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L'article provient de TVA Sports
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Une stratégie avec Poulin qui fait jaser

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Photo portrait de Patric Laprade

Patric Laprade

2024-01-21T15:20:55Z
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Un vieil adage dit qu’un joueur ou une joueuse ne fait pas une équipe. C’est vrai. Mais en même temps ce n’est pas vrai. 

Vous direz ça aux partisans des Bulls de Chicago à propos de Michael Jordan. Ou à ceux des Penguins de Pittsburgh à propos de Mario Lemieux ou Sidney Crosby. 

Cela dit, je comprends le principe. Le hockey et le basketball sont des sports d’équipe et tu gagnes ou tu perds en équipe. Un seul athlète ne peut faire tous les lancers ou compter tous les buts. 

Ce qui m’amène à parler de Marie-Philip Poulin.  

Dire qu’elle a connu un fort match serait un euphémisme. Elle a marqué deux buts, dont un avec 17 secondes à faire en troisième à la suite d’une superbe montée vers le filet. Elle a lancé sept fois vers la gardienne adverse, plus que quiconque dans son équipe. Et au cercle des mises en jeu, elle a eu un taux d’efficacité de 78%, remportant 21 de ses 27 duels. 

Mais aussi bonne elle a été, après trois périodes de jeu et une prolongation de cinq minutes, c’était toujours 3 à 3. 

Première fusillade dans la courte histoire de la ligue et la règle dans la LPHF est la suivante: cinq tours de chaque côté et on peut utiliser la même joueuse plus d’une fois. Si l’égalité persiste, c’est un tour chacun jusqu’à ce qu’il ait un but d’un côté seulement. 

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Kori Cheverie a donc utilisé Poulin à quatre reprises sur les six tentatives que l’équipe a eues. Elle a marqué une fois. 

C’est beaucoup. Peut-être même trop. C’est énormément de pression sur une personne, même si ton surnom est «Captain Clutch». Et quel message ça envoie aux autres joueuses de ton équipe? Personnellement, je ne suis pas certain d’aimer cette règle. Qu’on envoie une joueuse qui a déjà eu une chance après les cinq réglementaires, oui, pas de problème. Mais d’envoyer la même à répétition, j’ai un certain malaise avec ça. 

Pour l’entraîneuse Cheverie, le tout était tout à fait normal.  

«Pourquoi pas? Meilleure joueuse au monde», s’est-elle contentée de répondre en conférence de presse après la partie, avant de se faire demander ce qu’elle pensait du règlement comme tel. 

«Je pense que lorsqu’une joueuse comme Poulin a la partie qu’elle avait, c’est un beau luxe de pouvoir la réutiliser, si elle se sent bien. Et visiblement elle avait joué une bonne partie alors pourquoi ne pas y aller avec celle qui est en feu.»

Dommage qu’on n’ait pas eu accès à Poulin après la rencontre. J’aurais aimé lui demander comment elle voyait ça. Les grands athlètes veulent être en contrôle de la situation. Jordan voulait le ballon avec deux secondes à jouer. Lemieux a tiré au filet au lieu de passer en fin de troisième contre les Soviétiques en 1987. Alors je me doute de sa réponse, mais j’aimerais quand même la connaître. 

Après la partie, Erin Ambrose a déclaré que Poulin était «la meilleure joueuse à n’avoir jamais joué», une affirmation qui est difficile à contredire.  

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Le meilleur match d’Ann-Renée Desbiens

Malgré la performance incroyable de Poulin, l’équipe a tout de même perdu. Par contre, si une personne n’a rien à se reprocher, outre la capitaine, c’est Ann-Renée Desbiens. 

Elle a été bombardée par Toronto avec 39 tirs dirigés vers elle dont sept par Natalie Spooner et six par Sarah Nurse, ses coéquipières avec Équipe Canada. Elle a été solide du début à la fin, particulièrement en première période, lorsqu’après avoir perdu son bâton, elle a réussi à arrêter les tirs de Spooner et Nurse. Idem en tirs de barrage. 

Toronto compte sur plusieurs joueuses d’Équipe Canada et ne connait pas un bon début de saison, étant bon dernier de la ligue. Il fallait donc s’attendre à ce que l’équipe explose à un moment donné. Les 39 tirs et les quatre buts sont des sommets cette saison pour Toronto, qui avait marqué seulement sept fois lors des cinq premières parties. 

Et n'eût été les prouesses de Desbiens, le compte aurait pu être bien plus élevé. Sa performance lui a d’ailleurs valu la troisième étoile. 

L’avantage numérique encore blanchi

Pour une équipe qui compte autant de talent en attaque, l’avantage numérique de Montréal est une déception. Aucun but marqué hier encore en quatre occasions, dont une en prolongation. Mais encore plus inquiétant, c’est le faible nombre de tirs au but durant ces surnombres. Selon mon compte, Montréal n’a pas eu de lancers au filet sur deux des quatre avantages numériques, et au total, n'en a eu seulement trois. Lors du dernier match contre New York, l’équipe n’avait lancé que deux fois en quatre occasions. 

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Ce n’est pas pour rien qu’à l’entraînement vendredi matin, on a énormément pratiqué la circulation de la rondelle avec les deux unités d’avantage numérique. Mais le résultat est demeuré le même. Montréal est dernier dans la ligue avec un seul but en 20 opportunités, pour un faible taux d’efficacité de 5%. 

Cheverie a été avare de commentaires en point de presse, disant seulement qu’elles allaient continuer à travailler là-dessus et que la saison était encore jeune. 

Mais la réalité, c’est qu’avec ce sixième match, on a atteint le quart de la saison dans la LPHF. C’est l’équivalent de 20 matchs dans la LNH. La saison n’est pas si jeune que ça, et l’équipe devra trouver une solution rapidement. 

Est-ce qu’on devrait modifier la première unité composée de Poulin, Vanisova, Murphy, Stacey et Ambrose? Est-ce que d’avoir Poulin à la pointe est vraiment profitable? Bref. Juste un but hier avec l’avantage d’une joueuse et on ne parlerait peut-être pas de défaite. 

Quoi faire avec Catherine Dubois?

À un peu plus de 24 heures du match, plusieurs personnes, incluant Catherine Dubois elle-même, croyaient qu’elle ne pourrait pas jouer hier. Pourtant, Dubois était à son poste, jouant un quatrième match consécutif. 

C’est que vendredi, j’avais eu des explications de la ligue sur la façon d’interpréter les contrats à court terme de 10 jours. La LPHF m’a dit que « les contrats à court terme sont valables pendant 10 jours calendriers complets après la date à laquelle ils ont été signés. » 

Si on résume, ce sont donc des contrats de 11 jours et non pas de 10. 

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Dubois jouait donc son dernier match selon l’entente actuelle. Je ne sais pas si c’est un signe avant-coureur, mais elle a semblé avoir moins de temps de glace contre Toronto. Quoiqu’il en soit, je crois qu’elle a mérité une place régulière avec l’équipe. Dans une ligue avec un jeu plus physique, Dubois y est à l’aise comme un poisson dans l’eau. Le problème se situe dans la façon que l’équipe peut garder Dubois. 

Il y a trois solutions possibles du côté de Danièle Sauvageau. 

1-Lui faire signer un deuxième et dernier contrat à court terme de 11 jours. Mais ce ne serait pas le meilleur moment, puisque l’équipe ne joue que deux fois en 11 jours à compter des deux prochains matchs. Par contre, à trois reprises d’ici la fin de la saison, il y a des séquences de quatre matchs en 11 jours ou moins, ce qui serait le meilleur moment pour la ramener. Tu ne veux pas lui faire signer ce genre de contrat lorsque tu joues seulement deux fois en 11 jours. Tu veux pouvoir en profiter pleinement. 

2-Lui faire signer un contrat régulier. Toutefois, puisque le nombre de contrats réguliers est limité à 23, il faudrait libérer une joueuse. La convention collective prévoit pour la première saison que seuls les contrats de deux ans et trois ans sont garantis. Par contre, à tout moment, une équipe peut libérer une joueuse qui a un contrat d’une seule saison. 

Curieusement, l’équipe n’a pas annoncé la durée de contrat de toutes ses joueuses, particulièrement celles qui n’avaient pas été repêchées. On a confirmé que Mariah Keopple, Elaine Chuli, Sarah Bujold, Ann-Sophie Bettez, Claire Dalton, Jilian Dempsey, Gabrielle David et Brigitte Laganière avaient toutes signé des contrats d’une seule saison. Mais si j’avais à m’avancer, je dirais que Madison Bizal, Catherine Daoust, Marlène Boissonnault, Sarah Lefort et Leah Lum ont aussi signé pour une seule année. 

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C’est donc une de ces joueuses qui devra partir si on veut garder Dubois et la signer à un contrat régulier. En excluant Dubois et les deux réservistes, l’équipe compte 12 attaquantes, huit défenseuses (Leah Lum ne sera utilisée qu’à la défense à partir de maintenant) et trois gardiennes. 

3-La retourner sur l’équipe de réserve. Les options 1 et 2 peuvent toujours se faire plus tard dans la saison. 

4-Toutefois, par son jeu, Dubois a certainement ouvert les yeux de plusieurs autres équipes. Alors même si l’équipe n’a que trois options devant elle, Dubois en possède une quatrième dans sa poche : celle de changer d’équipe. La convention est claire à ce sujet : une réserviste peut signer avec une autre équipe si elle se fait offrir un contrat régulier ailleurs. 

On l’a vu avec Maude Poulin-Labelle qui devait commencer la saison dans l’équipe de réserve de Montréal, mais qui a plutôt signé à Toronto. Une équipe physique comme New York pourrait être une bonne destination pour Dubois. Toronto aussi. Mais tout comme pour Montréal, cela voudrait quand même dire que cette équipe devra se départir d’une joueuse. 

Le prochain match de l’équipe est mercredi au Minnesota. Je ne m’attends pas à ce que Dubois fasse le voyage. Je pense davantage que la situation sera éclaircie avant la rencontre de samedi prochain à la Place Bell. 

Des statistiques manquantes

Je suis un gars de statistiques. Je l’ai toujours été. Alors quand on me donne des chiffres, mon cerveau tourne plus vite qu’une vieille sécheuse. 

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On a annoncé hier une salle comble à 3 232 amateurs. Lors du match d’ouverture, à Verdun toujours, on avait annoncé une salle comble à 3 245. Et j’avoue que je n’arrive pas à comprendre. 

Mercredi, l’équipe annonçait que de nouveaux billets avaient été mis en vente, même si le match annonçait complet depuis quelques jours déjà. Mais bon, c’est possible. Je me disais qu’après le match d’ouverture, on avait mieux maximisé l’espace nécessaire à la production du match et qu’on avait mis de nouveaux sièges en vente. 

Mais voilà qu’après avoir mis de nouveaux sièges en vente, on annonce une foule qui en contient 13 de moins que la première fois. 

Ça manque clairement de constance et c’est à n’y rien comprendre. Je vais tenter d’avoir plus d’explications à ce sujet. 

Dans tous les cas, il y avait de nombreuses places vides hier. Je ne remets pas en doute la salle comble, mais une salle comble a toujours son lot de billets donnés. On parle habituellement d’entre 5 et 10%. Et quand on reçoit des billets gratuitement, le sentiment d’importance d’aller à la partie est moins présent. Contrairement à lorsque tu payes pour un billet, le froid, une petite toux ou un match de football à la télé deviennent toutes des bonnes raisons pour rester à la maison. 

On a au moins les statistiques d’assistance, ce qui n’est pas le cas de toutes les statistiques. 

Par exemple, le temps de glace. C’est à mon avis la statistique qui manque le plus sur le site Internet de la ligue. Je pense que Dubois a moins joué hier. J’aurais aimé pouvoir le confirmer avec le temps passé sur la patinoire. Poulin a joué un gros match, j’aurais aimé l’accentuer davantage avec le nombre de minutes joué. 

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Lorsque j’en ai fait la demande, on m’a répondu que la personne qui s’occupe des statistiques du côté de la ligue n’a pas cette statistique. Ce qui est encore pire. Je suis certain qu’à l’interne, chaque équipe doit avoir son propre statisticien qui compile ces données, mais bon, pour l’instant, incapable de les avoir. À suivre. 

Méli-mélo: l’ambiance, le français et Rougeau

Je m’en voudrais de ne pas mentionner l’ambiance à Verdun hier. La proximité avec la patinoire et le fait que l’aréna est davantage rempli qu’à la Place Bell donnent une ambiance assez électrisante. Quand une Poulin marque avec 17 secondes ou quand Desbiens fait de gros arrêts, la foule ne se gêne pas pour faire sentir sa présence. Quand, en plus, on a un excellent animateur de foule et de la bonne musique pour occuper les temps morts, ça donne un spectacle à ne pas manquer. 

Selon Ian Kennedy du Hockey News, la ligue a enregistré en tant que marque déposée le logo francophone avec l’acronyme LPHF, de même que le nom LPHF, ce qui est une excellente nouvelle. Depuis le début de la saison, je grince des dents chaque fois que j’entends l’annonceur maison ou l’animatrice de foule des matchs à domicile de Montréal dire en français les lettres « PWHL ». C’est comme si on disait en français « NHL ». Essayez-le à voix haute pour le plaisir. Vous allez voir que ça sonne mal! J’espère que les directives changeront rapidement en ce sens. 

C’est une Québécoise de Beaconsfield, Lauriane Rougeau, qui a marqué le but gagnant en tirs de barrage pour Toronto. Vétérane qui a gagné une médaille d’or olympique en 2014, elle était assistante-entraîneuse avec les Stingers de Concordia avant de faire le saut dans la LPHF. Un beau moment pour elle, qui jouait devant ses parents.

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