Centre jeunesse Val-du-Lac: violence alléguée contre un jeune autiste
Jasmin Dumas
Une enquête a été ouverte au Centre jeunesse Val-du-Lac, en Estrie, pour faire la lumière sur une intervention physique abusive alléguée sur un jeune autiste de 13 ans. Une plainte a été déposée après que l’adolescent eut raconté avoir été violenté par trois agents de sécurité.
Les événements seraient survenus la semaine dernière. «Mon garçon était dans sa chambre, il lisait et chantait à voix haute et ça dérangeait les autres», a raconté le père du jeune en entrevue à TVA Nouvelles.
Selon sa version, son enfant aurait levé le ton, mécontent de se faire dire de cesser de faire du bruit: «Les agents lui ont dit qu’ils allaient le maîtriser s’il ne se calmait pas. Puis un agent l’a pris à la gorge et fait une jambette pour le mettre à terre. Le deuxième lui a pris la tête pour l’écraser par terre et il s’est mis à saigner. L’autre lui a pris la jambe, ils se sont mis trois dessus.»
Le père est convaincu que cette intervention était abusive: «C’est un enfant et il n’a pas à être maltraité de cette façon-là. Il y a d’autres façons de faire comme prendre le temps de parler avec lui, même si ça prend une, deux ou trois heures. Vous êtes formés et payés, c’est votre travail. Vous êtes supposés être là pour l’aider et non pour taper dessus. Mon fils ne représentait pas une menace, c’est juste qu’il criait fort.»
Par courriel, la direction du CIUSSS de l’Estrie – CHUS dit prendre «très au sérieux ce type de situation. Dès qu’une situation est portée à notre attention, un processus rigoureux est enclenché pouvant mener à différents types d’enquêtes policières, administratives ou en protection de la jeunesse. Dans ce cas précis, dans un souci d’objectivité et comme pour toute situation en lien avec un membre du personnel, une enquête menée par une autre région est en cours afin de faire la lumière sur les événements».
«Pas la place pour eux»
Quelques dizaines de jeunes vivant avec une déficience intellectuelle (DI) ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA) vivent au Centre jeunesse de l’Estrie, faute d’un meilleur endroit pour les héberger.
Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, avait admis lors de sa visite du centre le printemps dernier que ce n’était pas l’endroit idéal pour eux.
Le père de l’adolescent qui aurait été victime de cette intervention abusive ajoute sa voix à celles qui réclament un endroit mieux adapté aux besoins des jeunes DI et TSA.
«Ça prendrait une place juste pour ces enfants-là. Parce que souvent ils vivent de la discrimination et de l’intimidation de la part des autres enfants et même de membres du personnel. Certains agents ont peut-être les compétences pour intervenir auprès de jeunes délinquants, mais ils n’ont clairement pas les compétences pour le faire avec les enfants qui ont des enjeux mentaux ou physiques.»