«L’argent ne tombe pas du ciel pour nous»: ce fournisseur de Lion Électrique perd 235 000$

Un fournisseur de Lion, qui a perdu 235 000$ dans l’aventure, conseille à nos PME de se tenir loin des entreprises dopées par l’argent public.

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«Ce n’est pas parce que c’est un gros nom avec le gouvernement et les subventions que c’est sécuritaire, soupire Émilie Turcotte, copropriétaire et vice-présidente de MT Concept, en faisant visiter son usine de Laval, lundi. J’ai perdu 235 000$ dans Lion».

«Les petites PME gèrent mieux des fois que les grandes entreprises subventionnées parce que l’argent ne tombe pas du ciel pour nous. On fait attention à nos cennes», affirme celle dont l’entreprise fabriquait des pièces de plastique pour les batteries du constructeur qui aspirait à devenir un fleuron de l’électrique.

Parti pour la gloire

Plusieurs petits fournisseurs québécois, comme MT Concept, y ont goûté quand Lion Électrique s’est placé à l’abri de ses créanciers à la mi-décembre dernier.

À cette période, le fabricant cumulait des dettes d’environ 57,9 M$ envers ses fournisseurs et autres créanciers, auxquelles s’ajoutaient 95,4 M$ d’obligations de location.

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Il y a quatre ans, Québec et Ottawa avaient annoncé en grande pompe un investissement de 100 M$ dans Lion pour son usine d’assemblage de blocs-batteries.

«Nous sommes prêts à prendre des risques pour que nos entreprises deviennent des champions dans des secteurs porteurs», avait déclaré le premier ministre du Québec François Legault.

À l’époque, Émilie Turcotte, de MT Concept, était alors convaincue que le fabricant d’autobus était parti pour la gloire.

«Quand j’ai vu Lion dans ma boîte courriel, j’étais impressionnée. Je les ai contactés. On leur a fait des échantillons gratuits. On a tout de suite embarqué», raconte-t-elle.

Depuis les années 1990, sa PME familiale travaille le plastique et l’acier, et effectue des opérations de découpe, de pliage, de soudure et de taillage pour des sous-traitants de grands donneurs d’ordre.

C’est elle par exemple qui fabrique des présentoirs du quincaillier Home Depot.

«Boosté aux stéroïdes»

Lorsque Lion Électrique l’a approchée, elle a sauté dans l’autobus. 

«Je me disais: “Wow, on fait partie de ça”», se souvient-elle.

Sa PME a ensuite été emportée dans un tourbillon de commandes.

«C’était boosté aux stéroïdes leurs prévisions. On a donc ouvert un quart de nuit. On a acheté une nouvelle machine-outil à commande numérique. On a commandé des milliers de dollars de matériel», poursuit Émilie Turcotte.

Les mauvaises nouvelles se sont ensuite succédé, provoquant l’effet d’une douche froide. Ce qui a bouleversé M^me Turcotte particulièrement, c’est de se retrouver avec des palettes entières de composants fabriqués pour Lion qui s’accumulent dans l’entrepôt.

À ses yeux, ces pièces n’ont désormais aucune valeur marchande et risquent de finir aux poubelles.

Interrogé par Le Journal à plusieurs reprises, Lion n’a pas répondu à nos questions.

Aides publiques à Lion Électrique

Gouvernement du Canada

• Août 2021: 50 M$ (prêt en partie pardonnable)

Gouvernement du Québec

• Mars 2020: 5 M$ (débenture)
• Juillet 2021: 50 M$ (prêt)
• Juillet 2023: 46,3 M$ (débenture)

Investissement Québec

• 2021-2022: 18,9 M$ (actions)
• 2023-2024: 19,8 M$ (actions)

Caisse de dépôt et placement du Québec

• Novembre 2022: 15 M$ (facilités de crédit)

Fonds de solidarité FTQ

• 2023: 25 M$ (prêt)

TOTAL: 230 M$

Lion peut aussi bénéficier du programme québécois de subventions pour l’achat d’autobus doté d’une enveloppe de 480 M$ du Fonds d’électrification et des changements climatiques.