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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Carney porte les espoirs, Poilievre surveille ses arrières

Photos AFP
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Photo portrait de Thomas  Mulcair

Thomas Mulcair

2025-05-01T15:30:00Z
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La victoire des libéraux de Mark Carney lundi soir est historique: quatre mandats d’affilée pour une même formation n’avaient pas été remportés depuis le siècle dernier.

Privé d’une majorité, il gouvernera néanmoins avec une forte minorité. Il n’y aura jamais de répit pour ses whips, qui devront veiller à la présence de suffisamment de députés pour remporter les votes cruciaux.

Il pourra compter sur ce qui reste du NPD. Même si la «vague orange» n’est plus qu’un lointain souvenir, les sept députés néo-démocrates suffisent à offrir la majorité que les électeurs ont refusée.

Vulnérable

Ses détracteurs (et rivaux potentiels) disent que Pierre Poilievre a manqué une occasion en or, gaspillant une avance de 25% sur les libéraux. Le fait qu’il a perdu son propre siège le rend vulnérable.

Trois événements indépendants de sa volonté ont bouleversé le paysage politique du jour au lendemain: le départ de Trudeau, le retour de Trump et l’élection de Mark Carney à la tête du Parti libéral.

Dès le début de la campagne, il était clair que Poilievre se battait encore contre Trudeau et sa taxe carbone. Il ne parvenait pas à lâcher prise, et il lui a fallu des semaines pour ajuster son discours.

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• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Stratégie payante

Poilievre a néanmoins réalisé quelque chose de magistral lundi soir, qui est le fruit de changements stratégiques mûrement réfléchis.

Lorsque Trudeau et Singh ont tenté, il y a un an, de le coincer en présentant une loi contre les briseurs de grève, Poilievre a forcé ses députés à voter pour. C’était audacieux et contre nature; plusieurs conservateurs, selon des sources internes, y étaient réticents.

Ce choix s’est avéré perspicace. À l’heure où Trump fanfaronnait, Poilievre ne pouvait pas le critiquer trop ouvertement. Une part non négligeable de sa base adhère aux valeurs MAGA.

Il a donc préféré parler des préoccupations des travailleurs, de leurs craintes et de la nécessité de les soutenir face aux menaces. Stratégie payante dans les régions industrielles du sud-ouest ontarien, où il a érigé un «mur bleu» autour des villes de production automobile, comme Windsor.

Le NPD, malgré l’appui des dirigeants syndicaux, n’a pas réussi à retenir ces votes ouvriers, qui se sont massivement tournés vers les conservateurs.

Bloc

Mark Carney porte désormais les espoirs du Canada dans sa lutte existentielle contre Trump et il a toutes les chances de réussir.

Le chef du Bloc, jamais humble, se plaît dans son rôle de mouche du coche, faisant croire qu’il tient les rênes: le Parti Québécois est en conflit ouvert avec lui, et cette dissension interne accaparera une bonne partie de son énergie, l’empêchant au moins de nuire davantage.

Le NPD, quant à lui, restera en dormance pour un mandat; il faudra surveiller qui en prendra le leadership. Jack Layton et moi l’avions mené au seuil de la victoire, car ce parti gauchiste du Canada anglais avait pu intégrer, pour la première fois, le Québec. Le retour d’un chef unilingue anglophone pourrait sonner le glas.

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