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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Carney, l’anti-Justin

Après le clown, le vendeur d’assurances...

Photo MEGA/WENN
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Photo portrait de Richard Martineau

Richard Martineau

2025-03-13T04:00:00Z
2025-03-13T04:20:00Z
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Vous souvenez-vous du «vent de fraîcheur» qui soufflait sur le Canada lorsque Justin Trudeau est arrivé au pouvoir? 

Un peu plus d'une année après, quand le président américain a été élu de l’autre côté de la frontière, on le voyait comme « l’anti-Trump ».

Jeune, alors que l’autre était vieux.

Drôle, alors que l’autre était sinistre.

Optimiste face à l’avenir, alors que l’autre ne parlait que de déclin.

Et «rempli de compassion», alors que l’autre était rongé par le ressentiment.

LENDEMAIN DE VEILLE

Eh bien aujourd’hui, les Canadiens tripent sur Carney, car ils le considèrent comme «l’anti-Justin».

Terne, alors que l’autre était «coloré».

Sérieux, alors que l’autre était «fun».

Plate comme un jour sans pain, alors que l’autre donnait l’impression de toujours vouloir s’amuser.

Mature, alors que l’autre était immature.

On est passé d’un extrême à l’autre.

On avait Bozo le clown.

On a maintenant un vendeur d’assurances.

Avec Carney, se dit-on, on ne sera pas la risée du monde.

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En fait, on rira pas pantoute.

Après les montagnes russes de Justin, la 20 un jour de pluie.

Carney, c’est le Pepto-Bismol qu’on prend après une nuit à faire des libations.

Une doudou, une bouillotte.

«Vous avez fait la fête avec Justin et vous avez mal à la tête? Prenez quatre ans de Carney, restez au lit et évitez les excès.»

Comme les Stones chantaient: parfois, tu as ce que tu désires, parfois, tu as ce dont tu as besoin.

Après les chaussettes Star Wars et les grimaces, place aux bas gris et à la face longue.

Comme Donalda, l’électorat est passé d’Alexis Labranche à Séraphin.

Moins tripant.

Plus rassurant.

MANQUE DE «OUMPH»

«Mark Carney est l’homme de la situation», m’a dit un homme qui a travaillé sous ses ordres à la Banque du Canada, l’autre jour à QUB.

«Ses employés l’aimaient tellement qu’ils étaient prêts à se lancer en bas d’un pont pour lui.»

Le hic est que la politique n’est pas une banque.

J’ai un nom pour vous: Michael Ignatieff.

L’homme était brillant. Un intellectuel de haut calibre.

Comme Stéphane Dion, son prédécesseur.

Mais rayon charisme, c’était zéro.

Se pointer dans une élection avec Ignatieff, c’était comme choisir un docteur en sciences musicales pour animer Star Ac.

C’est bien beau, l’expertise.

Mais si l’expertise aidait à gagner des élections, ça se saurait.

Une élection est un show de téléréalité.

Vous imaginez si, au lieu de Big Brother Célébrités, c’était Big Brother Comptables agréés?

Pas sûr que vous seriez au rendez-vous.

GRUJOT ET DÉLICAT

Mais Carney a quelque chose que Pierre Poilievre n’a pas.

Il n’est pas Pierre Poilievre.

Le chef du PCC a beau dire qu’il est fâché, fâché contre Trump, pour de nombreux Canadiens, les deux font la paire.

Comme Grujot et Délicat.

Poilievre n’a que lui à blâmer. Avec son «Axe the Tax» et sa «Révolution du gros bon sens», l’homme a surfé sur la vague Trump.

Maintenant que cette vague menace d’engloutir le Canada, Poilievre tente de nous convaincre qu’il n’a rien à voir avec l’autre.

Trop tard.

À tort ou à raison, beaucoup de Canadiens regardent le chef du PCC et ont peur.

Trop radical, trop excessif.

On veut du modéré.

Du calme, du tempéré.

Un p’tit tour de machine après le parc Belmont de Justin.

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