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L'article provient de TVA Sports
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Ce que les recruteurs pensent de Zachary Bolduc, Noah Dobson et Samuel Blais

Photo DIDIER DEBUSSCHERE
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Photo portrait de Nicolas Cloutier

Nicolas Cloutier

2025-07-03T03:25:00Z
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Règle générale, c’est par le biais de recruteurs sous le couvert de l’anonymat que vous obtiendrez les rapports les plus complets, mais aussi les plus objectifs. Nous les avons invités à se prononcer sur les récents ajouts à la formation des Canadiens de Montréal.

Un recruteur, dans l’exercice de ses tâches, doit calculer le risque relié à chaque sélection. Pondérer le bon et le mauvais. Déceler les qualités alléchantes, mais aussi trouver les poux.

Puisqu’on reproche aux journalistes à tort ou à raison de crier trop vite au vol, on a passé les trois petits nouveaux sous le microscope des éclaireurs.

Voici ce qu’ils pensent de Zachary Bolduc, Noah Dobson et Samuel Blais.

L’évolution de Bolduc

Même en première ronde, on repêche rarement un joueur parfait, à moins de se prononcer dans le top 5.

Quand Zachary Bolduc a été réclamé au 17e rang par les Blues de St. Louis en 2021, on respectait ses qualités offensives... mais il y avait un «mais».

«J’appréciais beaucoup ses mains, son sens du jeu et sa rapidité à faire des jeux, a reconnu un recruteur sondé par TVA Sports. Le point d’interrogation dans le temps, c’était: va-t-il s’adapter au jeu physique au prochain niveau?»

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Il semble que oui.

«Dans la LNH cette année et en séries, j’ai trouvé qu’il apportait une dimension physique intéressante pour un joueur qui était considéré comme un gars de finesse dans le junior majeur», a observé ce même recruteur.

Les recruteurs nous ont vanté Bolduc comme un jeune homme brillant. Cette vivacité d’esprit lui a permis de comprendre ce qu’il devait ajouter à son jeu pour survivre au sein d’un troisième ou quatrième trio de la LNH.

«L’aspect physique, je ne l’avais pas vu au niveau junior, a indiqué le recruteur. Il n’était pas frileux, car il allait dans le trafic et il absorbait les coups, mais il n’était pas nécessairement le premier sur les rondelles et il ne complétait pas régulièrement des mises en échec. Il a vraiment augmenté sa game physique d’une coche au niveau professionnel.

«Il a démontré qu’il avait une B game et ça va lui donner encore plus de minutes à 5 contre 5.»

Un autre recruteur que nous avons consulté est d’avis que Bolduc pourrait très bien marquer 30 buts à Montréal.

«Ah, certainement, a-t-il répondu du tac au tac. Tu sais comme moi que Montréal cherche encore un attaquant capable de marquer des buts et je ne suis pas certain que [les Canadiens] veuillent garder Patrik Laine pendant plusieurs années. Bolduc, il a une chance d’en scorer, des buts. Il faut que tu acceptes qu’il ne soit pas toujours au bon endroit défensivement, mais c’est un jeune homme intelligent. Il va faire les ajustements nécessaires pour s’améliorer.

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«Les chances qu’il fasse sa place à Montréal sont bonnes.»

La glisse de Dobson

Nos intervenants sont unanimes au sujet du défenseur Noah Dobson, acquis à fort prix par le CH.

«Enfin un défenseur fiable des deux côtés de la patinoire, et ce, chaque match, pendant 26 minutes. Il ne nuira jamais à l’équipe. Il va toujours donner son maximum dans ce qu’il est. Il ne se trichera pas et il ne te trichera pas», a décrit de façon colorée un dépisteur.

Ce que Dobson est, c’est une force tranquille. Malgré son gabarit imposant, il ne livrera pas la grosse mise en échec, mais son bâton sera toujours bien placé et sa sélection de jeux sera, l’essentiel du temps, irréprochable.

C’est du moins ce que nous assurent des gens qui «connaissent ça».

«Les 28 minutes quasi parfaites, il va te les donner», a assuré notre évaluateur de talent.

Au fil de nos discussions privilégiées, une anecdote ressort: dans les 10 dernières minutes de la finale de la Coupe Memorial avec les Huskies de Rouyn-Noranda en 2019, Dobson se serait tourné vers l’entraîneur des défenseurs pour lui signifier qu’il pouvait passer le reste du match sur la patinoire sans problème. Les Huskies s’accrochaient à une avance d’un but.

«Les gars de Rouyn étaient certains de gagner à ce moment-là», a raconté le recruteur.

«Pour jouer des 25 minutes comme lui, tu ne peux pas avoir du papier sablé en dessous des lames, a imagé un autre dépisteur. Pour un gros bonhomme, il a vraiment une belle glisse. On dirait qu’il peut jouer 40 minutes; c’est facile, il flotte!»

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Le défaut de Nobson, soit son manque de robustesse, peut se révéler comme une qualité, puisqu’il ne dépense pas d’énergie à tenter de pulvériser un rival dans le coin. Et c’est de cette façon qu’il demeure aussi efficace en passant une moitié de match sur le jeu.

«Il ne va pas arracher des têtes, donc il peut juste profiter de sa glisse et parcourir la glace intelligemment pour manger des minutes», a expliqué un recruteur.

Blais : docteur Jekyll et M. Hyde

Si vous aviez prédit lors du périple en séries éliminatoires des Blues en 2019 que Samuel Blais allait rouler sa bosse dans la Ligue nationale et se retrouver dans la Ligue américaine quelques années plus tard, il aurait été difficile de vous croire.

Blais était partout, un véritable poison sur la glace et un artisan sous-estimé de la conquête de la formation du Missouri cette année-là.

Et, pourtant, il vient de se contenter du salaire minimum, pour un an, avec les Canadiens, soit 775 000$.

«C’est un peu le docteur Jekyll et monsieur Hyde», a illustré un recruteur sondé.

Avant d’approfondir sur cette analogie, ledit recruteur a voulu donner à Blais les fleurs qu’il mérite.

«Il a ben du cœur, il travaille fort, a-t-il souligné. Tout de suite, quand il est arrivé en haut, il a réalisé que son patin était moyen, qu’il ne fera pas une tonne de points avec son intelligence et ses skills. Il devait sortir l’autre côté, le grit, et il l’a sorti.»

Ce style de jeu que Blais doit préconiser pour tenir son bout dans la LNH est toutefois extrêmement dur sur le corps.

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«Pourquoi est-il rendu avec une autre équipe? Parce que sortir l’autre côté, il ne le fait pas tout le temps. Ça fait mal, sortir ton grit», a poursuivi le dépisteur.

Ce dernier décrit Blais comme un garçon courageux et compétitif, mais il ne le mentionnerait pas dans la même phrase que les plus durs de durs, ceux qui se replacent le nez dans le feu de l’action pour continuer leur présence.

«Il est plus habile que Michael Pezzetta, mais un peu comme Pezzetta, ce n’est pas un vrai tough guy. C’est un gritty guy, compétitif. S’il était un peu plus rapide, il serait parfait sur un quatrième trio à Montréal. Comme il est là, il est correct sur une 4 à Montréal.»

L’expert en question veut être indulgent et nuancer son propos: les rigueurs du calendrier de la LNH peuvent être très éprouvantes quand on doit jouer comme Blais.

«Pour rester en haut, il devait aller à la guerre, mais il s’est épuisé, et c’est pour ça qu’il est allé à Montréal», a conclu notre intervenant.

On présume que Blais pourrait faire partie d’une rotation de joueurs au sein du quatrième trio cette saison. Et c’est en séries, sans doute, qu’il pourrait plus que jamais se faire valoir, comme ç’a été le cas en 2019. C’est dans ce tourbillon sans lendemain qu’il pourra ouvrir la machine et tout donner; bref, pratiquer ce style de jeu qui aurait été impossible à soutenir pendant 82 matchs de saison régulière.

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