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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Campagne électorale: des enjeux en éducation écartés

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Kathryne Lamontagne, Daphnée Dion-Viens | Journal de Montréal

2022-09-21T10:38:33Z
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L’éducation est la grande absente de la présente campagne électorale, déplorent des intervenants et experts qui invitent les partis politiques à proposer de véritables remèdes pour soulager les maux qui affligent l’école publique. 

• À lire aussi: Prochain gouvernement de la CAQ: Dubé à la Santé, pas de garantie pour Roberge à l'Éducation

«C’est inacceptable. Il faut que la population exige que les différents partis politiques se penchent sur la question de l’éducation », martèle Mélanie Marsolais, directrice du Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage. 

Décrochage, manque de reconnaissance du métier d’enseignant, « dérive » des écoles publiques, pénurie de personnel : des enjeux majeurs semblent avoir été complètement écartés de l’actuelle campagne électorale, déplorent plusieurs. 

« Les enfants du primaire et du secondaire, ça ne vote pas », ironise Claude Lessard, professeur émérite à l’Université de Montréal et ancien président du Conseil supérieur de l’éducation.  

Les partis préfèrent discuter « du foutu troisième lien, qui accapare l’attention de tout le monde », laisse-t-il tomber. 

Écoutez l'entrevue avec Isabelle Baril à l’émission de Philippe-Vincent Foisy  diffusée chaque jour en direct 6 h 50 h via QUB radio :   

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Au-delà des bâtiments  

Au cours des dernières semaines, les cinq partis politiques ont dévoilé différentes mesures pour l’éducation, s’engageant tous notamment à investir dans les infrastructures scolaires (voir plus bas). 

S’ils saluent cette initiative, des experts soutiennent toutefois qu’il importe de s’attaquer aussi à autre chose que l’état des bâtiments.

Écoutez l'entrevue avec Jean-François Roberge à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour en direct 7 h 45 via QUB radio : 

Ils ciblent comme priorité absolue l’abolition de « l’école à trois vitesses » qui prévaut actuellement au Québec.  

Ce système fait en sorte que les écoles privées subventionnées ainsi que les écoles publiques qui offrent des programmes particuliers – comme les concentrations en sport ou en arts, par exemple – s’arrachent les élèves qui performent le plus et qui proviennent de familles aisées.

Les élèves en difficulté, eux, se retrouvent concentrés dans des classes ordinaires.

Pas une chance égale de réussite

« Tous les enfants n’ont pas une chance égale de réussir », illustre Michel Perron, professeur retraité à l’Université du Québec à Chicoutimi et expert en matière de décrochage scolaire.  

« La classe régulière au public est en train de devenir tout sauf un endroit d’apprentissage de qualité qui offre un avenir intéressant pour les jeunes », renchérit M. Lessard.  

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Seuls le Parti libéral et Québec solidaire ont proposé des mesures pour améliorer cette situation. La CAQ a quant à elle pris des engagements pour lutter contre le décrochage. 

Mais ces derniers sont « largement insuffisants », plaide Mélanie Marsolais, qui soutient d’ailleurs que l’école à trois vitesses mène au décrochage scolaire.

Une réflexion s’impose 

Pour les experts interrogés par Le Journal, une grande réflexion sur le milieu de l’éducation s’impose. 

« On parle de l’avenir des enfants, de l’éducation de la relève, des bases qui permettent à l’économie moderne de rouler », rappelle Michel Perron. 

« Mais ça implique de prendre du temps, mettre des ressources pour analyser ça comme il faut, débattre, en discuter. Et changer des choses majeures », poursuit-il. 

Pour y arriver toutefois, il faut une volonté politique, ce qui n’est pas gagné, selon Claude Lessard. 

« Les élites politiques ne connaissent rien à l’école publique parce que leurs enfants et eux-mêmes sont allés à l’école privée », se résigne-t-il.   

Principaux engagements des partis en matière d’éducation

Coalition Avenir Québec, de François Legault

Photo Martin Chevalier
Photo Martin Chevalier

  • Ajout de 2 G$ supplémentaires pour la rénovation ou l’agrandissement des écoles primaires et secondaires en plus d’une augmentation du nombre d’espaces verts.  
  • Accroître l’offre de services professionnels pour les jeunes en difficulté d’apprentissage par l’entremise d’une plateforme web. 
  • Création de 20 nouvelles chaires de recherche en études québécoises. 
  • 300 $ par année à chaque enseignant pour l’achat de livres d’auteurs québécois dans leur classe. 
  • Mise en place de Clic École, une plateforme numérique pour faciliter les interactions entre les parents et l’établissement scolaire de leur enfant.  
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Parti libéral du Québec, de Dominique Anglade 

Photo Martin Chevalier
Photo Martin Chevalier

  • Ajout de 4 G$ aux investissements prévus pour remettre à niveau les écoles primaires et secondaires. Amélioration de la qualité de l’air dans les écoles et mise à niveau des infrastructures d’enseignement supérieur.
  • Accès gratuit à une concentration pédagogique (ex. : sport-études) dans les écoles publiques jusqu’à concurrence de 5000 $.
  • Bonification du supplément aux parents pour l’achat de fournitures scolaires (de 108 $ à 215 $ par an). 
  • Crédit d’impôt pour couvrir des frais engagés dans la réussite scolaire (ex. : orthophonie).  
  • Favoriser la formation des professionnels pour pallier le manque d’enseignants.  

 

Québec solidaire, de Gabriel Nadeau-Dubois 

Photo d’archives, Martin Chevalier
Photo d’archives, Martin Chevalier

  • Mise en place d’un vaste chantier de rénovation, d’agrandissement, de verdissement et de construction d’écoles, au coût de 1,6 G$. 
  • Abolition de la sélection académique et gratuité pour les concentrations pédagogiques dans les écoles publiques (ex. : sport-études). 
  • Abolition du financement public des écoles privées et des écoles religieuses. Convertir progressivement les établissements privés en écoles publiques.
  • Gratuité scolaire au primaire, au secondaire, à la formation professionnelle et des adultes. Réduction graduelle des frais au niveau postsecondaire afin d’atteindre à terme la gratuité scolaire.  

Parti Québécois, de Paul St-Pierre Plamondon 

Photo Martin Chevalier
Photo Martin Chevalier

  • Augmentation des investissements de 575 millions $ par année pour la rénovation des écoles et des cours d’école vétustes. 
  • Mettre fin au financement des écoles religieuses.
  • Intégration d’au moins 30 minutes d’activité physique, motrice ou de loisir par jour, du CPE au secondaire. 
  • Obligation pour tous les étudiants collégiaux de réussir une épreuve uniforme de français pour obtenir leur diplôme.  

Parti conservateur du Québec, d’Éric Duhaime 

Photo Martin Chevalier
Photo Martin Chevalier

  • Rendre disponibles les infrastructures sportives des écoles pour les jeunes les soirs et les fins de semaine.
  • Création de classes pour les élèves de haut niveau et de cours à options au primaire. 
  • Augmentation du nombre d’écoles alternatives et assouplissement de la réglementation entourant l’école à la maison. 
  • Minimum de 30 minutes d’éducation physique par jour pour tous les enfants d’âge scolaire.  
  • Mise en place d’un diplôme de 3e secondaire pour accéder plus rapidement aux études professionnelles.
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