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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Le pari format géant du CH: découvrez Tyler Thorpe

L'espoir des Canadiens à la charpente imposante connaît une progression remarquable

Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
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Photo portrait de Nicolas Cloutier

Nicolas Cloutier

2024-08-23T04:00:00Z
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«Nous avons reçu des appels de pratiquement toutes les équipes. Toutes les équipes l’aimaient, mais elles ne savaient pas du tout où le classer», raconte au téléphone l’entraîneur-chef des Giants de Vancouver, Manny Viveiros, au sujet de Tyler Thorpe.

Cet attaquant géant de 6 pi 5 po repêché au cinquième tour par les Canadiens de Montréal le 29 juin dernier aurait pu être réclamé plus tôt, assure Viveiros. L’ennui, c’est que Thorpe est apparu très soudainement sur le radar des équipes de la Ligue nationale de hockey, qui étaient ainsi encore hésitantes.

À 15 ans, Thorpe mesurait 5 pi 11 po et 165 lb; il ne cassait rien dans le U15 AAA. À 16 ans, au cœur d’une spectaculaire poussée de croissance, il évoluait dans une modeste ligue du junior B en Colombie-Britannique, l’obscure PIJHL. En 2022-2023, il a très peu produit dans la BCHL et la WHL et a été ignoré à sa première admissibilité au repêchage de la LNH. Et puis l’an dernier, pouf. Le géant est arrivé au camp d’entraînement des Giants dans une forme splendide, lui qui avait entrepris de sculpter la grosse charpente qu’il apprenait à peine à apprivoiser.

«Au départ, je ne savais même pas si j’allais l’utiliser au sein des deux premiers trios, mais il m’a impressionné dès le premier jour du camp, confie Viveiros. À la fin de la saison, il était sur notre premier avantage numérique. Dans un très court laps de temps, il est parvenu à développer le corps d’un athlète, et ce qui a aussi joué en sa faveur, c’est son QI hockey. Il comprend rapidement. Il ne refait jamais la même erreur.»

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Thorpe a marqué sept buts dans les cinq premiers matchs de la saison, qu’il a terminée avec une récolte de 44 points, dont 23 buts, en 51 rencontres au sein d’une formation faible à l’attaque – il a fini troisième buteur de l’équipe malgré 16 matchs ratés en raison d’une blessure à un poignet.

Les Canadiens ont ainsi misé sur un gros bonhomme dont la courbe de progression est ascendante, et ce, de façon très prononcée.

«Sa transformation est assez remarquable, s’émerveille Viveiros. Il a mis les bouchées doubles. Il est devenu plus fort, plus rapide. Il a un tir lourd qui est digne du prochain niveau. Son coup de patin est de mieux en mieux.»

Les chances de réussite d’un choix de cinquième tour laissent à désirer, mais Viveiros ose imaginer son poulain dans la LNH.

«Je le vois comme un attaquant de puissance, un gars qui bataille ferme autour du filet et qui gagne les bagarres pour la rondelle le long des rampes», se prononce-t-il. 

Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

Toujours importante, la grosseur

Lorsque les Canadiens ont réclamé Thorpe au 130e rang, Justin Poirier était disponible.

En fait, il l’est demeuré jusqu’au 156e rang.

Si l’on inclut les séries, Poirier a inscrit, à 17 ans seulement, 69 buts en 85 matchs dans la LHJMQ, 46 de plus que Thorpe.

Oui, les mensurations des joueurs demeurent importantes aux yeux des équipes de la LNH. Le succès de Cole Caufield et d’Alex DeBrincat n’y changera rien: les athlètes de nos jours sont plus gros, plus forts et plus rapides que jamais.

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«Les derniers champions de la Coupe Stanley étaient composés de joueurs imposants qui pouvaient patiner, souligne Viveiros, qui a été entraîneur adjoint avec les Oilers d’Edmonton en 2018-2019. C’est le facteur qui fait la différence quand tu dois trancher entre un petit joueur talentueux et un plus gros joueur, moins habile, qui peut tout de même se déplacer efficacement.»

On peut s’inscrire en faux, mais la plupart des dirigeants de la LNH pensent de cette façon.

Comme Josh Anderson

La prochaine étape pour Thorpe: devenir plus méchant.

Être aussi imposant est une réalité somme toute nouvelle pour lui. Il a les outils pour dominer match après match sur le plan physique, mais ce n’est pas encore tout à fait inné.

«C’est l’un des plus gentils jeunes hommes que tu vas rencontrer, avoue son entraîneur. Mais ce côté méchant est en lui. Quand ça va brasser, il va se fâcher. Il apprend à utiliser son gabarit. Les choses déboulent très rapidement pour lui.»

Lorsqu’il parviendra à développer cette proverbiale présence physique qui met les autres équipes sur les talons, Thorpe pourra jouer à la hauteur de son potentiel.

«Nous nous attendons à une grosse saison de sa part, affirme Viveiros. Il est beaucoup plus efficace quand il pratique un style plus rugueux et vilain. Nous allons travailler là-dessus l’an prochain puisque les équipes de la LNH s’attendront à ce que ce genre d’élément se retrouve dans son jeu.»

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Le pilote des Giants évoque Josh Anderson comme un exemple à suivre.

MARTIN ALARIE / AGENCE QMI / LE JOURNAL DE MONTRÉAL
MARTIN ALARIE / AGENCE QMI / LE JOURNAL DE MONTRÉAL

«C’est l’un des gars qui est toujours le premier en échec avant. Il gagne ses batailles autour du filet et il est très difficile à jouer contre», décrit-il, en dépit de la saison laborieuse que vient de connaître le numéro 17.

Au mois de février, Thorpe a évité une catastrophe lorsque Sam Ward, défenseur du Wild de Wenatchee, a malencontreusement posé son patin sur un de ses poignets. Le jeune homme s’en est heureusement sorti sans dommages irréversibles, mais une opération a mis fin à sa saison.

Il faut souhaiter que Thorpe retrouve rapidement toute la mobilité et la puissance de son poignet puisqu’après tout, un tir très lourd qui «traverse les gardiens», image Viveiros, est sa marque de commerce. S’il faut se fier au mince échantillon de Thorpe au camp de développement des Canadiens, où il a très bien paru, il n’y a pas de souci à se faire.

Comme ce fut le cas pour Florian Xhekaj, la prochaine saison sera assez déterminante. Elle pourrait réconcilier les partisans sceptiques avec cette sélection... ou accentuer les doutes envers un attaquant aux chiffres modestes repêché à sa deuxième année d’admissibilité. 

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