Voici quelques scandales (notamment sexuels) que Disney souhaiterait oublier pour le centième anniversaire de ses studios

Isabelle Hontebeyrie
Orgie pour Blanche-Neige et les sept nains ou alcool et nudité pour Pinocchio ne sont que quelques-uns des épisodes peu glorieux de l’histoire des studios Disney, qui fêtent cette année leur centenaire.
Walt Disney et les studios à son nom sont indissociables de la culture populaire mondiale. Les productions qui sortent des officines de la souris sont désormais garantes d’une certaine «moralité» familiale. Sauf que... cette image parfaite se lézarde parfois et, la toute première fois, c’était en 1937, après la première de Blanche-Neige et les sept nains.
Une orgie Blanche-Neige...
Walt Disney avait parié gros et hypothéqué sa maison, tellement il était certain du succès qu’aurait le tout premier long métrage d’animation et le tout premier long métrage en couleur. Et comme l’homme comprenait le pouvoir de la publicité et du rêve, la première du film était à l’image de ce Hollywood de l’époque: surréaliste avec son Dwarfland – littéralement, «le pays des nains» –, sorte de forêt habitée que traversaient les prestigieux invités pour se rendre sur le tapis rouge. Fort du succès de la première et des résultats au box-office – Blanche-Neige et les sept nains ne sera détrôné que par Autant en emporte le vent, un an plus tard –, Walt Disney a voulu remercier ses équipes qui avaient travaillé sous une pression constante pendant deux ans. Et quoi de mieux que de leur payer un séjour à Palm Springs, à l’hôtel Norconian, avec toute leur famille?

«Pendant deux ans, nous avions travaillé de longues heures, des jours et des nuits durant, pour finir Blanche-Neige, et je ressentais encore ce stress, a confié l’un des animateurs des studios, Bill Justice, dans sa biographie. Lorsque nous sommes arrivés au Norconian, il y avait des piscines, des courts de tennis, un parcours de golf, de la musique et, bien sûr, une quantité impressionnante de nourriture et d’alcool.»
«Quelque chose s’est rompu. Un animateur a jeté une coloriste tout habillée dans la piscine. Des employés ont sauté dans l’eau et tout le monde s’est déchaîné très rapidement. Les maillots de bain étaient jetés par les fenêtres, tous étaient nus dans les piscines. Tout le monde était saoul et parfois très surpris des personnes à côté desquelles ils se réveillaient le lendemain.»
Freddie Moore, l’un des artistes et animateurs vedettes chez Disney, a même fini dans un arbre, croyant à tort se trouver au rez-de-chaussée de l’hôtel, alors qu’il était à l’étage! Un employé a même fait une entrée remarquée dans le lobby de l’hôtel... à cheval!
«Walt a été horrifié. Sa femme et lui sont rentrés chez eux dès le lendemain matin. Il n’a plus jamais reparlé de ce “party”, et si vous vouliez garder votre emploi chez Disney, il ne fallait pas en parler. Nous n’avons plus jamais eu une fête comme celle-là», a conclu Bill Justice.
La police pour Pinocchio
On pourrait croire que la leçon de Blanche-Neige a servi à Walt Disney, mais non. Des années après, l’acteur britannique David Niven a levé le voile sur les festivités entourant la sortie de Pinocchio en février 1940, à New York.

Toujours désireux de s’attirer de la publicité, Walt Disney avait embauché 11 personnes de petite taille, les avait grimées en Pinocchio et les avait placées au-dessus de la devanture du cinéma afin qu’elles accueillent joyeusement les cinéphiles new-yorkais lors de la première journée de diffusion du long métrage. Ce n’est malheureusement pas ce qui s’est produit.
Car, à l’heure du lunch, les 11 «animateurs de foule» reçurent de la nourriture... et des boissons alcoolisées. Résultat, trois heures plus tard, ils étaient nus, en train de jouer aux dés en criant des obscénités. Appelés en renfort, les policiers rhabillèrent tout ce beau monde en utilisant des taies d’oreiller et les descendirent le plus discrètement possible en utilisant des échelles!
Parce qu’il n’y a pas que le sexe dans la vie...
Les studios Disney ont également connu leur part d’ennuis avec leurs parcs d’attractions. Ainsi, en 1989, les studios payèrent 10 000$ d’amendes et firent un don de 75 000$ à l’État pour la création d’un programme sur la protection des animaux sauvages, après que le responsable du parc zoologique Discovery Island a été accusé d’encourager les employés à tuer des vautours et des ibis.
De surcroît, en 1993, Michael Eisner, lequel était alors le grand patron des studios, annonça l’intention de Disney d’ouvrir un parc d’attractions thématique en Virginie – parcours de golf et boutiques incluses – relatant l’histoire du Sud des États-Unis, de la période coloniale à 1945... esclavage inclus. Il a fallu que des historiens s’insurgent contre l’idée de reconstituer la période de l’esclavage dans un contexte de divertissement pour qu’Eisner abandonne l’idée.