éducateur qui a assassiné sa conjointe en 2020, faisait l'objet d'une enquête policière pour des agressions sexuelles sur des adolescentes de 13 à 17 ans du centre jeunesse Cartier de Laval.
Au Centre jeunesse de la Montérégie à Salaberry-de-Valleyfield, ce fut une psychoéducatrice qui se serait «amourachée» d’un jeune de 15 ans. Elle travaillerait toujours auprès des jeunes au Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries.
Une impunité totale!
La pointe d’un iceberg?
Très certainement! Le problème est systémique! Il ne se résume pas à un centre ou un autre.
Deux poids, deux mesures!
Maintenant, pensez-y bien... Si on change le scénario.
Ce ne sont plus des intervenantes, mais des intervenants.
Parlerons-nous d’inconduites sexuelles, de scandales, de galipettes, d'amoureuses, de «comportements déplacés ou inadéquats»?
Si elle avait été un homme, aurait-on considéré la stagiaire de Laval comme une prédatrice?
Pour des délinquants juvéniles, accepter les abus sexuels d’une éducatrice, cela revient à avoir accès à de la drogue ou à des privilèges. Résister signifie prendre le risque de «faire du temps dur».
Après tout, ces personnes ont le pouvoir de leur pourrir la vie entre les murs.
Et, quel gars dirait qu’une fille a abusé de lui, surtout dans le milieu criminel!
Pour des jeunes en protection, le système devient le prolongement des violences et des agressions, dont il est censé les protéger.
À entendre certaines sexologues, ces intervenantes seraient de pauvres femmes vulnérables carencées affectivement en quête de support affectif et rongées par la solitude.
Il faut vraiment arrêter de dire n’importe quoi!
Une culture de l’impunité!
Des directions qui ferment les yeux ou décident de régler en interne par la voie administrative.
Des collègues qui jouent aux autruches.
Une directrice générale, enfin ex-directrice, qui résume ce problème systémique par «Des échappées» et ne peut garantir que cela ne se reproduira plus.
Une vraie farce!
Le ministre Carmant a raison d’être dégoûté et d’avoir demandé une enquête criminelle. Il y a bien des actes criminels, même si les autrices sont des femmes.
Malheureusement, femme ou homme, des agressions sexuelles sont perpétrées par des employés de la DPJ depuis de nombreuses années et trop souvent, elles sont gérées par des mesures administratives ou tout simplement camouflées.