«Ce sont des médias sous contrôle et ce n’est pas bon»: David Letterman réagit à la suspension de Jimmy Kimmel
L’ancien animateur de talk-show a participé à une discussion publique avec The Atlantic

Raphaël Gendron-Martin
En 33 ans comme animateur d’émissions de fin de soirée, David Letterman n’a jamais eu de problème à tourner en dérision les présidents américains qui étaient en poste. La suspension de Jimmy Kimmel l’inquiète grandement. «On ne peut pas congédier quelqu’un par peur ou pour s’attirer les faveurs d’une administration autoritaire à la Maison-Blanche.»
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David Letterman a participé à une discussion publique jeudi avec le rédacteur en chef de The Atlantic, Jeffrey Goldberg. Au lendemain de l’annonce de la suspension indéfinie de l’émission Jimmy Kimmel Live!, Letterman a été invité à réagir.
L’animateur a sorti de sa poche la liste de tous les présidents dont il s’était moqué en ondes – Jimmy Carter, Ronald Reagan, George H. W. Bush, Bill Clinton, George W. Bush, Barack Obama – et a affirmé avoir toujours pu librement rire d’eux.
«Se moquer de ces gens, à tort ou à raison, avec justesse ou parfois de façon inexacte, au nom de l’humour – jamais nous n’avons été inquiétés par un organisme gouvernemental, encore moins par la redoutée FCC [Federal Communications Commission]», a-t-il déclaré.
«L’institution de la présidence des États-Unis devrait être plus grande qu’un gars qui anime un talk-show», a-t-il ajouté.
Prémédité?
Concernant la suspension de Jimmy Kimmel, Letterman a déclaré: «On voit tous où ça nous mène, n’est-ce pas? Ce sont des médias sous contrôle et ce n’est pas bon. C’est ridicule, c’est insensé. On ne peut pas congédier quelqu’un par peur ou pour s’attirer les faveurs d’une administration autoritaire – une administration criminelle – à la Maison-Blanche. Ça ne marche tout simplement pas comme ça.»
Quand Jeffrey Goldberg a affirmé que malgré les attaques de Trump contre la presse, il y a «encore des médias libres», Letterman a répliqué: «Vraiment?»
L’animateur retraité a rappelé que l’éviction de Kimmel de la télévision de fin de soirée «a été prédite par [le] président juste après que Stephen Colbert a été mis dehors, alors vous voulez me dire que ce n’était pas prémédité à un certain niveau?»
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Annulation «inexcusable»
Letterman a qualifié d’«impolie» et d’«inexcusable» l’annonce de l’annulation de l’émission de Colbert il y a quelques semaines. «Cet homme mérite beaucoup de crédit... et être manipulé ainsi parce que la famille Ellison ne voulait pas déranger Donald Trump avec cette décision... Alors ils l’ont écarté – et pas seulement lui, mais toute la franchise.»
C’est en 1982 que David Letterman a animé son premier talk-show de fin de soirée, avec Late Night sur NBC. Il a poursuivi avec The Late Show sur CBS de 1993 à 2015. Depuis, il anime pour Netflix la série My Next Guest Needs No Introduction. «Il y a 10 ans, j’ai eu l’intelligence de m’annuler moi-même», a-t-il plaisanté.
Avec The Atlantic et Variety