Carney rattrapé par la réalité de Trump dans ses négociations commerciales avec un président qui tient à ses tarifs

Guillaume St-Pierre – analyse
OTTAWA | Mark Carney change de ton. Pour la première fois, le premier ministre a admis que les tarifs du président Trump sont peut-être là pour de bon.
Son admission d’hier résonne à Ottawa comme un très brusque retour sur Terre.
«Il n’y a pas beaucoup d’évidence à ce moment-ci [que] des accords, des ententes ou des négociations avec les Américains, pour n’importe quel pays, n’importe quelle juridiction, [signifient] d’avoir un accord sans tarif», a-t-il déclaré avant de rencontrer son cabinet en urgence en ce beau mardi de juillet.
Mark Carney nous avait plutôt donné l’habitude de nourrir l’espoir d’un accord avec Trump sans tarifs.
Serait-il en train de faire son deuil d’être en mesure de jouer au sauveur? Le banquier vedette transformé en superhéros capable de désarmer Tarifman?
Gérer les attentes
Il est question ici de gérer les attentes qu’il a lui-même contribué à alimenter. D’abord des Canadiens, qui l’ont élu en bonne partie pour ses qualités de gestionnaire et de négociateur.
Mark Carney a répété à plusieurs reprises, dès la campagne électorale, que l’abandon des tarifs était non négociable pour le Canada.
Une ligne rouge qui n’existe visiblement plus.
Si le Canada ne peut éviter des tarifs élevés, la réputation de Mark Carney comme négociateur s’en trouvera assurément entachée.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Francis Gosselin, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Mais un sondage publié hier par la firme Angus Reid indique toutefois que malgré l’espoir véhiculé par le premier ministre, les Canadiens sont bien conscients que personne ne peut contrôler Trump.
Près de 85% des personnes sondées pensent que Trump ne négociera pas de bonne foi. Aussi, le sondage laisse entendre que bon nombre de Canadiens sont prêts à vivre avec le meilleur accord possible, même si cela signifie de devoir absorber des tarifs.
Or, le plus dur est à venir si Trump poursuit sa guerre tarifaire.
Pour mieux avancer?
L’économie canadienne tourne au ralenti et on commence à observer les effets des tarifs sur l’inflation, au Canada comme aux États-Unis d’ailleurs.
Concrètement, ce sont les emplois de milliers de Canadiens qui sont en jeu.
Depuis quelques semaines, Mark Carney y va de recul en recul.
Recul sur un supposé accord durant le G7, recul sur l’échéance du 21 juillet, recul sur la taxe sur les services numériques, recul sur un avenir possible sans tarifs.
Est-ce que tous ces reculs étaient nécessaires pour mieux avancer?
L’avenir nous le dira.