Cas de cancer à Rouyn-Noranda: les oppositions interpellent le gouvernement

Agence QMI
Devant les données sur les maladies pulmonaires et les cas de cancer à proximité de la fonderie Horne à Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue, les oppositions exhortent le gouvernement Legault à intervenir.
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Le gouvernement ne doit pas tarder à «poser des gestes concrets pour protéger la santé de la population» et à prendre au sérieux les préoccupations des citoyens de Rouyn-Noranda, estime l’opposition officielle.
À Rouyn-Noranda, l’espérance de vie serait de cinq ans de moins que pour l’ensemble des Québécois, et les bébés qui naissent dans la région seraient plus petits que dans le reste du territoire, selon les données de surveillance de l’état de santé de la population de Rouyn-Noranda.
«Je comprends la population d’être inquiète. Je suis moi aussi préoccupé par les données sur les maladies pulmonaires et les cas de cancer élevés dans la région. Il faut se donner les moyens d’intervenir en amont afin de rassurer et de mieux protéger la population locale», a déclaré Monsef Derraji, député de Nelligan, et porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé.
Le député libéral réclame par ailleurs que le gouvernement procède à un «examen complet» d’une cohorte de résidents vivant à proximité de la fonderie, afin d’identifier la cause des problèmes de santé qui affligent cette communauté.
Du côté de Québec solidaire, on reproche au gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) de n’avoir rien fait pour limiter les émissions d’arsenic en provenance de la fonderie Horne.
«Le lien de confiance est rompu, on se sent abandonné et la CAQ n’agit pas pour corriger la situation. Se cacher derrière la venue du directeur national de santé publique ne règlera rien. Ce n’est pas lui qui peut mettre Glencore au pas, c’est le gouvernement du Québec et lui seul», a lancé la députée solidaire de Rouyn-Noranda, Émilise Lessard-Therrien, dans un communiqué.
Mme Lessard-Therrien assure qu’elle «ne lâche pas le morceau», et souligne qu’elle organisera dès le 6 juillet une assemblée publique avec les Mères au front de Rouyn-Noranda, afin d’écouter les préoccupations de la population.
«L’évaluation de la qualité de l’air dans ce secteur est catastrophique. On peut en prendre acte ou pas, mais on ne peut pas jouer avec la santé de la population, c’est inacceptable», a pour sa part commenté le député péquiste Pascal Bérubé.
Selon M. Bérubé, la rétention des informations est d’autant plus inadmissible. «Il faut donner toute l’information à la population sur les risques, il faut entendre l’entreprise. Puis, ce sont les citoyens qui jugeront si c’est suffisant ou non», a-t-il expliqué.
Enfin, pour M. Bérubé, toute cette saga est la démonstration claire que la santé publique n’est pas indépendante actuellement, et qu’elle devrait l’être.
Rappelons que les travaux de la Fonderie Horne, une entreprise qui appartient à la multinationale anglo-suisse Glencore, sont montrés du doigt par la Santé publique régionale de Rouyn depuis plusieurs années parce qu’ils engendrent des émissions d’arsenic dans l’air qui dépassent les normes.
Il y a quelques jours, l’ex-directeur national de santé publique, Horacio Arruda, a dû se défendre d’avoir voulu cacher des données sur le cancer à Rouyn-Noranda pour des raisons politiques.
Récemment, Radio-Canada dévoilait que la Santé publique savait depuis septembre 2019 que le taux de mortalité liée au cancer du poumon était plus élevé à Rouyn-Noranda. La Santé publique régionale voulait dévoiler publiquement cette information dans le rapport de biosurveillance de 2019.
Or, le directeur de santé publique Horacio Arruda a fait retirer cette annexe, sous prétexte de mener une étude plus approfondie, d’un commun accord avec la santé publique régionale.
Radio-Canada révélait jeudi matin que la version des faits de M. Arruda a été contredite.
Non seulement la santé publique régionale n’a pas confirmé pas son accord avec l’ex-directeur de santé publique, mais ce serait la santé publique de l’Abitibi-Témiscamingue, et non M. Arruda, qui aurait fait la demande d’étude approfondie à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) en septembre 2021, deux ans après le retrait de la fameuse annexe.
Le directeur national de santé publique, Luc Boileau, doit se rendre à Rouyn-Noranda la semaine prochaine pour répondre aux préoccupations de la population et pour assister au dévoilement de l’étude de l’INSPQ.