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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Cellulaire à l’école: un fléau dès le primaire

De plus en plus d'enseignants doivent gérer les contrecoups de son utilisation auprès de leurs jeunes élèves

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Photo portrait de Daphnée  Dion-Viens

Daphnée Dion-Viens

2023-08-19T04:00:00Z
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Le cellulaire se fraie tranquillement un chemin jusque dans les écoles primaires: de plus en plus d’enseignants doivent maintenant gérer les contrecoups de son utilisation auprès de leurs jeunes élèves. 

«Je dirais que 70% des chicanes et des conflits que l’on gère en classe, c’est à cause des réseaux sociaux. Ça crée tellement de problèmes, on passe notre temps à gérer ça. On n’a pas le choix, parce que ça met les élèves tout à l’envers et ils ne sont plus disposés à apprendre», affirme une enseignante de sixième année qui a requis l’anonymat parce qu’elle n’était pas autorisée à nous parler.

Cette enseignante, qui compte près d’une trentaine d’années d’expérience, enseigne dans une école défavorisée de Montréal. Elle estime que, cette année, environ les trois quarts de ses élèves ont un cellulaire.

«Ils l’apportent avec eux à l’école même si c’est interdit. Plusieurs se cachent pendant les pauses, au vestiaire et dans la cour de récréation pour s’en servir. On leur demande de ne pas le sortir de leur sac, mais c’est difficile quand les parents permettent qu’ils l’apportent à l’école», raconte-t-elle.

  • Écoutez l'entrevue avec Cathy Tétreault, experte en saine utilisation des écrans et fondatrice du Centre Cyber-Aide au micro d’Alexandre Dubé via QUB radio :
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Résultat: l’enseignante passe beaucoup de temps à faire de l’éducation numérique en classe et n’en revient pas de ce que ses élèves lui racontent.

«Il y a des enfants qui peuvent passer des soirées là-dessus et les parents ne sont même pas au courant. J’ai des élèves qui l’utilisent après l’heure du coucher parce que l’appareil est dans leur chambre», dit-elle.

Le son de cloche est semblable ailleurs dans la province. À Québec, un enseignant de sixième année raconte que des élèves dorment sur leur pupitre en classe parce qu’elles se sont parlé sur TikTok jusqu’aux petites heures du matin.

«C’est moi qui apprends aux parents ce qui se passe dans leur maison. À cet âge-là pourtant, les jeunes ont vraiment besoin d’être encadrés. Ils ne sont pas capables de se mettre des limites», dit-il.

Dès la troisième année

De son côté, la directrice du Centre Cyber-aide, Cathy Tétreault, est déjà intervenue pour des enjeux entourant la gestion du cellulaire auprès de parents d’élèves... de troisième année.

Dans cette école montréalaise privée, presque tous les élèves de ce groupe avaient un cellulaire, raconte-t-elle.

« L’argument qui revenait tout le temps, de la part des parents, c’était la sécurité de leur enfant. Mais avec des enfants de cet âge-là, il y a beaucoup plus de dangers et de désavantages à les laisser utiliser leur téléphone cellulaire seuls »

Cathy Tétreault, directrice du Centre Cyber-aide

- Cathy Tétreault, directrice du Centre Cyber-aide

Photo extraite de LinkedIn

«L’argument qui revenait tout le temps, de la part des parents, c’était la sécurité de leur enfant. Mais avec des enfants de cet âge-là, il y a beaucoup plus de dangers et de désavantages à les laisser utiliser leur téléphone cellulaire seuls», dit-elle, faisant référence notamment au contenu auquel ils peuvent être exposés.

Des enseignants du primaire se sentent d’ailleurs souvent impuissants par rapport à l’utilisation du cellulaire par leurs jeunes élèves, sur lesquels ils n’ont pas beaucoup d’emprise, ajoute Mme Tétreault.

«Ils ne peuvent pas aller faire de l’ingérence dans ce qui se passe à la maison, mais ils en subissent les contrecoups à l’école», déplore l’intervenante.

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