Céline Dion est-elle encore Québécoise?

Sophie Durocher
J’ai adoré le «maxi-manteau en laine mérinos rose» de Céline Dion sur la couverture du Vogue France.
J’ai adoré ses longues jambes effilées sur les photos de mode.
J’ai adoré son audace vestimentaire, son courage devant le syndrome de la personne raide, son sens de l’humour en entrevue.
Mais ce que j’ai moins aimé, c’est quand Céline Dion s’est mélangée dans ses origines.
J’avoue que j’ai été plutôt déconcertée qu’elle minimise ses racines québécoises...
- Écoutez la rencontre Durocher-Dutrizac avec Sophie Durocher via QUB :
LE SANG DANS SES VEINES
Céline était aux Grammys! Céline est allée au hockey! Céline fera l’objet d’un documentaire. 2024 s’annonce comme l’année Céline.
Mais Céline à la une du magazine Vogue France, c’est comme l’apparition de la Sainte Vierge à Lourdes: un miracle qu’on n’espérait plus!
En lisant cette longue entrevue avec Céline dans le Vogue France, je me suis dit que les Français n’avaient vraiment pas la même inquiétude que nous face à l’omniprésence de l’anglais. Voici quelques extraits de l’entrevue.
«Céline Dion est la cover star de notre numéro de mai». «Lonely at the top, Céline Dion peut désormais jeter un coup d’œil dans le rétroviseur et regarder le chemin parcouru». «La chanson de Titanic, My Heart Will Go On, qui la propulse over the rainbow en diva planétaire». «La renaissance en icône fashion». «Grosses lunettes et no make-up, Céline Dion apparaît telle quelle sur l’écran de notre ordinateur».
Céline se dévoile, se dénude, et se délie. Mais j’ai éprouvé un léger malaise quand le magazine l’a questionnée sur son identité. J’étais suspendue à ses lèvres, puisque l’identité, en ce moment, ça fait jaser au Québec.
Le magazine Vogue France lui demande: «Vous vous sentez plus québécoise, américaine ou française?». Et la réponse de Céline m’a estomaquée.
«Je me sens femme. Je me sens mère de famille. Je suis une chanteuse, une rêveuse avant d’être québécoise, américaine ou française. Je parle à mes enfants en français et en anglais. Mes enfants pensent que je parle toutes les langues. Je suis née au Québec, mes enfants sont nés aux États-Unis. J’ai du sang français, j’ai du sang québécois, j’ai du sang américain. Et partout où je vais, je chante dans une autre langue, j’apprends quelque chose, je vole un peu de cette culture qui m’impressionne».
J’ose émettre le début du commencement de l’amorce d’une hypothèse. Du temps de monsieur Angelil, Céline n’aurait jamais minimisé ainsi ses racines québécoises. Comme si la France, le Québec et les États-Unis étaient trois parts égales de son identité.
Céline, c’est la diva de Charlemagne! C’est notre Céline nationale! Ce n’est pas parce qu’elle vit aux USA qu’elle perd le sirop d’érable qui coule dans ses veines! Ce n’est pas parce qu’elle vit aux USA qu’elle a du sang américain!

CÉLINE V. PAULINE
Que Céline parle autant en anglais qu’en français à ses enfants qui vivent aux États-Unis et qui sont déjà entourés d’anglais (alors que le français, ils ne l’entendent qu’à la maison), ça me fait également un petit pincement au cœur. Ce n’est pas un drame national, mais ça signifie que la Québécoise la plus connue sur la planète peine à transmettre son héritage linguistique à ses enfants... Va-t-elle reprendre la chanson de Pauline Julien: «Mommy mommy, I love you dearly Please tell me how in french My friends used to call me?»