«Ça nous pète dans la face»: Justin Trudeau laisse derrière lui un Canada affaibli sur la scène internationale
Après 10 ans au pouvoir, son gouvernement a développé de mauvaises relations avec plusieurs grandes puissances comme la Chine ou l’Inde


Hugo Duchaine
Justin Trudeau laissera derrière lui un Canada affaibli sur la scène internationale, ayant des relations tendues, voire hostiles, avec plusieurs grandes puissances mondiales, déplorent des experts.
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«Il a créé beaucoup d’anicroches avec plusieurs pays dans le monde et développé de mauvaises relations avec des puissances émergentes comme la Chine et l’Inde», explique Justin Massie, professeur en science politique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Le Canada est en perte d’influence depuis 20 ans sur la scène internationale, dit-il. Si ce déclin a été amorcé par son prédécesseur Stephen Harper, Justin Trudeau n’a pas renversé la vapeur, malgré ses promesses de faire mieux.
Promesses vides
Lors de son élection en 2015, il proclamait fièrement: «Le Canada est de retour». Pourtant, il n’a pas réussi à s’imposer sur la scène mondiale et à y laisser un legs.
Il a échoué à obtenir un siège au Conseil de la sécurité de l’ONU. «Non seulement il a perdu, mais il a fait pire que les conservateurs en 2010», tranche Jocelyn Coulon.
Ce dernier a fait partie d’un comité d’experts en politique étrangère pour les libéraux de Justin Trudeau en 2015 et du cabinet du ministre Stéphane Dion aux Affaires étrangères jusqu’en 2017.
Mais il est vite allé de «désillusion en désillusion». Les promesses d’envoyer des milliers de Casques bleus n’ont pas été tenues, par exemple.
Il rappelle aussi le voyage désastreux de Trudeau en Inde en 2018, où il a été ridiculisé dans la presse canadienne et internationale, avec ses nombreux costumes.
Plus grand accomplissement
«Son plus grand accomplissement, c’est la renégociation de l’ALÉNA [Accord de libre-échange nord-américain], avec de moins grandes pertes qu’anticipées au départ avec l’arrivée de Donald Trump», plaide M. Massie.
S’il est aussi le premier ministre qui a le plus investi dans les forces armées, c’est parce que tout était à remplacer à son arrivée au pouvoir, après des années de compressions conservatrices.
Trop dépendant des États-Unis
Selon Jocelyn Coulon, les Canadiens vont comprendre l’importance d’une politique étrangère forte avec le deuxième mandat de Donald Trump qui menace d’imposer de lourds tarifs douaniers sur nos exportations.
«Ça nous pète dans la face», dit-il, à propos de la dépendance de l’économie canadienne à celle de notre voisin du Sud.
Il déplore que Justin Trudeau ne soit allé que trois fois en Afrique, alors que les dirigeants de la Chine ou de l’Inde y sont fréquemment pour tisser des liens commerciaux.
Par exemple, Si l’Inde a pu commander un assassinat au Canada en 2023 sans aucune répercussion sur la scène internationale, c’est en raison des relations serrées qu’elle tisse avec les États-Unis et l’Europe.
«On est pieds et poings liés aux États-Unis, qui exercent sur nous un chantage en matière commerciale et militaire [...] On n’a pas fait notre travail», poursuit-il, croyant que si des liens plus solides avaient été tissés avec d’autres grandes puissances mondiales, le Canada disposerait aujourd’hui d’un meilleur rapport de force.