Gros mandat pour Montembeault... mais ça ne coûte rien de rêver

Le cœur de Montréal bat au rythme de celui du Canadien. La ville est en liesse. Les gens ont enfin de quoi se réjouir en cette période de tension sociale. Ce bel épisode cadre bien avec notre reportage portant sur ce qui fait le bonheur des gens publié dans cette même édition de fin de semaine.

L’ambiance qui régnait au Centre Bell et à l’extérieur de l’édifice dans les moments confirmant la participation du Tricolore aux séries, mercredi soir, était un baume pour les yeux et un bienfait pour l’âme. 

Tout le monde souriait, tout le monde était de bonne humeur. Les employés se saluaient à grands coups de high five dans les ascenseurs. 

À l’extérieur, les jeunes amateurs manifestaient leur joie, mais tout s’est quand même passé dans l’ordre. Il n’y a pas eu de cassage de vitrines. Les policiers n’ont pas eu à intervenir.

La fièvre des séries a gagné la ville et le Québec d’ouest en est et du sud au nord. 

Les purs et durs, ceux qui carburent au sang bleu, blanc, rouge sont sur un nuage. Pour eux, il ne fait aucun doute que le Canadien va passer au travers des Capitals de Washington au premier tour des séries.

Pour les modérés, la série se jouera période par période, match par match.

Enfin, il y a ceux qui pensent que la troupe de Martin St-Louis n’a aucune chance de s’en sortir contre la bande d’Alex Ovechkin.

Un gros mandat pour Montembeault

De mon côté, j’avoue avoir de la difficulté à faire la part des choses. Je ne voyais pas le Tricolore prendre part aux séries avant l’an prochain, au plus tôt. Les sceptiques dont j’étais ont été confondus...dus...dus...dus, comme le scandait notre cher «Capitaine Bonhomme».

Ça va avec mon âge, que voulez-vous?

Les amateurs peuvent-ils vraiment rêver d’une victoire contre les Capitals?

Bien sûr que oui! D’autant que ça ne coûte pas un sou.

L’équipe n’a rien à perdre, mais elle devra offrir des performances largement supérieures à ce qu’elle a montré à ses sept derniers matchs de la saison régulière.

Si elle est parvenue à conserver une fiche victorieuse de 4-2-1 au cours de cette période, c’est en très grande partie en raison de la belle tenue de Samuel Montembeault.

Comme tout gardien qui a défendu la cage du Canadien avant lui, Montembeault a du mérite. Il faut du nerf pour survivre aux critiques qui tombent sur les hommes masqués dans l’univers montréalais du hockey.

Les prédécesseurs de Montembeault y sont tous passés. De Jacques Plante à Carey Price en passant par «Gump» Worsley, Rogatien Vachon, Ken Dryden et Patrick Roy.

À l’approche de l’affrontement contre les Capitals, on fait beaucoup état du printemps Halak. Aussi, en consultant les sommaires des matchs qui avaient opposé le Canadien aux Capitals au printemps 2010, j’ai remarqué que Halak avait été sorti du troisième match de la série au Centre Bell.

Carey Price avait terminé la rencontre et disputé le match suivant, au terme duquel les Capitals avaient pris les devants 3-1 dans la série.

On avait oublié ça.

Halak était revenu en force avec deux performances époustouflantes lors des cinquième, sixième et septième matchs pour permettre aux siens d’accéder au deuxième tour.

C’est le genre de mandat qui attend Montembeault.

Ne pas jouer le jeu des Capitals

Pour lui venir en aide, ses coéquipiers devront fermer le jeu du mieux qu’ils pourront. Les Capitals forment la deuxième attaque la plus puissante de la LNH avec une moyenne de 3,51 buts comptés par match.

Montembeault ne pourra pas tout faire si les siens s’avisent de vouloir rivaliser d’adresse avec les Capitals sur le plan offensif. La moyenne de buts marqués de l’équipe a été inférieure à trois buts par rencontre (2,96) pendant le calendrier régulier.

Les «Caps» revendiquent aussi une moyenne de buts accordés (2,77 pour le neuvième rang) inférieure à celle du Tricolore (3,18 pour la 22^e position).

Je vous entends dire que les statistiques de la saison régulière ne tiennent plus et que les compteurs sont ramenés à zéro pour les séries.

C’est vrai, mais il y a des réalités dont il faut tenir compte.

Profiter du moment

Sur papier, il n’y a pas de débat à savoir qui est la meilleure équipe entre les Capitals et le Tricolore.

La formation du Canadien est jeune et rapide. Il lui manque encore des morceaux pour jouer dans la cour des grands.

Les Capitals sont expérimentés et comptent plusieurs taupins dans leurs rangs, nommément Alex Ovechkin, Pierre-Luc Dubois, Dylan Strome et Tom Wilson à l’attaque ainsi que John Carlson, Jakob Chychrun, Martin Fehérvary, Dylan McIlrath et Matt Roy à la défense.

Et les Caps sont privés de leur deuxième centre Aliaksei Protas, un petit bébé faisant six pieds six pouces et pesant tout près de 250 livres.

Mais, comme le disait Bernard Geoffrion, «un match de hockey se joue sur une patinoire de 200 pieds sur 85, pas dans les journaux».

Le plus important est d’apprécier le moment qui passe.

Avant longtemps, on pourra rêver à la coupe.