«Ce n’est pas une vie»: une famille québéco-cubaine dénonce la fin du parrainage de parents étrangers

Marianne Lafleur
L’espoir d’une Québécoise et de son mari cubain de réunir leur famille sous le même toit s’est éteint avec l’annonce de la suspension du parrainage de parents par Québec.
Depuis deux ans, Sophie Ferrandino, 43 ans, et Juan Carlos Rodriguez, 28 ans, tentent de faire entrer au pays Lidia Esther Rodriguez Morales, 59 ans, mère de M. Rodriguez.
Toutefois, le 18 juillet, le gouvernement provincial annonçait la suspension du programme de parrainage de parents et grands-parents jusqu’en juin 2026, peu de temps après avoir interrompu celui de parrainage de conjoints. Cette nouvelle a été difficile à digérer pour le couple.
«Ce n’est pas une vie! On essaie de passer par les portes qui existent, mais vous nous les fermez aussi, donc je n’ai plus d’option», souffle Mme Ferrandino.
Olivia, leur fille de 16 mois, n’a vu sa grand-mère paternelle qu’une fois lors d’un court voyage à Cuba avec sa mère.

«J’ai dû aller lui présenter sa petite-fille sans mon mari, c’était vraiment déchirant», raconte celle qui travaille dans le milieu de l'assurance. M. Rodriguez n’a pas vu sa mère depuis plus de deux ans, son visa l’empêchant temporairement de quitter le Canada.
La grand-mère, aujourd’hui seule à Cuba, n’a aucun autre enfant. Son ex-conjoint s’est refait une vie.

Un amour né en vacances
Le couple s’est rencontré à Cuba en octobre 2021, alors que Mme Ferrandino y passait des vacances. M. Rodriguez travaillait comme animateur dans l’hôtel où elle séjournait. Avec la pandémie, les touristes se faisaient plus rares, et le contexte a favorisé une vraie connexion entre eux.
Après une dizaine de jours passés ensemble, ils ont continué d’échanger à distance tous les jours. Mme Ferrandino est retournée le voir deux mois plus tard pour Noël.
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Ils se sont mariés en août 2022 à Cuba et vivent aujourd’hui à Montréal, dans Ahuntsic-Cartierville, où ils élèvent leur fille. Le père a récemment obtenu sa résidence permanente. Il travaille comme technicien en câblage et suit des cours de francisation.

«On est bloqués de partout»
Depuis, les démarches pour faire venir la mère de M. Rodriguez se heurtent à plusieurs refus. Deux demandes de visa de visiteur pour la grand-mère ont été rejetées. Maintenant que le programme de parrainage est suspendu, cette voie leur est aussi bloquée.
Le couple envisage maintenant de faire une demande de super visa. Ce document, qui permet aux parents de résider temporairement au Canada, constitue «une procédure longue, coûteuse et incertaine», selon Mme Ferrandino.
«Le processus d’immigration nous ruine financièrement et émotionnellement. On essaie juste de continuer à vivre comme tout le monde. Un parent, un grand-parent, ça fait partie de la famille», s’indigne-t-elle.

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