Carlson charmé par la propagande de Poutine

Jadis, les dirigeants de l’URSS invitaient chez eux des personnalités de l’Ouest. Ces personnalités avaient un trait commun: elles voulaient croire aux miracles du communisme. Jean-Paul Sartre, l’intellectuel le plus célèbre de la gauche d’après-guerre, constitue l’exemple parfait de ces personnalités qui avaient la chance de faire de merveilleux voyages en Russie. Sartre a écrit une immense somme de bêtises sur le communisme et sur la Russie. Ce serait de faire beaucoup trop d’honneur à Tucker Carlson que de le comparer à Sartre. Cependant, comme lui, il a été embobiné par les dirigeants russes. Comme lui, il dispose d’un vaste auditoire auquel il peut dispenser ses réflexions politiques, toutes plus tordues les unes que les autres. L’entrevue que Vladimir Poutine lui a accordée montre combien Poutine le domine, comme un chat qui joue avec une souris.

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1) Pourquoi Poutine a-t-il accordé une entrevue à Carlson?

Carlson soutient inconditionnellement Donald Trump et les idées des conspirationnistes américains. Par exemple, il a accusé Justin Trudeau d’être un dictateur. Il a affirmé que le Canada était en train de devenir un Cuba du nord et il a suggéré que l’armée américaine l’envahisse. La pseudologique de Carlson ressemble à celle de Poutine qui a envahi l’Ukraine sous prétexte que le gouvernement de Kyiv était aux mains de nazis. La naïveté politique de Carlson confère à la stupidité. Il est donc facilement manipulable. En fait, il ne demande qu’à être davantage convaincu de ses lubies. Les interventions de Carlson sont pro-Russes au point où elles sont reprises par les médias russes.

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2) Pourquoi accorder cet entretien maintenant?

Poutine est en campagne électorale, même si pour le moment aucun candidat ne se présente officiellement contre lui. L’entrevue de Carlson est pour Poutine une façon de dire aux Russes: «Vous voyez, même des journalistes américains écoutent ce que j’affirme sans me contredire.» Cette entrevue est aussi une manière de soutenir Trump, qui, lui aussi, est en campagne électorale. Poutine a louangé la compréhension de la politique internationale de Trump et il a donné dans les théories du complot en laissant entendre que les services secrets américains informaient mal le président, en plus de lui désobéir.

3) Qu’est-ce que Poutine a dit dans l’entrevue?

L’entrevue de Poutine dure plus de deux heures. Au début, il y donne une longue leçon d’histoire sur la Russie et sur l’Ukraine. Il aborde aussi les relations entre la Russie et l’OTAN, en indiquant que les dirigeants de l’OTAN ont empêché la Russie d’y adhérer. Il discute de plusieurs autres sujets, comme les relations entre la Russie et la Chine, le déclin de la puissance américaine, l’emprisonnement d’un journaliste américain pour espionnage, le danger des manipulations génétiques humaines ou les menaces de l’intelligence artificielle et la nécessité de parvenir éventuellement à des accords internationaux pour la contrôler. 

4) Qu’est-ce que Poutine ne dit pas?

Poutine oublie de mentionner l’occupation de l’Ukraine par la Russie au 19^e siècle et au début du 20^e siècle. Il ne parle pas de l’oppression russe, ni de l’oppression soviétique ou des famines provoquées par Staline. Il ne dit pas que c’est sa transformation de la Russie en dictature qui a éloigné l’OTAN et l’Ukraine de la Russie. Il dénonce le nazisme au Canada parce qu’un nazi y a été applaudi au Parlement, mais ne dit pas qu’il s’agissait d’une erreur qui a épouvanté tous les élus. Bref, Poutine ment par omission.