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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

«Ils rient de nous autres»: Loblaw et Weston devront payer 500 M$ pour leur implication dans le cartel du pain

Des experts estiment qu’il s’agit d’un montant «historique», mais des consommateurs trouvent que le règlement n’est pas à la hauteur

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Gabriel Côté et Francis Halin

2024-07-25T12:35:19Z
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Loblaw et sa société mère, George Weston, vont payer 500 millions $ pour leur rôle dans un stratagème de fixation de prix du pain, un montant «de catégorie des ligues majeures» selon des experts, mais encore trop bas aux yeux de certains consommateurs.

«Je trouve que 500 millions de dollars, ce n’est pas assez, au prix que le monde paye le pain aujourd’hui. Ils rient de nous autres. C’est quoi 500 millions de dollars pour eux?» déplore Maurice Lefebvre, un retraité de 75 ans, croisé dans un supermarché Maxi de la Rive-Sud de Montréal, jeudi.

Maurice Lefebvre, un retraité de 75 ans, trouve que le règlement de 500 M$ de Loblaw n’est pas à la hauteur de la faute qui a été commise.
Maurice Lefebvre, un retraité de 75 ans, trouve que le règlement de 500 M$ de Loblaw n’est pas à la hauteur de la faute qui a été commise. Photo FRANCIS HALIN

«Ils nous disent: "Prenez les 500 millions de dollars et fermez-la. Ne dites rien". C’est choquant [...], c’est du niaisage», peste-t-il.

«On ne peut pas rien faire. Ils sont trop gros pour nous autres», dénonce à son tour Francine Ross, une retraitée de 80 ans, qui a été caissière toute sa vie.

Règlement «historique»

Quoi qu’on dise, un règlement d’un demi-milliard de dollars n’est tout de même pas rien. «C’est gros, c’est dans la catégorie des ligues majeures», illustre le spécialiste en droit de la concurrence Pierre Larouche.

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«C’est un montant historique», opine Sylvain Charlebois, qui est directeur du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, tout en reconnaissant que ce montant n’équivaut pas à ce que le cartel du pain a coûté aux consommateurs.

  • Écoutez le segment LCN de Francis Gosselin via QUB :

En effet, le cartel du pain aurait permis aux entreprises concernées d’empocher illégalement 5 milliards $ entre 2001 et 2015, selon ce qui est allégué dans le recours collectif.

«Cette situation n’aurait jamais dû se produire», a reconnu Galen G. Weston, le président de Loblaw et le PDG de George Weston, dans un communiqué de presse.

Raison d’affaires

Avec cette entente, Loblaw et sa société mère sont devenues les premières entreprises à régler les deux actions collectives, au Québec et en Ontario, qui visent également Metro, Walmart Canada, Tigre Géant et Sobeys.

«Loblaw s’est dit que c’était dans son intérêt de régler et de passer à autre chose. En étant les premiers, ça leur donne la chance de régler en des termes peut-être plus favorables que les autres», explique Pierre Larouche. «Mais ça reste des montants énormes».

Photo FRANCIS HALIN
Photo FRANCIS HALIN

De fait, dès 2017, Loblaw et George Weston se sont montrés très coopératifs dans ce dossier. Les deux entreprises avaient elles-mêmes alerté le Bureau de la concurrence, qui a ensuite déclenché une enquête. Ce faisant, elles ont également reçu une immunité contre les poursuites.

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«Ça leur permet de s’en tirer à meilleur compte et de mettre des bâtons dans les roues de leurs concurrents», souligne Pierre Larouche.

Pendant ce temps, les autres compagnies visées par l’enquête du Bureau de la concurrence et par les actions collectives continuent de nier toute implication dans le cartel.

«L’enquête dure depuis neuf ans, c’est très long», affirme Sylvain Charlebois. «Ce sera important pour le Bureau de la concurrence de finaliser cette enquête-là, pour redonner confiance à la population.»

Loblaw augmente ses revenus

Par ailleurs, Loblaw continue d’obtenir des résultats financiers fort enviables. Ses résultats du deuxième trimestre, publiés jeudi, montrent des revenus de 1,39 G$, en hausse de 1,5% par rapport à l’exercice précédent.

Pour M. Charlebois, c’est le signe que le récent boycottage de Loblaw au Canada anglais «n’a pas fonctionné».

«Les gens tentent d’exprimer leur frustration par rapport à l’industrie agroalimentaire, mais sans succès. C’est pour ça que le règlement de 500 millions $ est d’autant plus le bienvenu», résume-t-il.

L’action collective en bref

  • L’action collective québécoise concerne toutes les personnes, les sociétés et les associations résidant dans la province qui auraient acheté au moins un pain emballé entre le 1er janvier 2001 et le 19 décembre 2019.
  • Elle vise Loblaw et George Weston, qui ont réglé, ainsi que Metro, Walmart Canada, Tigre Géant et Sobeys, qui nient toujours toute implication dans cette affaire.
  • Le plan de distribution des paiements du règlement de 500 millions $ n’a pas encore été dévoilé, mais il devrait l’être d’ici la fin de l’année.
  • Une partie de ce montant, 96 millions $, a déjà été versée en cartes-cadeaux de 25$, en 2018.
  • Les 404 millions $ restants serviront à payer les frais d’avocats et les membres de l’action collective.
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