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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Ce peuple qui se suicide par gentillesse

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Photo portrait de Joseph Facal

Joseph Facal

2024-08-31T04:00:00Z
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Un détail n’est plus vraiment un détail quand il est porteur d’une lourde signification.

Un lecteur attire mon attention sur ce qui pourrait passer pour un simple détail, mais qui n’en est justement pas un.

C’est la rentrée scolaire.

Nous sommes au Collège Saint-Charles-Garnier de Québec, que j’ai fréquenté il y a des décennies, et que l’on appelait, dans mon temps, le Collège des Jésuites.

Maîtres chez nous

Voyez l’une des photos accompagnant cette chronique.

Dans l’un des corridors du collège, on a disposé une série de drapeaux nationaux. Celui du Québec y est, mais c’est un parmi d’autres.

Photo tirée du site web du Collège Saint-Charles-Garnier
Photo tirée du site web du Collège Saint-Charles-Garnier

On devine les raisons ayant motivé l’initiative: montrer l’«ouverture au monde», souligner les origines diverses des étudiants, être «accueillant», etc.

Tout cela est évidemment motivé par de nobles sentiments.

Je nomme cette institution tout simplement parce que c’est celle que le lecteur a évoquée en premier, avant de me montrer d’autres cas identiques ailleurs, et parce que je l’ai fréquentée jadis.

Mais revenons aux drapeaux nationaux.

Quelle est leur fonction?

Une fonction purement décorative? Une gentillesse faite à quelqu’un? Pas du tout.

Un drapeau national a pour fonction symbolique de marquer un territoire, de bien faire comprendre où vous êtes, de montrer qui est le maître des lieux.

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C’est justement pour cela qu’ils sont placés dans des lieux stratégiques.

Je vais aux États-Unis et la douane à laquelle je me présente est tapissée de drapeaux américains.

J’étais récemment à Paris pour les Jeux olympiques et le drapeau de la France était partout, même si la France accueillait le monde entier.

Après Paris, j’ai filé à Istanbul et le drapeau turc était au sommet de toutes les collines.

Après le référendum de 1995, le gouvernement fédéral a inondé le Québec de drapeaux canadiens.

Pourquoi, vous pensez?

Le fait de mettre un drapeau bien en évidence, ou au contraire de le cacher, ou encore de le noyer parmi d’autres n’est pas anodin.

Cela envoie un message.

Il fut un temps où l’un des rôles de l’école était de fabriquer des Québécois, non?

Il fut un temps où l’immigrant devait comprendre et accepter qu’il tournait partiellement le dos à une partie de sa vie antérieure pour embrasser une nouvelle culture.

Est-ce qu’on facilite l’intégration, l’adhésion à une nouvelle culture quand les lieux sont aménagés comme les Nations unies, quand ils envoient le message subliminal qu’on peut choisir sa nationalité?

Il faut dire qu’au Québec, l’ouverture aux autres est pour beaucoup synonyme d’effacement de soi.

Toilettes

Quant aux crétins qui me diront que les drapeaux dans les institutions n’ont aucune importance et que seuls comptent les services reçus, ils confirment cette perle de sagesse d’Einstein: il n’était pas sûr du caractère infini de l’Univers, mais assuré du caractère infini de la stupidité.

Le même lecteur m’envoie aussi une photo des toilettes masculines (voir plus haut), prise cet été dans une école de Beauport.

Photo courtoisie
Photo courtoisie

Le français, langue commune? On s’en torche!

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