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Culture

Célébrant 30 ans d’amour, Josélito Michaud et Véronique Béliveau retracent leur vie à deux

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Photo portrait de Louise Deschâtelets

Louise Deschâtelets

2024-08-19T10:00:00Z
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Tout le monde peut citer de mémoire la célèbre phrase: «Pour vivre heureux, vivons cachés.» Mais peu de gens savent qu’elle est tirée d’une fable du XVIIIe siècle dans laquelle un papillon meurt entre les mains d’enfants après avoir volé devant eux dans le but de les éblouir. C’est à cette histoire que je pensais en allant à la rencontre de Véronique et Josélito...

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Et j’y pensais encore plus après mon échange avec eux. Je suis sans mots devant la force de Josélito, qui a été éprouvé très jeune par la vie et frappé ensuite par de terribles ennuis de santé. Contrairement au papillon du conte, il a su faire face aux revers en déployant au maximum ses forces de réaction, tout en s’appuyant sur le roc que représente pour lui Véronique. Comme dans la célèbre citation, les amoureux semblent vivre cachés. Il faut être familier avec les environs pour accéder à leur demeure, nichée au coeur d’une banlieue de Montréal, où ils m’avaient donné rendez-vous. C’est au détour d’un court chemin ombragé qu’on découvre leur majestueuse maison patrimoniale en pierres, surmontée d’un toit de bardeaux bleus et noirs. Au centre de l’aire menant à l’aile principale trône une spectaculaire fontaine. On est transporté dans le sud de la France.

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Vous êtes ensemble depuis 30 ans. Vous souvenez-vous d’un élément particulier qui vous a fait comprendre que ça allait fonctionner entre vous deux?

Josélito: Un soir d’été 1994, j’étais avec elle, nous parlions tout bonnement et j’ai senti très fort en moi que nos destins pouvaient s’unir. Avec ma capacité à lire dans l’âme des gens, j’ai vite perçu qu’on pourrait devenir amoureux. Mais ça restait impossible dans ma tête, Véronique était une star que j’admirais depuis mon enfance et je n’étais pas connu à l’époque.

Véronique: Notre histoire, c’est un film de Lelouch. C’est dans un centre commercial de Matane où j’avais accepté de faire un spectacle que notre première rencontre a eu lieu. À mon grand étonnement, je me suis retrouvée au sein d’une organisation orchestrée de façon professionnelle et impeccable par nul autre que Josélito. Son nom m’était resté en tête. Deux ans plus tard, le hasard l’a remis sur ma route à Montréal. Mais comme il était déjà l’imprésario d’Isabelle Boulay, il a refusé ma proposition de travailler avec moi. Puis, tout bonnement, l’année suivante, il m’a invitée à luncher ensemble, en toute amitié. On s’est raconté nos vies sans que ça aille plus loin.

J.: Plus je lui parlais, plus je me voyais lui parler tous les jours du reste de ma vie. Mais le fait qu’elle avait 10 ans de plus que moi la retenait de passer à l’étape amoureuse. Moi, j’étais déjà prêt. J’étais intense.

V.: Effectivement, j’ai eu peur de ça au début. Mais j’avais détecté chez Josélito une dichotomie que je trouvais fascinante: d’une part, c’est un homme multitalentueux qui aime faire de grandes choses, qui est extraverti et brillant en société, d’autre part, c’est un homme sage, silencieux à ses heures et contemplatif. Tout pour me plaire! J’ai vite emménagé chez lui. Nous sommes allés vivre en France pendant quelques années, où j’ai chanté dans les comédies musicales Starmania et La vie en bleu.

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J.: J’étais très, très admiratif de son talent.

Diriez-vous que vous avez vécu 30 années de bonheur?

J.: Certainement pas! Ce serait de la foutaise de dire ça! Ç’a plutôt été 30 années traversées ensemble grâce à notre volonté commune de se réparer en cours de route, parce qu’on continue de s’aimer encore.

V.: Ç’a été 30 années à vouloir que ça fonctionne et à faire en sorte que ce soit le cas.

Comment qualifieriez-vous vos 30 ans de vie commune?

J.: Une complicité à toute épreuve, un respect l’un pour l’autre et une admiration mutuelle.

V.: Une volonté d’évoluer ensemble.

De quoi êtes-vous le plus fiers en regardant le film de votre vie à deux?

J.: Le poète Paul Éluard disait: «Le dur désir de durer.» Je suis fier que nous ayons tout fait pour donner de la stabilité à nos enfants, qui ont été abandonnés au commencement de leur vie. Malgré des épreuves, des secousses dans nos vies et des décès, nous avons tout fait pour rester ensemble. L’amour a triomphé de tout.

V.: À travers les passages obligés, notre famille est restée soudée. Professionnellement, êtes-vous aussi très liés?

J.: On forme une solide équipe. C’est lors d’un épisode de montage de l’émission On prend toujours un train pour la vie, alors que je tombais de fatigue et qu’on était dans l’urgence, qu’elle s’est essayée au montage pour me remplacer.

Véronique, ça fait quoi de travailler en retrait quand on a été à l’avant de la scène?

Rien du tout. Je me sens plus à ma place là où je suis désormais. Mon corps se ressentait beaucoup du stress, entre autres; j’avais besoin de quitter ce métier et de m’occuper de ma famille.

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La venue de vos enfants, que vous avez adoptés, a-t-elle servi à consolider votre union?

J.: Véronique ne voulait pas d’enfants au départ. Moi qui en voulais plus que tout, j’ai choisi de taire mon désir par amour pour elle. Cinq ans plus tard, quand elle m’a avoué qu’elle avait changé d’avis, j’étais aux anges. Elle est tombée enceinte. Quand elle a perdu l’enfant qu’elle portait à quelques semaines de grossesse, j’étais littéralement dévasté. Véro a alors compris mon besoin viscéral de vivre la paternité. Elle m’a proposé d’adopter. C’est là qu’Antoine et Yasmeena sont entrés dans notre vie, alors qu’ils avaient sept et six mois. Nous sommes allés les chercher au Vietnam à 14 mois d’intervalle. Je n’avais jamais pensé adopter des enfants et, pourtant, c’est une voie normale. C’est logique.

Lequel de vous deux est le plus «parent poule»?

J.: Moi! D’ailleurs, au retour de l’adoption d’Antoine au Vietnam, je suis tombé malade, et comme il a fallu que je sois alité plusieurs mois, je l’ai fait en me collant sur mon fils. On a ainsi développé une relation très symbiotique, au point où, parfois, des gens qui nous croisent disent qu’on se ressemble physiquement, alors qu’il est d’origine cambodgienne. Quant à ma fille, Yasmeena, c’est comme une pierre précieuse. Je veux qu’elle prenne soin d’elle et qu’elle ne laisse personne lui faire du mal. C’est ma poupée. Je me suis toujours fait un devoir de donner la même attention à l’un et à l’autre. Le sens de la justice est capital pour moi.

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V.: Moi, je suis une mère lionne avec mes enfants.

J.: Elle fait tout pour qu’ils soient heureux et jamais en danger.

Rendus à 22 et 23 ans, vos enfants sont désormais des adultes, même s’ils vivent encore avec vous. Imaginez-vous le jour où ils vont partir?

J.: Pour moi, ça semble impossible.

V.: C’est très dur de m’imaginer sans eux. Je me pose d’ailleurs souvent cette question, surtout quand je pense au bonheur qu’on a de se retrouver à cinq, avec notre chien, à jaser dans notre lit le matin. C’est un rituel qui nous touche.

L’avenir se présente comment pour eux?

J.: Antoine travaille comme mécanicien. C’est un enfant qui a eu un parcours laborieux, mais dont j’admire la résilience. Je suis immensément fier de lui.

V.: Quant à Yasmeena, elle étudie au Collège La Salle et travaille en même temps. Tout comme son frère, elle a une personnalité tellement unique! Partout où elle va, tout le monde l’aime et s’attache à elle. On aime sa volonté et son engagement.

De quoi êtes-vous le plus fiers comme parents?

J.: Je suis fier d’avoir respecté le serment que je m’étais fait de les mener jusqu’à l’âge adulte dans les meilleures conditions possibles et de rester toujours dans la même maison pour leur éviter ce que j’ai vécu, soit de passer d’une maison à une autre et de devoir m’adapter constamment à de nouveaux lieux, à de nouvelles personnes et à des réalités violentes.

V.: On a tout fait pour rester ensemble afin de leur donner de la stabilité. Si on ne s’était plus aimés, on aurait choisi de se quitter. Mais ce n’est pas une petite chicane qui nous aurait séparés.

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Ta décision de quitter l’animation, récemment annoncée publiquement, est-elle définitive ou est-ce un simple stunt?

J.: C’est tout sauf un stunt, même si ça a suscité beaucoup de réactions touchantes auxquelles j’étais loin de m’attendre. Des milliers de personnes m’ont écrit sur mes réseaux sociaux. J’avais besoin de l’annoncer publiquement pour ne plus pouvoir y revenir. Je n’ai plus envie de me battre pour être en haut de l’affiche. J’ai été 20 ans à la télé, dans des rendez-vous qui m’ont comblé de bonheur. J’ai eu beaucoup plus que ce que j’espérais dans mon Matane lointain. Je suis conscient du privilège que j’ai eu. Maintenant, d’autres avenues s’offrent à moi. J’ai la chance de faire plein de choses, et j’en suis reconnaissant. J’ai eu trois carrières: manager, animateur et producteur télé. Et l’écriture est venue se greffer à ça.

Mais tu restes quand même concepteur et producteur?

J.: Oui, je vais continuer à concevoir et développer des émissions, à les produire avec d’autres producteurs et à me rendre au public. J’aime encore l’idée de créer quelque chose à partir d’une page blanche. C’est ça mon leitmotiv. J’ai encore des projets à la télé comme concepteur et coproducteur. Avec mes confrères et consoeurs, je souhaite aussi faire partie, bien modestement, des solutions à cette crise télévisuelle. Le système ne marche plus tel qu’il est. Il faut tout le revoir. Il règne beaucoup d’inquiétude dans le monde de la télévision, car tout est en pleine mutation. Les nouvelles habitudes d’écoute, la fuite des annonceurs publicitaires vers les géants du Web et la prolifération des plateformes numériques n’aident en rien au sentiment d’inconfort et parfois de pessimisme qui habite les créateurs, mais aussi les diffuseurs. J’ai déjà vécu une crise semblable dans le monde du disque, quand les plateformes sont venues déstabiliser l’écosystème et réduire considérablement les revenus des créateurs, en tuant plusieurs. N’ayons pas peur des mots: notre culture est menacée. Plus que jamais. Il faut être de plus en plus les gardiens de cette richesse qui nous distingue des autres et qui fait notre fierté comme peuple.

Pour lire l'entrevue complète, procurez-vous le magazine La Semaine, en kiosque dès maintenant.

En plus de sa nouvelle collaboration avec Luc Langevin, Josélito sort sa série d’entrevues Je ne voudrais pas être indiscret sur Meta et YouTube en septembre. Son prochain livre, Madame, est-ce que je vais être choisi?, aux éditions Libre Expression, paraîtra au printemps 2025.

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