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L'article provient de TVA Nouvelles

Carney a été élu, mais c’est le programme Poilievre qui gouverne

Photos AFP et MEGA/WENN
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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2025-06-05T04:00:00Z
2025-06-05T09:15:00Z
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Un chef politique qui pique le programme de son adversaire, c’est du déjà vu.

Jean Charest, devenu minoritaire en mars 2007, se bricola un programme de gouvernement avec des idées «pigées dans le buffet de l’ADQ», rageait Mario Dumont en mai 2007.

Il y a plus grossier. Pierre Elliott Trudeau, durant la campagne de 1974, ridiculisa une proposition de son adversaire progressiste-conservateur, Robert Standfield: adopter une loi gelant prix et salaires durant 90 jours, afin de casser la spirale inflationniste. Trudeau dépeignit son adversaire en mauvais magicien qui lance des «Zap! Vous êtes gelés!». Réélu le 8 juillet 1974, Trudeau, en 1975, imposa... une loi anti-inflation.

Nos partis libéraux (PLC et PLQ) sont extrêmement versatiles (au sens péjoratif), on le sait. Des rouges me répliqueront que «seuls les fous ne changent jamais d’idée». Certes. Mais la transmutation que Mark Carney opère depuis quelques mois au PLC appartient au calibre olympique de versatilité.

Enthousiasme

Plusieurs ont célébré l’enthousiasme dans lequel a baigné la rencontre des premiers ministres à Saskatoon, lundi.

En fait, il y a souvent beaucoup d’enthousiasme lors d’une première rencontre de ce type. 23 novembre 2015: Justin Trudeau vient d’être élu. Il réunit ses homologues provinciaux. On salua à l’époque la bonne entente, le retour au dialogue. Stephen Harper se refusait depuis six ans à convoquer les PM autour d’une table.

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Un des deux sujets abordés en 2015? Les changements climatiques. Trudeau, en prévision du Sommet de Paris, insistait pour que le Canada présente un front uni et résolu. L’Alberta, avec à sa tête la néo-démocrate Rachel Notley, serait la nouvelle vedette de cette lutte!

Le duc des oléoducs

Moins de 10 ans plus tard, c’est encore un nouveau premier ministre libéral qui est aux commandes, Mark Carney, avec plusieurs des ministres de l’ère Trudeau.

Mais on ne parle plus de climat. Plutôt du développement prétendument nécessaire d’oléoducs et de gazoducs. Après l’abolition de la taxe carbone et la fin de la TPS sur les constructions neuves, le plan Poilievre continue d’être appliqué.

Car on simplifiera le processus d’évaluation environnemental... ce que le conservateur Gérard Deltell proposait dans un projet de loi en ce sens en 2024.

Et les frontières... On n’a jamais été aussi loin du fameux «tweet» de Trudeau en 2017 où il invitait «ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre» à venir se réfugier dans le Dominion! Les ministres du même parti, mais de l’ère Trudeau, Mark Miller en tête, auraient assurément qualifié de xénophobe le projet de loi présenté mardi par le ministre libéral Anandasangaree, lequel permettra à Ottawa de refuser les demandes d’asile en masse.

Je veux bien que l’élection de Trump ait changé la donne. Mais M. Carney n’a-t-il pas écrit un livre intitulé Values? Et quelles étaient les convictions de ceux dans son équipe qui ont défendu le programme Trudeau pour ensuite, aujourd’hui, répudier à peu près tout ce qu’il contenait?

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