Cellulaire en classe: à chaque école d’agir, selon des parents
La Fédération des comités de parents préfère que chaque école décide plutôt qu'une loi provinciale l'interdise

Daphnée Dion-Viens
Chaque école, au moyen de son conseil d’établissement, a déjà le pouvoir d’interdire le cellulaire en classe, rappelle la Fédération des comités de parents, qui préfère les décisions locales à une loi mur à mur.
Le Journal rapportait vendredi qu’un enseignant avait lancé une pétition pour bannir complètement les cellulaires des écoles québécoises, alors que l’Ontario a plutôt opté pour une loi provinciale interdisant le téléphone mobile en classe, qui donne un bon coup de pouce eux enseignants.
La présidente de la Fédération des comités de parents du Québec, Mélanie Laviolette, estime toutefois que les décisions doivent se prendre «le plus près possible de l’élève».
«Les leviers sont déjà là, dans les milieux scolaires. On pourrait commencer par ça, plutôt que de mettre une loi qui serait la même à la grandeur de la province, affirme-t-elle.
Les conseils d’établissement, où siègent des parents, peuvent déjà faire des sondages auprès des familles et modifier le code de vie de l’école en conséquence, rappelle Mme Laviolette.

Profs favorables
Selon un sondage réalisé ce printemps, une vaste majorité des profs affiliés à la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) réclame toutefois l’interdiction du cellulaire en classe, par une loi provinciale.
Les directions d’école seraient aussi favorables à une telle décision, a indiqué récemment au Journal Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE).
De son côté, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a refusé notre demande d’entrevue à ce sujet lundi.
À son cabinet, on dit souhaiter «que les élèves soient concentrés sur la matière et leur enseignant, pas sur leur cellulaire».
«On va évaluer les options qui s’offrent à nous pour leur offrir le meilleur environnement possible pour apprendre», affirme son attachée de presse, Florence Plourde, qui rappelle elle aussi que les conseils d’établissement ont tous les pouvoirs pour interdire le cellulaire en classe.
De son côté, le Parti Québécois, qui réclame une interdiction au moyen d'une loi provinciale depuis le printemps, se demande ce qu’attend le ministre pour agir.
«Si le ministre Drainville est capable d’envoyer une règle à l’ensemble des écoles québécoises concernant la prière, il est capable d’en faire autant pour le téléphone cellulaire», lance le député péquiste Pascal Bérubé, qui déplore le silence du ministre sur ce sujet comme sur plusieurs autres en éducation.
«Je trouve déplorable que presque systématiquement, le ministre ne répond pas et délègue les réponses à son cabinet, alors qu’il était très volontaire pour commenter ses vacances en Italie cet été. En tout respect, on s’attend à ce que le ministre de l’Éducation se montre volontaire pour commenter les enjeux importants, ça vient avec le travail de ministre», a-t-il affirmé.
Du côté de Québec solidaire, on est aussi d’accord pour que l’interdiction soit envisagée par Québec. «On trouve que le gouvernement devrait agir dans ce sens-là», affirme la députée solidaire Ruba Ghazal.
Le Parti libéral du Québec est quant à lui plus en faveur d’un «encadrement» que d’une interdiction pure et simple.
«Même si on l’interdisait, je pense que la vérité, c’est qu’aujourd’hui c’est un vrai fléau alors il faut vraiment savoir composer avec ça. Si c’est interdit, il faut que la consigne soit respectée, et pour ça, il faut éduquer», affirme la députée libérale Marwah Rizqy.