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L'article provient de Le Journal de Montréal
Éducation

Cellulaires interdits et vouvoiement: Québec précise les nouvelles «règles de conduite» à l’école

Il sera toutefois difficile de renforcer le civisme dans un contexte de compressions, préviennent des acteurs du réseau scolaire

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Photo portrait de Daphnée  Dion-Viens

Daphnée Dion-Viens

2025-07-02T16:55:29Z
2025-07-02T21:33:12Z
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Deux mois après en avoir fait l’annonce, le gouvernement Legault a rendu public mercredi un projet de règlement qui confirme l’interdiction complète du cellulaire dans toutes les écoles à la rentrée et le vouvoiement obligatoire afin de renforcer le civisme. 

Des acteurs du réseau scolaire préviennent toutefois qu’il sera difficile d’y arriver dans un contexte de compressions.

L’utilisation d’un cellulaire, d’écouteurs et tout autre appareil mobile personnel sera interdite «sur les terrains et dans les bâtiments de l’école», sauf lorsqu’un enseignant le permet pour des raisons pédagogiques, pour des raisons de santé ou encore pour des besoins particuliers d’un élève en difficulté, peut-on lire dans le projet de règlement.

Au cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, on précise toutefois que l’interdiction sera en vigueur du début jusqu’à la fin des cours. Cette précision sera communiquée sous peu au réseau scolaire et n’apparaît pas dans le projet de règlement «pour des raisons juridiques», indique-t-on.

Or il s’agit d’un enjeu important pour des parents qui pourraient devoir communiquer avec leur enfant en fin de journée, souligne-t-on à la Fédération des comités de parents du Québec. «C’est une précision qui serait souhaitable», affirme sa présidente, Mélanie Laviolette.

Renforcer le civisme dans un contexte de compressions
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À partir du 1er janvier 2026, les écoles devront par ailleurs s’assurer que leur code de vie renferme certaines dispositions visant à renforcer le civisme, dont l’obligation de vouvoyer les membres du personnel et d’utiliser le titre de «madame» ou «monsieur» pour s’adresser à eux.

Or des directions d’école déplorent que ces nouvelles règles surviennent dans un contexte de compressions.

Des écoles devront réduire l’an prochain le nombre de surveillants d’élèves et d’éducateurs spécialisés qui auraient pu contribuer à enseigner ce savoir-vivre, souligne Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire.

«On nous demande de faire ce qu’on faisait déjà et on nous enlève les moyens pour réussir», déplore-t-elle.

Le vouvoiement est par ailleurs loin de faire l’unanimité. Des acteurs du réseau scolaire auraient préféré qu’une plus grande autonomie soit accordée aux membres du personnel à ce sujet, alors que d’autres se questionnent sur la pertinence d’imposer le vouvoiement dès la maternelle, à des petits de 4 et 5 ans.

Sanctions et «gestes réparateurs»

Comme annoncé en mai, les règles de conduite doivent aussi prévoir des sanctions, dont «notamment l’avertissement, la réflexion écrite, la retenue, la suspension et l’expulsion», ainsi que la possibilité d’imposer des «gestes réparateurs», «notamment la formulation d’excuses verbales ou écrites, la réparation ou le remplacement d’un bien endommagé [...] et l’exécution de travaux communautaires».

Certains s’étonnent toutefois que cette approche «punitive» ne soit pas accompagnée d’une «intention pédagogique».

«Il n’y a rien qui dit qu’il faut apprendre aux élèves un savoir-vivre» qui leur fait parfois défaut, souligne Sylvain Martel, porte-parole du Regroupement des comités de parents autonomes du Québec.

Ce projet de règlement, qui pourrait être modifié, entrera en vigueur à la mi-août, ce qui laisse très peu de temps pour bien s’y préparer, déplore-t-on dans le réseau scolaire.

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