Centre de données de Google à Beauharnois: des millions de dollars drainés dans une conduite d’eau?

Gabriel Côté
La Ville de Beauharnois a dépensé environ deux millions de dollars afin de refaire un aqueduc pour les besoins du futur centre de données de Google, sur la promesse que le géant américain allait la rembourser, mais l’incertitude autour du projet fait craindre que l’argent ne soit finalement passé dans le drain.
«S’ils décident de s’en aller, il n’y a personne qui va payer pour ça. Est-ce que l’argent devra sortir des poches des contribuables?» s’inquiète le conseiller municipal Alain Savard en entrevue avec Le Journal.
L’an dernier, la Municipalité a refait une conduite d’eau afin d’être prête à accueillir le centre de données de 735M$ que Google prévoit construire sur d’anciens terrains d’Hydro-Québec dont il a fait l’acquisition en 2021.

La facture pour ces travaux s’est élevée à 1,95M$, et la multinationale américaine s’est engagée à payer la note à même une taxe spéciale sur «les immeubles imposables».
L’incertitude plane
Or, les années passent et le centre de données se fait toujours attendre. «Google, on n’a pas de nouvelles d’eux autres. Puis tant que rien n’est bâti, ils ne sont pas raccordés au système d’aqueduc, alors ils ne paient pas», s’indigne le conseiller Savard.

Sur le terrain, le projet semble au point mort, mais l'entreprise, qui attend toujours son bloc d'électricité, assure qu’elle a toujours l’intention de construire un centre de données à Beauharnois. «Nous travaillons activement avec les gouvernements municipal et provincial pour obtenir les approbations nécessaires à la réalisation du projet», a fait savoir une porte-parole dans une déclaration écrite au Journal.
De son côté, la Ville n’a pas été en mesure de répondre à nos questions, et le maire Alain Dubuc a refusé notre demande d’entrevue.
Une conduite controversée
Ce n’est pas la seule conduite d’eau qui échauffe les esprits à Beauharnois depuis quelques mois.
La Municipalité a également refait son «émissaire» – qui envoie les eaux traitées par sa station d’épuration vers le fleuve – au coût de 4,28M$, en prévision de la construction de nouveaux logements.
Or, un ingénieur spécialisé en traitement des eaux, Christian Chevalier, estime qu’il aurait été possible d’utiliser un autre émissaire qui se trouvait déjà sur son territoire et qui n’est plus utilisé depuis qu’une entreprise de pâtes et papiers a quitté Beauharnois il y a plusieurs années.

«Cette option n’a pas été considérée, et c’est malheureux, car nous aurions pu sauver beaucoup d’argent», déplore le résident de Beauharnois, qui a même produit volontairement et bénévolement un rapport pour présenter diverses solutions de remplacement à la Ville.
Le conseiller Alain Savard vient d’ailleurs de déposer une plainte à propos du comportement de la Ville dans ce dossier à la Commission municipale du Québec (CMQ).
Rappelons que Beauharnois s’est fait taper sur les doigts par la Commission, plus tôt cette année, en raison de dépenses pour alimenter la vie sociale des employés, notamment en matière de partys et d’alcools.
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