Surprise: les cégeps francophones performent mieux en sciences de la nature, les anglos sont meilleurs en sciences humaines, révèle notre Palmarès 2025
Ce constat étonne un expert, qui s'était penché sur l'écart de réussite entre les établissements francophones et anglophones.

Daphnée Dion-Viens
Alors que Québec a récemment limité le nombre d’inscriptions dans les cégeps anglophones, le Palmarès des cégeps du Journal permet de jeter un regard sur la réussite des étudiants dans ces établissements. Les cégeps anglophones parviennent-ils à mieux faire réussir leurs étudiants que les cégeps francophones?
La question est simple, la réponse l’est un peu moins, puisqu’elle varie selon les programmes d’études.
Rappelons d’abord que le classement du Journal repose sur le taux de diplomation évalué en fonction du niveau scolaire des étudiants à leur arrivée au collégial.
La méthodologie développée vise à mesurer «l’effet cégep», c’est-à-dire la capacité d’un établissement d’augmenter les chances de réussite de ses étudiants.
En sciences de la nature, les établissements francophones semblent avantagés. Ils parviennent à faire réussir leurs étudiants selon les attentes, établies en fonction de leur niveau scolaire, contrairement aux cégeps anglophones qui sous-performent à ce chapitre.
Le scénario est toutefois l’inverse en sciences humaines, où «l’effet cégep» semble être légèrement plus élevé dans le réseau anglophone.
Ce constat étonne Richard Guay, qui a réalisé il y a quelques années une étude d’envergure sur la réussite au collégial.
Ses travaux ont démontré qu’un étudiant a plus de chances d’être diplômé s’il fréquente un cégep anglophone, lorsqu’on le compare à un autre étudiant d’un cégep francophone qui présente les mêmes caractéristiques, une réalité qui pourrait s’expliquer par des exigences moins élevées dans les cours de littérature et de philosophie en formation générale.
M. Guay s’étonne de constater que «l’effet cégep» semble ici varier selon le programme, ce qui pourrait s’expliquer par des biais méthodologiques, avance-t-il.
Une autre hypothèse pourrait aussi être la plus grande place accordée à la maîtrise et l’évaluation de la langue en sciences humaines, par comparaison aux sciences de la nature, puisque l’anglais peut être plus facile à maîtriser que le français pour certains étudiants.
«C’est peut-être l’hypothèse la plus plausible, ça tient la route», avance M. Guay prudemment.
Mais quel que soit «l’effet cégep», c’est avant tout l’attrait de la langue anglaise qui pousse des élèves francophones et allophones à s’inscrire dans les cégeps anglophones, ajoute-t-il.
C’est d’ailleurs ce que confirment des étudiants rencontrés par Le Journal au cégep anglophone St. Lawrence, à Québec. Plusieurs ont opté pour des études collégiales en anglais pour améliorer leur maîtrise de la langue de Shakespeare et ainsi élargir leurs perspectives de carrière.
Mais certains étudiants ont aussi fait ce choix parce que l’anglais leur donne moins de fil à retordre que le français.
«J’ai beaucoup plus de facilité en anglais qu’en français, affirme Jordanne, qui étudie en sciences humaines. Et c’est une réalité pour beaucoup de gens ici.»