Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

«Ça m’empêche de dormir»: ils vivent l'enfer dans leur immeuble négligé

Des locataires disent que l'état des lieux se dégrade depuis l'achat de l'édifice situé près d'une future station de métro de la ligne bleue

Photo Anouk Lebel
Partager
Photo portrait de Anouk Lebel

Anouk Lebel

2024-05-15T15:30:00Z
2024-05-15T15:40:27Z
Partager

Des locataires de Saint-Léonard disent vivre l’enfer dans leur immeuble où ils endurent des trous béants dans leur plafond et où le vent a eu raison du recouvrement d’une partie de la toiture.

«Il y a une garderie juste à côté, l’arrêt de l’autobus en bas. Ça aurait pu tomber sur quelqu’un», s’inquiète Sheila Burgos, qui habite depuis près de 20 ans l’un des 27 logements de l’édifice de la rue Jean-Talon Est à Saint-Léonard.

Un trou dans le recouvrement du bas de la toiture est bien visible. Les bardeaux en aluminium se sont détachés lors d’une période de grands vents, en avril.

Valentina Kushiniruk a peur qu’il arrive la même chose au-dessus de son balcon, où les plaques métalliques se soulèvent lorsqu’il vente.

«Ça m’empêche de dormir», soupire la femme de 65 ans d’origine ukrainienne, qui vit dans l’immeuble depuis un quart de siècle.

Son plancher arraché

Elle explique que l’un des calorifères de sa salle à manger ne fonctionne pas depuis 2019 et que la tuyauterie de sa salle de bain est à remplacer. 

Valentina Kushiniruk entend les plaques métalliques qui recouvrent le toit brasser la nuit quand il vente.
Valentina Kushiniruk entend les plaques métalliques qui recouvrent le toit brasser la nuit quand il vente. Photo Anouk Lebel

Au rez-de-chaussée, German Jordan s’est résigné à réparer le système de chauffage lui-même. Il demande depuis un an la réparation de son plancher à la suite d’une fuite d’eau dans l’appartement voisin.

Publicité
  • Écoutez l'entrevue avec Sheila Burgos, qui habite depuis près de 20 ans l’un des 27 logements de l’édifice de la rue Jean-Talon Est à Saint-Léonard, via QUB :

«Ça sentait mauvais, je me sentais malade. J’ai eu une bronchite à cause de l’humidité», raconte en espagnol l’homme de 71 ans qui vit dans l’immeuble depuis dix ans.

German Jordan demande depuis un an la réparation de son plancher à la suite d’une fuite d’eau dans l’appartement voisin.
German Jordan demande depuis un an la réparation de son plancher à la suite d’une fuite d’eau dans l’appartement voisin. Photo Anouk Lebel

Comme dans trois autres logements que Le Journal a pu visiter, il a un gros trou dans le plafond de sa salle de bain depuis six mois, en attendant l'installation d'un système de ventilation dans la pièce sans fênêtre.

Il affirme que cet automne, le propriétaire l’aurait sommé de déménager au lieu de faire des travaux. 

Pressions

Le Journal a parlé à quatre autres locataires qui affirment avoir subi des pressions pour quitter leur logement situé à deux pas de la future station Lacordaire de la ligne bleue. Ils comptent défendre leur cause au Tribunal administratif du logement.

«Il refuse de prendre mon loyer depuis avril. [...] Il veut qu’on quitte parce qu’on paye 705$ de loyer et en ce moment, des appartements comme ça, ça se loue 1400$», illustre Mme Burgos, qui a une audience le 10 juillet.

Publicité
Deux trous béants dans le plafond de la salle de bain de Sheila Burgos, où un système de ventilation doit être installé.
Deux trous béants dans le plafond de la salle de bain de Sheila Burgos, où un système de ventilation doit être installé. Photo Anouk Lebel

Elle affirme que la situation s’est détériorée depuis juillet 2023, quand l’immeuble a été racheté par David Benarroch et Meyer Elhadad, administrateur de l’immeuble depuis 2015.

«Je ne suis pas capable de travailler avec lui», laisse-t-elle tomber Yineydis Corpas, qui a été concierge pendant huit ans et qui a quitté ses fonctions en mars.

Elle tente maintenant de conserver son logement dont elle a signé le bail avant d’entrer en fonction comme concierge.

Déjà négligé

Les propriétaires de l’immeuble, David Benarroch et Meyer Elhadad, ont demandé de répondre à nos questions par message texte, invoquant des «disponibilités limitées».

Ils soutiennent que l’édifice construit en 1974 était «grandement négligé par les anciens propriétaires» et qu’ils «mettent tout en œuvre afin de réaliser les travaux requis par ordre de priorités».

«En aucun cas, nous n’avons exercé de pression, de quelque forme que ce soit, sur nos locataires pour qu’ils quittent leur logement. Certains locataires ont préféré quitter leur logement sous entente de gré à gré. D’autres locataires ont simplement déménagé de leur propre gré», écrivent-ils.

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité