Carney et Musk misent sur l’IA pour faire le ménage dans les dépenses


David Descôteaux
Elon Musk, via son équipe DOGE, étend l’usage de son agent conversationnel d’IA «Grok» au sein du gouvernement fédéral américain, pour le soutenir dans sa quête en vue de faire économiser les contribuables et de réduire le gaspillage, rapporte Reuters. Mark Carney suit la même voie au Canada.
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Trois sources proches du dossier révèlent que Grok est utilisé pour analyser des données, parfois sensibles, sans approbation officielle, notamment au sein du département de la Sécurité intérieure (DHS). Cette utilisation soulève de graves préoccupations concernant la vie privée, la sécurité nationale et d’éventuels conflits d’intérêts.
Grok, développé par xAI (fondé par Musk en 2023), est capable de produire des rapports, d’analyser des données et d’interagir via des requêtes textuelles. Mais l’usage de cette IA dans des données fédérales pourrait violer les lois américaines sur la protection des informations critiques, souligne l’agence de nouvelles.
Plusieurs experts en éthique et en technologie avertissent que Musk pourrait en tirer un avantage concurrentiel injuste, notamment dans l’attribution de contrats publics.
La participation personnelle de Musk à ces initiatives pourrait violer la Loi sur les conflits d’intérêts s’il est prouvé qu’il agit pour son propre bénéfice économique.
Carney aussi
Plus tôt cette semaine, le premier ministre Mark Carney a annoncé que le Canada commencerait à utiliser l’intelligence artificielle «à grande échelle» afin de rendre l’administration publique plus efficace, dans un contexte de pressions économiques et de recherche d’économies budgétaires.
Dans une lettre adressée à son nouveau cabinet, Carney a défini sept grandes priorités, dont l’une consiste à «réduire les dépenses de fonctionnement du gouvernement» pour dégager des ressources en faveur d’autres engagements.
«J'ai toujours vu ça d'un œil méfiant. On veut tous rendre la fonction publique plus efficace et meilleurs, mais il faut faire attention», met en garde Alex Silas, vice-président exécutif national de l'Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC).
«Cette technologie-là ne peut pas remplacer les êtres humains qui font le travail avec passion et assidûment», ajoute-t-il.
Dépenses en folie
Les dépenses de programmes du gouvernement fédéral devraient atteindre 500 milliards de dollars canadiens au cours de l’exercice actuel, sans compter les intérêts sur la dette. À titre de comparaison, elles s’élevaient à environ 260 milliards en 2016.
Carney a reconnu que les dépenses opérationnelles augmentaient trop rapidement et qu’un contrôle s’imposait, tout en restant évasif sur la manière dont l’intelligence artificielle serait concrètement intégrée aux processus gouvernementaux.