Legault charmé par la promesse de Poilievre en immigration

François Legault a louangé Pierre Poilievre, jeudi, pour sa promesse de transférer au Québec la sélection d’une partie des immigrants temporaires. Il invite maintenant Mark Carney à en faire autant.

«C’est un grand geste dans la bonne direction et j’espère que les autres chefs fédéraux vont faire la même chose maintenant», a lancé le premier ministre caquiste au moment de présenter sa traditionnelle «liste d’épicerie» pour la campagne électorale fédérale.

François Legault a même qualifié «d’extraordinaire» l’engagement du chef conservateur de confier au Québec la sélection d’environ 90% des immigrants accueillis dans le cadre du Programme de mobilité international (PMI).

Pierre Poilievre en a fait l’annonce lors d’un discours, mercredi, consacré à la «nation québécoise». «Un gouvernement conservateur va donner plus de pouvoir de sélection au Québec pour l’immigration temporaire – parce que c’est à Québec – et non à Ottawa – de décider des besoins», a-t-il déclaré dans la capitale nationale.

Le gouvernement caquiste réclame depuis des années le plein contrôle des pouvoirs en immigration, sans succès.

«C’est tout un gain pour le Québec», s’est félicité François Legault.

Pas de favori

Pour autant, le premier ministre caquiste refuse d’inviter les Québécois à voter pour l’un ou l’autre des chefs fédéraux, comme il l’avait fait en 2021.

Cette année-là, il avait mis en garde les électeurs contre les partis centralisateurs, indiquant ainsi une préférence pour les conservateurs d’Erin O’Toole.

La manœuvre avait créé un froid avec Ottawa après le retour au pouvoir de Justin Trudeau. Encore l’automne dernier, François Legault appelait le Bloc Québécois à faire tomber les libéraux fédéraux.

Mais avec l’arrivée de Mark Carney, il laisse la chance au coureur. «On n’a pas encore eu toutes les propositions du Parti libéral du Canada», dit M. Legault.

Il laisse toutefois planer la possibilité de se positionner d’ici la fin de la campagne électorale, en fonction des réponses à ses demandes en immigration. «J’espère qu’ils seront tous d’accord, parce que sinon la question sera différente», a souligné François Legault en anglais.

Demandes du Québec

Comme par le passé, Québec demande aux partis fédéraux de s’engager à réduire de moitié le nombre d’immigrants temporaires sur son territoire d’ici trois ans. «C’est vraiment la priorité des priorités», assure François Legault.

Cela représente une réduction d’environ 100 000 demandeurs d’asile et 100 000 participants au PMI.

Pour y arriver, le premier ministre compte en partie sur le refus de certaines demandes d’asile au terme du processus. Mais il ne réclame plus à Ottawa d’organiser des départs forcés pour d’autres provinces, comme il l’avait fait durant son séjour à Paris.

Dans la guerre tarifaire qui oppose le Canada aux États-Unis, Québec demande également de protéger les secteurs-clés de son économie, dont la gestion de l’offre, le secteur aérospatial et la culture.

Les chefs des partis fédéraux doivent également s’engager à investir «massivement» dans les infrastructures, à encadrer le pouvoir du fédéral de dépenser dans les champs de compétences du Québec et à cesser de dédoubler les évaluations environnementales des projets sur le territoire québécois.

«On a fait des choix pour bien cibler et pour avoir des résultats», dit François Legault.

Voyage en Allemagne

Vendredi, le premier ministre mettra le cap sur l’Allemagne, où il espère conclure des ententes pour profiter de la course aux armements déclenchée par l’arrivée de Donald Trump.

«On s'attend à ce que dans les prochaines années, il y ait des investissements énormes en matière de défense», dit-il.