Ce pourrait bien être la dernière campagne de Maxime Bernier


Antoine Robitaille
Maxime Bernier, le chef du Parti populaire du Canada (PPC), a peu de chance de l’emporter dans la circonscription de la Beauce. Mais il pourrait brouiller les cartes.
«Je vais voter contre Maxime pour lui donner une dernière rince», s’enthousiasme Frédéric Marcoux, président sortant de Développement économique Nouvelle-Beauce.
Dans le milieu agricole dont Marcoux fait partie (c’est un important producteur laitier de Sainte-Marguerite), on en veut beaucoup à «Maxime» de plaider, depuis presque 10 ans, pour l’abolition de la gestion de l’offre, ce système de quotas qui permet de réguler la production laitière, entre autres. Bernier propose d’ailleurs, afin de satisfaire Donald Trump, que le Canada «mette sur la table la gestion de l’offre dans le secteur du lait».
Trump
En 2017, son opposition viscérale à ce système a joué dans sa défaite lors de la course à la chefferie conservatrice, remportée par Andrew Scheer. Par la suite, en 2018, Bernier fonda le PPC, qui n’a jamais eu aucun élu.
«Près des frontières, il y a beaucoup de gens qui sont pro-Trump», souligne Jean (nom fictif) avec qui j’ai discuté au bar du Saint-Hubert, boulevard Lacroix, à Saint-Georges. «Les manifestations de camionneurs, à la fin de la COVID, ont été initiées en Beauce.»
Jean croit que, s’ils se rendent voter, «plusieurs d’entre eux appuieront Maxime Bernier». Pour d’autres parmi eux, Poilievre est un chef qui «incarne totalement leurs valeurs», État minimal et impôts légers.
Putsch
En 2019, le conservateur Richard Lehoux avait délogé Bernier dans la Beauce. Jusqu’à il y a quelques semaines, tout indiquait que Lehoux allait de nouveau être candidat. Sa réélection était pratiquement assurée, selon plusieurs. Mais à l’interne, une frange issue du Parti conservateur du Québec (PCQ) a tenté de le déloger, ce que Lehoux a qualifié publiquement de tentative de «putsch». Bien qu’il ait réussi à faire confirmer sa candidature par le chef, il a finalement choisi de laisser sa place. «Je me suis dit à mon âge [68 ans], est-ce que j’ai encore envie de me battre ainsi?» Pierre Poilievre a finalement désigné un candidat ne provenant pas du PCQ: Jason Groleau, ex-hockeyeur et propriétaire de deux IGA. Ce dernier mène une campagne dynamique soutenue par la «meilleure organisation». Il bénéficiera de l’appui de Lehoux.
Le traitement réservé à Lehoux pourrait lui coûter des voix bleues cependant. Cela et les votes que Maxime Bernier pourrait subtiliser à Poilievre suscitent même l’espoir du candidat Gaëtan Mathieu, ancien entraîneur de football au cégep, entre autres, dans son local, avenue Saint-Georges.
Le Bloc n’a jamais eu de succès en Beauce, mais «son vote augmente à chaque fois», me souligne-t-il. Mathieu croit en ses chances, d’autant plus que la candidate libérale, Maryelle-Henriette Doumbia, est vue comme une «parachutée». Originaire de la Côte d’Ivoire, Mme Doumbia habite Québec. Elle a obtenu sa citoyenneté en 2023 et travaille au ministère de la Cybersécurité. D’ailleurs, la Beauce change, se diversifie. Il y a désormais trois mosquées dans la circonscription et le Centre Culturel Islamique de la Beauce est en campagne de financement afin de construire une bâtisse.