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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Touristes intoxiqués à Punta Cana: les dangers insoupçonnés de l'alcool

Des experts mettent les touristes en garde contre les effets de la consommation excessive d'alcool contrefait ou qui pourrait avoir un taux d'alcool trop élevé

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Elisa Cloutier et Marc Sandreschi

2024-06-02T04:00:00Z
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PUNTA CANA | La facilité d’accès à la drogue et les dangers insoupçonnés de l’alcool font partie des risques auxquels les touristes Québécois peuvent être confrontés en vacances en République dominicaine.

Au cours des dernières semaines, Le Journal s’est rendu dans quelques hôtels de Punta Cana, dont le Bahia Principe Luxury Ambar, où plusieurs Québécois et Canadiens ont séjourné et soupçonnent y avoir été drogués à leur insu.

  • Écoutez l'entrevue avec Sylvie Marcotte, mère de William Gareau au micro d’Alexandre Dubé via QUB :

Délires et pertes de conscience

Dans certains cas, des hommes ont témoigné au Journal avoir vécu des délires paranoïaques ou des psychoses, après avoir consommé de l’alcool.

Des femmes ont également raconté avoir perdu connaissance, ne plus se souvenir de rien, ou s’être senties «très lourdes», après avoir bu un ou quelques verres d'alcool. Des symptômes s’apparentant à une intoxication au GHB, qui n'ont toutefois pu être confirmés.

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À Punta Cana, que ce soit à la plage de l’hôtel ou sur des sites de départs en excursion, des drogues comme la cocaïne et la marijuana, notamment, y sont facilement accessibles.

Sur la plage du Bahia Principe Luxury Ambar, des vendeurs de vêtements et de souvenirs ont offert de la drogue à nos journalistes.
Sur la plage du Bahia Principe Luxury Ambar, des vendeurs de vêtements et de souvenirs ont offert de la drogue à nos journalistes. Elisa Cloutier
Alcool trop fort

Certains types d’alcool vendus en République dominicaine peuvent également afficher un taux d’alcool dangereusement élevé, a-t-on pu observer.

C’est le cas notamment du Rhum de la marque 151, ayant un taux d’alcool de 75%, que nous avons pu acheter sur une plage publique. Celui-ci est servi sur certains bateaux d’excursion, nous a-t-on appris.

Elisa Cloutier
Elisa Cloutier

Ce rhum n’est toutefois pas disponible au Bahia Principe Luxury Ambar, tout comme la boisson locale faite maison, appelée mamajuana.

De mauvaise qualité

De plus, la piètre qualité de l’alcool parfois servi dans des hôtels tout inclus ou sur des bateaux d’excursion peut avoir des effets «dangereux», affirment des experts.

Certains ont d’ailleurs confirmé que des psychoses ou délires pouvaient survenir à la suite d’une consommation excessive d’alcool, surtout s'il est contrefait, dans certaines circonstances.

« C’est plus probable chez les personnes fragiles, qui ont par exemple une santé mentale précaire, mais au-delà de ça, oui, l’alcool peut déclencher des épisodes psychotiques »

Jean-Sébastien Fallu, professeur agrégé de l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal.

- Jean-Sébastien Fallu, professeur agrégé de l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal.

Photo Courtoisie

Bien «qu’exceptionnelles», des psychoses sous l’effet de l’alcool sont d’autant plus possibles lorsqu’on ajoute plusieurs facteurs comme la fatigue et des épisodes de non-alimentation, ajoute le professeur.

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Le son de cloche est le même pour Mitchell Bennett, criminologue au centre de thérapie CASA. «J’ai déjà vu le cas d’une femme qui avait mis le feu à son appartement parce qu’elle pensait qu’elle était une sorcière, après avoir consommé beaucoup d’alcool», décrit-il.

Le mélange alcool drogue, plus «probable»

Les experts estiment toutefois qu’il est «plus probable» qu’un délire ou une psychose soient provoqués par un mélange d’alcool et de drogues.

C’est notamment ce qu’estime le médecin-conseil de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Stéphane Perron. «[...] l’alcool comme tel n’amène pas les gens vers un délire. Il y a d’autres choses dans le produit, ou consommation d’autre(s) substances. Ce serait mon hypothèse première comme médecin», affirme-t-il.

La Dre Maude St-Onge, directrice médicale du centre antipoison du Québec, abonde dans le même sens. «Il y a fort à parier qu’une autre substance est en cause», dit-elle.

À l'hôtel Bahia Principe Luxury Ambar, Le Journal a testé plusieurs cocktails ou alcools forts, dans le but de voir s'il y avait présence de drogue. Nos tests, pouvant détecter entre autres GHB, métamphétamine, héroïne et ecstasy, se sont tous avérés négatifs.
À l'hôtel Bahia Principe Luxury Ambar, Le Journal a testé plusieurs cocktails ou alcools forts, dans le but de voir s'il y avait présence de drogue. Nos tests, pouvant détecter entre autres GHB, métamphétamine, héroïne et ecstasy, se sont tous avérés négatifs.
Alcool frelaté

Les experts mettent aussi en garde contre la consommation d’alcool frelaté, alors que des bouteilles non identifiées peuvent se retrouver derrière le bar.

Celles-ci peuvent contenir du méthanol, une substance neurotoxique dangereuse, qui peut notamment rendre aveugle, causer d’importantes séquelles psychologiques et dans les pires cas, causer la mort.

Parmi les mises en garde courantes adressées aux touristes voyageant dans des hôtels tout inclus, le Centre antipoison du Québec recommande de surveiller son verre en tout temps et de privilégier la consommation de boissons embouteillées.

Selon Insight Crime, on observe aussi de l’alcool frelaté en circulation depuis 2020 au Costa Rica, à Cuba, au Panama, au Mexique et au Pérou.

La Dre St-Onge rappelle par ailleurs que les touristes québécois en voyage à l’étranger peuvent contacter le centre antipoison en tout temps, en composant le 1-800-463-5060.

(!) En cas d'urgence, depuis l'étranger :

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