Carney s’inspire (un peu) de la stratégie de Trump
La signature d’un « décret » par le premier ministre relève plus du spectacle


Guillaume St-Pierre – analyse
OTTAWA | Mark Carney a fait sa campagne électorale sur le dos de Donald Trump, mais ça ne l’empêche pas de s’inspirer de lui.
Le président américain aime faire son cinéma dans le Bureau ovale avec ses piles de décrets.
Un symbole fort que c’est lui, le patron.
Visiblement, l’opération de marketing politique fait des petits et semble plaire à Mark Carney, qui la reprend à la sauce canadienne, c’est-à-dire très diluée.
Mais le symbole demeure essentiellement le même : l’heure est à l’action, cœurs tendres s’abstenir.
Si les décrets américains possèdent pour la plupart une certaine force légale, le bout de papier qu’a signé Mark Carney hier ne vaut pas grand-chose, concrètement.
Il demande à son ministre des Finances, François-Philippe Champagne, de déposer un projet de loi dès que possible afin de mettre en vigueur avant le 1er juillet la baisse d’impôt promise en campagne électorale.
La baisse de 15 % à 14 % sur la première tranche imposable fera économiser environ 800 $ à une famille de deux revenus.
Ça aurait pu être un courriel
La mise en scène aurait pu être remplacée par une demande de vive voix au ministre Champagne, qui se trouvait à côté de lui, ou par courriel.
La tactique de la signature du bout de papier devant les caméras est audacieuse pour un gouvernement minoritaire qui devra nécessairement se trouver un partenaire de danse au Parlement afin d’adopter la mesure.
Une démonstration de force certaine face à des partis d’opposition affaiblis ou en déroute à l’aube de la rentrée parlementaire.
C’est de bonne guerre.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Mauvais message
M. Carney a été élu sous la promesse d’un gouvernement efficace, agile et ambitieux.
Or, le Conseil des ministres obèse annoncé cette semaine envoie le mauvais message.
C’est plutôt à l’usure que l’on verra si le gouvernement Carney sera capable de livrer la marchandise.
L’ex-banquier a promis de faire du Canada l’économie la plus « forte » du G7, d’abaisser les barrières interprovinciales et de gérer une guerre commerciale sans précédent avec les États-Unis.
Le gouvernement Carney sera jugé en fonction de résultats, pas au nombre de « décrets » symboliques que le premier ministre signe devant les caméras.
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