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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Carney et le piège chinois

Le premier ministre du Canada, Mark Carney, et le président de la Chine, Xi Jinping.
Le premier ministre du Canada, Mark Carney, et le président de la Chine, Xi Jinping. Photo AFP
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Photo portrait de Loïc Tassé

Loïc Tassé

2025-11-02T04:00:00Z
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Mark Carney a été officiellement invité en Chine par Xi Jinping. Il a bien entendu accepté l’offre. Le gouvernement de Donald Trump pousse le Canada comme ses autres alliés dans les bras de la Chine. Au point où le gouvernement chinois se présente comme le défenseur du multilatéralisme et du droit commercial international. Un comble. Le monde d’hier n’existe plus. Désormais, trois grands blocs impérialistes émergent: le bloc des États-Unis, le bloc de l’Union européenne et le bloc de la Chine. Chaque bloc montre des forces et des faiblesses. Les pays de chaque bloc tentent d’éviter de devenir des vassaux de la puissance principale. Différentes stratégies sont envisageables. Pour le Canada, se rapprocher de la Chine est une solution possible, mais dangereuse, entre autres parce que nos dirigeants sont souvent naïfs envers la Chine.

1) Pourquoi le Canada n’a-t-il pas le choix de se rapprocher de la Chine?

L’économie chinoise est la première au monde en parité de pouvoir d’achat. Les universités et les centres de recherche chinois sont aussi devenus extrêmement performants. Si nos universités veulent rester à la pointe de la science, elles doivent renforcer leurs liens avec les institutions chinoises de recherche. Cependant, le Parti communiste chinois continue à encourager l’espionnage, pour ne pas dire le pillage, de la recherche étrangère. En plus, le gouvernement chinois interdit le partage des connaissances dans de nombreux domaines qu’il juge névralgiques. La coopération est donc essentielle, mais limitée.

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2) Pourquoi se rapprocher de la Chine est-il une politique contre nature?

La Chine est un régime totalitaire. Le Canada, une démocratie. Les valeurs des dirigeants de chaque pays sont donc fondamentalement différentes. Plus grave, s’il se peut, le gouvernement chinois entretient chez lui et à travers les pays en voie de développement une propagande hostile aux pays riches et en particulier aux pays occidentaux. Les pays riches deviennent ainsi les boucs émissaires de ce qui va mal ailleurs dans le monde. Cette propagande simpliste trouve des adeptes ici même.


3) En quoi les États-Unis poussent-ils leurs alliés dans les bras de la Chine?

Les politiques étrangères arbitraires de Trump provoquent une énorme incertitude dans les marchés et dans les politiques de sécurité. Face à cela, les alliés des États-Unis n’ont pas d’autres choix que de renforcer leur propre économie et leur propre armée. Ils doivent aussi rechercher la stabilité. C’est ce que la Chine prétend leur offrir. Mais surtout, les politiques très destructrices de Trump aux États-Unis mêmes, par exemple en environnement, en éducation ou en santé, vont affaiblir le pays. Les États-Unis ne seront donc plus des alliés aussi puissants qu’auparavant.


4) Quels sont les dangers pour le Canada d’un rapprochement avec la Chine?

Les Chinois sont d’excellents commerçants. La diaspora chinoise leur fournit un relais naturel dans le marché canadien. De plus, les entreprises chinoises sont appuyées en sous-main par le Parti communiste chinois, qui peut leur fournir des capitaux et des réseaux d’approvisionnement contre lesquels les entreprises canadiennes ne peuvent pas rivaliser à long terme.


5) Comment commercer et se protéger?

Le principe de réciprocité légale avec la Chine ne suffit pas, simplement parce qu’au besoin, le Parti communiste chinois peut facilement court-circuiter les cadres légaux. Le Canada devrait s’inspirer des ententes commerciales que la Chine imposait il y a 40 ans aux puissances étrangères. Il devrait mettre en place diverses mesures visant à forcer la propriété canadienne des entreprises chinoises qui font affaire ici.

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