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L'article provient de Le Journal de Québec
Environnement

Caribous menacés: l'industrie forestière propose de miser sur la chasse aux prédateurs

Les forestières proposent l’idée au lieu de fermer des chemins

Photo d’archives
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Photo portrait de Geneviève Lajoie

Geneviève Lajoie

2022-06-03T04:00:00Z
2022-06-03T19:39:51Z
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Pour préserver les caribous, le Conseil de l’industrie forestière (CIFQ) suggère de prioriser la chasse aux prédateurs, comme le loup et l’ours, avant de fermer les chemins forestiers à grands frais.

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Notre Bureau parlementaire a mis la main sur le mémoire des représentants de l’industrie du bois devant être présenté à la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards.

Rappelons que le gouvernement Legault a repoussé le dépôt de son plan pour assurer la survie de cette espèce menacée, préférant créer cette instance qui a tenu une série de consultions au cours des deux derniers mois.

C’est que le caribou est en déclin au Québec. Certaines populations sont particulièrement fragilisées, comme la harde de Charlevoix, qui compte 16 individus, et celle de Val-d’Or, ne regroupant plus que neuf animaux. Ces deux cheptels vivent désormais en enclos.

«Les membres du CIFQ sont grandement préoccupés par la situation du caribou. Par leurs actions, ils ont contribué et veulent continuer à contribuer à la mise en place de solutions durables pour protéger le caribou», souligne-t-on dans le document de 50 pages.

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Des pertes pour l’industrie

Les forestières ne cachent pas toutefois que la survie de cet animal emblématique du Québec impacte considérablement leur industrie. Les mesures déjà en place pour protéger l’habitat de cette espèce menacée entraînent une «perte d’activité économique de l’ordre d’environ 150 M$ annuellement», précise-t-on.

La multiplication des chemins forestiers et les coupes forestières ont contribué au fil des années à diminuer la qualité de l’habitat du caribou forestier. Et les prédateurs profitent allègrement de ces forêts clairsemées.

Le gouvernement a déjà recours actuellement au piégeage des loups qui menacent la harde de caribous de Charlevoix. L’abattage ciblé héliporté de prédateurs a aussi déjà été utilisé en Abitibi-Témiscamingue pour protéger la population restante de cervidés.

L’industrie du bois croit qu’il faut miser sur la traque du loup, du coyote et de l’ours, notamment en collaborant avec certaines communautés autochtones qui détiennent les droits exclusifs de chasse et de piégeage.

«Le CIFQ recommande de prioriser les mesures de gestion des prédateurs, pour réduire la mortalité précoce du caribou, avant d’envisager des mesures coûteuses et fort désavantageuses de démantèlement des chemins».

Le recours aux enclos de maternité pour protéger les femelles gestantes est aussi une voie à prioriser pour les cinq prochaines années, suggère-t-on dans le mémoire.

Aires de production intensive

Pour compenser les zones réservées à la préservation de l’habitat du caribou, l’industrie demande de pouvoir faire de la production forestière intensive sur des territoires plus près des usines.

«L’industrie forestière n’a pas besoin de kilomètres carrés pour produire les différents produits qui répondent aux besoins des marchés, mais bien plutôt de mètres cubes. Le développement d’une foresterie pratiquée de façon plus dynamique combinée à une intensification des budgets liés aux travaux sylvicoles permettrait, à long terme d’obtenir les mêmes volumes sur des superficies plus petites», plaide-t-on dans le document.

Le CIFQ signale que la protection du caribou ne doit pas occulter son impact social et économique. «La vitalité de près de 900 municipalités du Québec dépend de près ou de loin de l’industrie forestière», qui sera la principale affectée par les décisions qui seront prises. 

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