Cancer du côlon: sa dernière lueur d’espoir se trouverait au Japon
L’homme de 39 ans a amassé les fonds nécessaires pour obtenir à l’étranger un traitement qu’on ne lui offrirait pas ici


Jonathan Tremblay
Un père de famille aux prises avec un cancer du côlon, et à qui l’on ne donne pas plus de quelques mois à vivre, s'envolera sous peu ce qui pourrait s'avérer être sa dernière chance, soit un traitement offert au Japon.
«Ce qui me touche le plus, ce sont mes enfants et ma blonde. J’ai le sentiment de les laisser derrière moi», soufflait cette semaine au bout du fil Christian Beaulieu, visiblement affaibli par la maladie.
En mars 2021, trois semaines seulement après la naissance de son deuxième enfant, le petit Laurier, l’homme aujourd’hui âgé de 39 ans a accueilli avec effroi le verdict qu’il redoutait tant.
Après plus de deux ans à vivre avec des symptômes, on lui annonçait qu’il était atteint du cancer du côlon.
«On mettait ça sur le dos de mon anxiété, ou du côlon irritable. Mais ça empirait toujours. On me disait qu’à mon âge, ça ne pouvait pas être le cancer», se désole le résident du quartier Montcalm, à Québec, qui en veut aux spécialistes qui n’ont pas sonné l’alarme plus tôt.
«C’est choquant, a-t-il poursuivi. Mais il faut apprendre à vivre avec. Je ne peux pas revenir dans le passé.»
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Celui-ci désire d’ailleurs prévenir quiconque ressent des anomalies physiques et ne se sent pas bien guidé de ne pas craindre de prendre les choses en main.
«Ça peut valoir la peine d’aller au privé, pour 500$, et d’avoir l’heure juste. Je regrette de ne pas avoir fait ça par moi-même», a admis M. Beaulieu.
Plus rien ne va
Lorsque le couperet est tombé, les experts lui on dit qu’il vivrait tout au plus quelques années, s’il était chanceux.

«Mais là, les traitements ne fonctionnent plus, a-t-il dit. J’ai aussi un foie de magané, ce qui réduit les options pour moi, ici. Mon foie ne pourrait pas métaboliser la chimio.»
«On ne me donne pas grand espoir. On m’a donné de 3 à 6 mois à vivre, il y a de cela trois semaines», a expliqué celui qui a perdu environ 80 livres depuis le début de la maladie.
Or, même s’il parle parfois au passé malgré lui, Christian Beaulieu tente tant bien que mal d’en préserver, de l’espoir.
Des projets
Il a communiqué avec un Britannique, aussi père de famille et atteint par le même cancer, qui a été traité avec succès au Japon.
«Pour lui, le CAR-T Therapy, ç’a super bien marché. Le traitement se donne au Québec, mais il n’est pas autorisé pour mon type de cancer. Et là-bas, il est permis.»
Donc, l’entrepreneur en construction, amateur de vélo et de Formule 1, voit cette opportunité en quelque sorte comme sa dernière chance de ne pas quitter sa petite famille, et de se battre jusqu'au bout.
«J’ai espoir que ça fonctionne, mais je demeure réaliste. Je sais qu’ils vont être bien entourés», a-t-il confié à propos de sa conjointe et de ses enfants, entrevoyant tout de même le pire.
«Ce que j’aimais le plus, c’était d’avoir des projets avec ma blonde. On voulait acheter des immeubles, et faire des rénovations, a soufflé Christian Beaulieu. C’était de beaux projets.»
«Ma fille de 5 ans, Margot, comprend de plus en plus. On lui dit que papa va peut-être être au ciel bientôt», a-t-il flanché, la gorge nouée.
«Qu’il va toujours être dans son cœur, même s’il n’est plus là physiquement», a terminé le père, en larmes.
Pour réaliser ce projet, son ami de longue date Thomas Casault a mis sur pied une campagne de sociofinancement qui a déjà dépassé les 105 000 $ estimés nécessaires pour le traitement et le voyage, et ce, après quelques jours seulement.
«Il m'a appelé ce matin pour me dire qu'il partait le 11 septembre. Les billets sont achetés. Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas entendu aussi content. Je pense que ça va lui faire du bien de montrer à ses enfants qu'il est allé au bout de ce qu'il pouvait faire», a raconté au Journal M. Casault, jeudi après-midi.
«C'est un soulagement. On est vraiment émue du geste de générosité des gens, qui en seulement 35 heures, ont amassé ce gros montant, a ajouté la conjointe de Christian, Émilie Girard-Tremblay. On part toute la famille avec lui, et on va rester avec lui là-bas un mois, le temps des traitements. Ce sont des montagnes russes depuis deux ans. Ça fait trois semaines que c'est plus intense. On survit.»
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