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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Carney présente le programme d’un conservateur

Le discours du trône présente un programme de gouvernement d’inspiration conservatrice.
Le discours du trône présente un programme de gouvernement d’inspiration conservatrice. Photo AFP
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Photo portrait de Mario Dumont

Mario Dumont

2025-05-28T04:00:00Z
2025-05-28T04:15:00Z
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Dans son discours inaugural, Mark Carney nous présente sans contredit un programme de gouvernement d’inspiration conservatrice. Moins de taxe et impôts, un ménage dans les dépenses, nous sommes à des années-lumière de l’ère Trudeau.

Les idées volées à Pierre Poilievre n’étaient pas seulement un truc électoral. Elles se retrouvent dorénavant au cœur de programme d’action gouvernemental des prochaines années. Au mieux, il reste quelques gestes symboliques et quelques valeurs dites libérales pour décorer les contours.

Disons que le spectacle offert par le passage royal de 24 heures a largement éclipsé le contenu du discours. Les chevaux, le landau, la foule, la parade, nous avons eu droit à un feu d’artifice de symboles et de cérémonies. Assez pour en oublier que ce texte de 20 minutes, si bellement lu par le souverain, eh bien c’est le plan de travail de notre gouvernement fraîchement élu.

Conservatisme

Pourquoi ce programme peut-il être défini comme conservateur? Il y a bien sûr l’abolition de la taxe carbone qui frappe l’imaginaire. La taxe carbone fut une mesure phare des libéraux, décriée par Pierre Poilievre. Non seulement M. Carney se rallie aux arguments des conservateurs, mais, ce faisant, il met la pédale douce sur la priorité aux changements climatiques.

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Il va plus loin en matière d’allègement fiscal en abaissant les impôts et en détaxant les maisons neuves. Il veut aussi resserrer le Code criminel et les libérations conditionnelles. Ce sont des mesures qui relèvent d’une philosophie conservatrice et qui, de surcroît, apparaissaient dans le programme Poilievre.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Le langage des dépenses sonne également conservateur. Restons prudents tant que nous n’aurons pas vu cette nouvelle forme de budget à deux volets. Mais en attendant, nous devons prendre acte du discours de M. Carney qui parle de réduction des dépenses, de réduction de la bureaucratie. Typiquement conservateur.

En fait, la vision d’ensemble qui consiste à couper dans le gouvernement pour redonner de l’argent aux contribuables, c’est à la base de la droite économique, du conservatisme.

Qui a peur?

Ce qui m’amuse, c’est de constater que personne n’a peur ou n’affirme avoir peur. Pourtant, lorsque Pierre Poilievre véhiculait les mêmes propositions, j’entendais et je lisais des commentaires d’électeurs qui disaient avoir peur de ses idées.

Nous vivons dans un pays où la notion de droite ne semble pas tout à fait assumée comme une option normale dans une alternance politique saine. Le plus comique, c’est que les idées conservatrices ne font plus peur lorsqu’elles sortent de la bouche d’un libéral...

L’exemple le plus frappant, c’est la taxe carbone. Abandonner cette politique de lutte aux changements climatiques relevait de l’hérésie. Poilievre passait pour un type qui se fout de l’environnement. Mark Carney reprend l’idée et l’applique sans aucune étude, sans consulter les provinces, et ça passe à merveille. Peu de critique, pas de hauts cris sur l’abandon de nos ambitions climatiques.

Mark Carney va-t-il livrer la marchandise? Son parti va-t-il le suivre jusqu’au bout? Ce mandat s’annonce intéressant.

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