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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Cartes de remerciements pour Vladimir Poutine

La vice-première ministre Chrystia Freeland est diplômée en études slaves et parle notamment ukrainien, russe et polonais. Ce bagage de connaissance constituera sans doute un avantage lors de la prochaine course à la chefferie du PLC.
La vice-première ministre Chrystia Freeland est diplômée en études slaves et parle notamment ukrainien, russe et polonais. Ce bagage de connaissance constituera sans doute un avantage lors de la prochaine course à la chefferie du PLC. Photo d'archives, AFP
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Photo portrait de Loïc Tassé

Loïc Tassé

2022-03-07T10:00:00Z
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En dépit des haut-le-cœur que provoquent les destructions massives de l’armée russe, quelques dirigeants devraient adresser des cartes de remerciements à Vladimir Poutine pour sa guerre en Ukraine.

En premier lieu, Emmanuel Macron, qui tente de se faire réélire. L’invasion de l’Ukraine a porté un dur coup à la crédibilité de plusieurs de ses opposants. Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour ont tous louangé Poutine avant le début des combats. Leur manque de jugement est trop grave pour qu’ils puissent le cacher. Macron est apparu comme un chef d’État de stature internationale, même s’il n’est pas parvenu à infléchir Poutine. 

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Chrystia Freeland pourrait aussi envoyer une carte. Elle a pu faire valoir sa spécialisation en études russes. À côté d’elle, Justin Trudeau et Mélanie Joly ont l’air d’enfants de maternelle. Ceci l’avantagera dans la prochaine course à la chefferie du PLC.

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Chine et Taïwan

Les Taïwanais sont aussi redevables à Poutine. Le gouvernement de Xi Jinping observe avec inquiétude les réactions à la tentative d’annexion de l’Ukraine. Le parallèle avec Taïwan est aisé. Pékin pourrait lutter plus efficacement que Moscou contre des sanctions économiques similaires à celles qui sont imposées à l’économie russe, mais à quel prix ? Taïwan peut donc souffler un peu, pour le moment. L’invasion de l’Ukraine pourrait même inciter la Chine à s’éloigner d’une Russie devenue trop instable.

Les dirigeants de l’OTAN devraient également envoyer une belle carte à Poutine. Eux qui, depuis la chute de l’URSS, ne savaient plus trop à quoi servait l’OTAN vantent à présent la clairvoyance des fondateurs de l’organisation. Ceux-ci auraient bien saisi la menace intrinsèque que la Russie a toujours fait peser sur l’Europe libre.

Les dirigeants de l’Union européenne sont heureux de la belle unité familiale retrouvée. Après le Brexit, les tergiversations de l’Allemagne ou de la Hongrie, voici que tous les pays parlent d’une même voix contre la Russie. Même la Suisse est sortie de sa neutralité légendaire et elle s’est rapprochée de l’Union européenne. Et la Turquie fait à nouveau des yeux doux à l’Europe.

Les Ukrainiens eux-mêmes pourraient remercier Poutine pour l’unité nationale ukrainienne qui est en train de se renforcer dans le combat contre la Russie, au-delà des origines russes ou ukrainiennes de gens. Bien évidemment, les Ukrainiens auraient préféré ne pas subir cette épouvantable guerre.

Fausses notes

Quelques fausses notes seraient malgré tout audibles dans ce concert de remerciements.

Le gouvernement israélien est écartelé entre l’horreur des exactions russes et le danger que la Syrie fait peser sur Israël. La Syrie est un des plus grands alliés de la Russie.

L’Inde aurait certainement condamné Poutine si près des deux tiers de son armement ne venaient pas de la Russie.

Mais dans l’ensemble, l’attaque de Poutine aide les États-Unis et leurs alliés à sortir d’une vision politique idéaliste, moralisatrice et décadente.

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