Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Cannes: quand l'IA rencontre le septième art

AFP
Partager

AFP

2025-05-16T04:06:25Z
Partager

La montée de l'intelligence artificielle (IA) n'épargne pas le Festival de Cannes, où cette technologie est largement discutée dans les couloirs du Marché du film, même si elle effraie particulièrement certains scénaristes qui y voient une menace pour la créativité.

• À lire aussi: Le Festival de Cannes écarte un acteur en raison d'accusations de violences sexuelles

• À lire aussi: Festival de Cannes: voyez les plus belles photos du tapis rouge de «Mission: Impossible»

• À lire aussi: Discours anti-Trump: «Beaucoup pensent comme moi» dans le cinéma, dit Robert De Niro

Signe de la puissance du concept, l'IA s'installe comme un super-méchant de choix dans les grosses productions américaines.

Dans «Mission: Impossible - The Final Reckoning», hors compétition et au cinéma la semaine prochaine, Ethan Hunt [Tom Cruise] passe près de trois heures à combattre «l'Entité», une IA malfaisante et hors de contrôle dont le but est d'éradiquer l'humanité.

En Séance de minuit, «Dalloway» du Français Yann Gozlan [en salles le 17 septembre] raconte l'histoire d'une romancière incapable d'écrire depuis six ans [Cécile de France], qui intègre une prestigieuse résidence d'artistes pour retrouver l'inspiration.

Pour écrire son livre, elle est assistée d'une IA générative [à laquelle la chanteuse française Mylène Farmer prête sa voix] de plus en plus envahissante, conduisant l'héroïne à contester ses intentions.

Publicité

Dans ce thriller psychologique, Yann Gozlan [«Boîte noire»] interroge l'impact de la technologie sur la création. «Est-ce que ça va être un outil qui va finalement un peu nous asservir et nous supplanter? C'est une vraie angoisse», s'inquiète-t-il.

Économies

Dans le film, «le personnage devient extrêmement accro à son IA et elle se retrouve dans une situation où, pratiquement, elle n'arrive plus à écrire sans Dalloway [le nom l'IA]».

«Je sais qu'il y a des scénaristes qui utilisent ChatGPT comme des assistants», affirme Yann Gozlan, qui refuse de s'y résoudre.

«Quelque part, quand vous déléguez une tâche, à force de la déléguer, je pense que vous perdez la capacité de la faire», craint le réalisateur, qui anticipe une perte de la faculté d'écrire.

Déjà, dans les couloirs du plus grand marché du film du monde, des sociétés proposent différentes formes de services pour faire gagner temps et argent aux sociétés de production.

Pour Sami Arpa, cofondateur de la société Largo.ai, «l'IA va améliorer la créativité, c'est notre point de vue».

Son outil «analyse le contenu [des films], donne un aperçu des points forts, des points faibles. On analyse les personnages, on fait des propositions d’audition, quel acteur conviendra le mieux à quel personnage et, ensuite, on fait des prédictions pour les résultats financiers attendus au box-office ou sur les plateformes de diffusion en continu», détaille-t-il.

L'IA permet de réduire le budget des productions, affirme le patron de la société, «ça permet aux gens de découvrir de nouveaux genres, différents formats, ça ouvre de nouveaux horizons».

L'humain au centre

«C'est simplement un assistant qui accélère les choses [...] tout en mettant la créativité humaine au centre», dédramatise M. Arpa.

Largo.ai a plus de 600 clients en Europe et aux États-Unis, allant des studios aux producteurs en passant par les distributeurs, pour des productions pouvant aller jusqu'à 150 millions de dollars.

Lundi, le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, a tempéré les risques que fait peser l'IA sur la création.

«Sur les scénarios, sur la littérature, je ne suis pas sûr qu'il faille être très inquiet», a-t-il avancé.

«L'intelligence artificielle ne va pas inventer l'idée qu'un type goûte une madeleine et, hop, 500 pages derrière», s'est amusé Thierry Frémaux en référence à «La recherche du temps perdu» de Marcel Proust.

«Donc il y a quand même encore de l'espoir, qui est un espoir donné aux créateurs», a-t-il souligné.

«Je viens d'une école française de la protection des auteurs, de l'exception culturelle, de la défense, quoi qu'il arrive, des auteurs», a rappelé celui qui dirige le plus grand festival de cinéma du monde depuis 2007.

Il a donc invité les géants de la technologie à poser des limites à ce nouvel outil.

Publicité
Publicité