Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Ce que Donald Trump fait est «ridicule», lance François Legault à son arrivée à Washington

Le premier ministre menace d'envoyer notre aluminium en Europe, plutôt qu'aux États-Unis

Partager
Photo portrait de Marc-André Gagnon

Marc-André Gagnon

2025-02-11T19:04:33Z
2025-02-11T23:37:28Z
Partager

WASHINGTON – Aussitôt arrivé dans la capitale américaine, François Legault a qualifié de «ridicule» la guerre commerciale déclarée par Donald Trump contre le Canada. Il menace d'envoyer en Europe l'aluminium fabriqué au Québec, dont les États-Unis ont pourtant besoin. 

Devant des dirigeants américains de The Aluminum Association et Rio Tinto et Alcoa, François Legault a haussé le ton en menaçant de répliquer aux menaces tarifaires de Donald Trump, lesquelles, pour l'acier et l'aluminium, doivent entrer en vigueur dès le 12 mars, avec une surtaxe de 25%.

«On ne comprend pas comment M. Trump peut dire qu'il va se passer du Québec, du Canada, et il ne faut rien exclure, entre autres que l'aluminium produit au Québec soit envoyé en Europe ou ailleurs, parce que ça n'a pas de bon sens de se faire imposer ces tarifs», a déclaré le premier ministre du Québec.

«C'est quand même grave ce qui se passe actuellement», a déclaré M. Legault aux journalistes à son arrivée à Washington.

Le premier ministre a souligné que lorsque le président américain répète qu’il n’a pas besoin des ressources et des produits provenant du Québec et du Canada, «c'est faux». Et «personne ne [le] croit», a-t-il ajouté un peu plus tard.

Publicité
Le premier ministre François Legault, à son arrivée à la Délégation du Québec à Washington le 11 février 2025. À sa gauche, le délégué du Québec à Washington, Benjamin Bélair.
Le premier ministre François Legault, à son arrivée à la Délégation du Québec à Washington le 11 février 2025. À sa gauche, le délégué du Québec à Washington, Benjamin Bélair. Photo Marc-André Gagnon

Dans l’état actuel des choses avec le libre-échange, Donald Trump «a besoin de notre aluminium, puis il a besoin de notre bois», a assuré M. Legault.

Juste pour l’aluminium, les États-Unis en consomment 5,9 millions de tonnes par année, alors que leur capacité de production intérieure est de 800 000 tonnes, ce qui correspond à 15% de leurs besoins, a expliqué le premier ministre.

Faire plaisir à Trump

«Donc [Donald Trump], c'est ridicule ce qu'il fait actuellement. Il doit avoir un objectif caché», a lancé le premier ministre du Québec, en s’adressant aux journalistes avant de se lancer dans une série de trois rencontres, au cours desquelles il a tenté de comprendre quel est le jeu «caché» derrière la folie tarifaire de Donald Trump.

«Ce qu'on veut, c'est convaincre des gens autour de lui [M. Trump], des gens du monde des affaires, des élus [...] qu'il a besoin du Canada et qu'on est bien mieux de négocier quelque chose ensemble plutôt que de commencer une guerre de tarifs», a expliqué M. Legault.

Lors d’une mêlée de presse en début de soirée, le premier ministre s’est inquiété de voir qu’il «n'y a plus personne qui veut investir au Canada actuellement» en raison de l’incertitude causée par les menaces tarifaires.

Afin de protéger les emplois des Québécois, M. Legault estime qu’il est «de plus en plus urgent» de renégocier l’entente de libre-échange avec les États-Unis.

Publicité

Il faut «trouver ce qui va faire plaisir à M. Trump», puisqu’il apparait évident que l’entente actuelle, qu’il a pourtant renégociée durant son premier mandat à la présidence des États-Unis, n’a pas l’effet qu’il escomptait, notamment en ce qui a trait aux emplois manufacturiers.

Ramener Trump à la réalité

Au chef des affaires publiques de la National Association of Home Builders, Ken Wingert, un influent lobbyiste américain, le premier ministre a rappelé que le Canada a toujours été un bon allié des États-Unis, en lui demandant de l'aider à ramener M. Trump «à la réalité». M. Wingert s'est inquiété de l'impact négatif que des tarifs sur le bois canadien pourraient avoir sur le coût des maisons aux États-Unis.

En marge d'une rencontre aux côtés du premier ministre avec des représentants de son industrie, le président de l’Association de l’Aluminium du Canada, Jean Simard, a rappelé l'exemple de la camionnette F-150, la plus vendue en Amérique, pour laquelle une taxe douanière pourrait représenter un coût additionnel de 1500$, avant taxes, juste pour l'aluminium. «C'est très inflationniste comme effet [...] surtout aux États-Unis [...] c'est très destructeur», a confié M. Simard aux journalistes.

Le délégué du Québec à Washington, Benjamin Bélair, avec le premier ministre François Legault et Jean Simard, PDG de l’Association de l’Aluminium du Canada, face à Chuck Johnson, président de The Aluminum Association, accompagné de représentants de Rio Tinto et Alcoa.
Le délégué du Québec à Washington, Benjamin Bélair, avec le premier ministre François Legault et Jean Simard, PDG de l’Association de l’Aluminium du Canada, face à Chuck Johnson, président de The Aluminum Association, accompagné de représentants de Rio Tinto et Alcoa. PHOTO MARC-ANDRÉ GAGNON

Alors que de nombreux projets de transport, dont des tramways, sont dans les cartons au Québec, M. Legault s'est aussi entretenu avec le vice-président aux affaires publiques d’Alstom Transport aux États-Unis, John L. Cohen, qui était accompagné de son équivalent canadien, Olivier Marcil, d’Alstom Canada, dont la Caisse de dépôt et placement du Québec est actionnaire.

Ce secteur est «un bel exemple ou M. Trump pourrait développer des emplois bien payés dans le secteur manufacturier, fabriquer du transport», croit M. Legault.

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité