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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

Campagne électorale: Les priorités des Autochtones sont encore ignorées

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Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador

2022-09-20T09:00:00Z
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À mi-chemin de la campagne électorale, de façon décevante, mais sans grande surprise, les priorités des Premières Nations sont presque complètement passées sous silence. 

Pourtant tous les grands enjeux de l’heure concernent aussi et souvent directement les Autochtones.

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Les pénuries de main-d’œuvre sont le défi numéro un des entreprises au Québec. Or, les communautés autochtones se distinguent par la jeunesse de leur population. Nous avons des jeunes vaillants, de mieux en mieux éduqués, désireux de contribuer à leur manière au développement de leur communauté et au progrès économique du Québec et des régions. Quelle est la place des Premières Nations dans la stratégie de réponse aux pénuries de main-d’œuvre des partis en campagne?

On parle abondamment d’énergie dans cette campagne. D’énergie renouvelable. Même de nouveaux barrages. Peut-on encore aujourd’hui, en 2022, imaginer développer des ressources sur le territoire historique de nations autochtones sans qu’elles soient à la table des partenaires et des décideurs?

Dans cette campagne, il est question de santé, de listes d’attente en chirurgie, de manque de personnel. Nous vivons aussi ces situations, très durement. Dans les jours précédant la campagne électorale, le ministre de la Santé s’est rendu d’urgence dans le Nunavik pour constater l’abandon de certaines communautés totalement dépourvues de services de santé.

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En somme, la campagne se déroule sans tenir compte de la réalité des Autochtones, de leur vécu, de leurs besoins, de leurs ambitions. Elle se déroule dans l’indifférence face à ce qui va mal, autant que dans l’ignorance quant à ce qui va bien. Car il y a aussi des choses positives dans nos communautés. Il y a une fierté retrouvée, une culture qui s’affirme, des entrepreneurs qui réussissent, des projets inter communautés qui se réalisent et qui font du bien.

Un débat nécessaire

Faute d'être interpelés par la campagne, nous avons nous-mêmes interpelé la campagne. Nous avons pris les devants et nous avons invité les partis à une table de débats qui aura lieu ce soir. Les cinq formations électorales ont été invitées et quatre d’entre elles ont accepté de se joindre à nous. Nous les remercions. 

Lors de cette table de débats, nos préoccupations les plus prioritaires seront soumises aux participants. Il sera notamment question d’autodétermination, de territoire, de ressources, de culture, de partenariat nation à nation.

La tenue de cet événement est à la fois une consolation et une démonstration que nous devons faire des pieds et des mains pour que notre voix soit entendue. Au cours des dernières années, nous avons mené plusieurs batailles sur différents fronts afin de dénouer des enjeux importants comme l’inclusion de la notion de sécurisation culturelle dans la modification de la Loi sur la santé et les services sociaux et la réforme de la Loi sur la protection de la jeunesse. Nos inquiétudes demeurent vives dans plusieurs dossiers, notamment quant à la réforme de la loi 101 ou encore les répercussions importantes qu’aura le projet de loi 96 sur nos communautés, un projet qui a tout récemment été adopté par l’Assemblée nationale. 

Racisme systémique

Parmi ces déceptions, nous ne pouvons passer sous silence la façon dont le premier ministre sortant a, une fois de plus, refusé d’admettre que le racisme systémique envers les Autochtones lors du premier débat des chefs. Qualifiant la situation ayant mené au décès de Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette il y a deux ans comme étant « réglée », François Legault a démontré tout le chemin qu’il nous reste encore à faire, en tant que société, afin de nous assurer que ces situations, encore bien présentes en 2022, ne se reproduisent plus.

C’est donc avec la main tendue et le cœur ouvert que nous serons à l’écoute des différents partis ce soir alors qu’ils présenteront leurs engagements en matière d’affaires autochtones. Nous espérons que les partis sauront saisir cette opportunité d’inclure les Premières Nations dans les décisions qui forgeront le Québec de demain. 

 

Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador

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