«Ça me crève le cœur»: la Maison des greffés menacée de fermeture en raison de travaux
Le seul endroit au Québec qui accueille des patients en attente d’une greffe pourrait fermer en raison de travaux urgents imprévus


Hugo Duchaine
La survie de la seule maison d’hébergement pour greffés au Québec est menacée par des travaux de rénovation d’urgence qui coûtent cinq fois plus cher que prévu.
«Ça me crève le cœur de penser qu’on n’aura pas le choix de fermer [...] Je veux tout faire pour la sauver», lance la directrice générale Micheline Cyr Asselin, dont la mère avait fondé la maison à la suite de sa propre greffe du foie.

Depuis sa fondation il y a 31 ans, la Maison des greffés Lina Cyr a accueilli environ 45 000 patients. Environ 2000 greffés et leurs accompagnateurs y séjournent chaque année.
Sa survie est aujourd’hui en danger en raison de travaux urgents de 2,5 millions$ sur le bâtiment de 27 chambres de la rue Sherbrooke, à Montréal.
Infiltration et amiante
Au départ, l’établissement avait amassé 500 000$ pour des travaux sur la façade et les balcons avant.

Mais rapidement, les ouvriers ont décelé une grave infiltration d’eau, que la maison ignorait, et la présence d’amiante. La facture a vite grimpé à 2,5 millions$.
«Il faut que ça reste, la vie des gens est en jeu», plaide Johanna St-Pierre, qui loge à la Maison Lina Cyr de Montréal depuis le 1er juillet, avec sa fille Iliana Thibodeau.

Habitant à Montmagny, la femme de 34 ans devait se trouver à moins de deux heures du CHUM à tout moment en attente de sa double greffe de poumons. Elle a finalement subi l’opération à la mi-octobre.
35$ par jour
À la maison, elle est hébergée et nourrie pour 35$ par jour. Une fraction infime du prix que lui aurait coûté le même séjour à l’hôtel pendant cinq mois.
«J’ai croisé des patients de l’Abitibi, de la Gaspésie [...] franchement, je ne sais pas ce qu’on aurait fait sans ça», poursuit Mme Thibodeau, qui aurait dû s’endetter pour attendre sa greffe.
Au cours des dernières semaines, Mme Cyr Asselin a cogné à toutes les portes pour éviter de devoir vendre la bâtisse.
Elle a obtenu 500 000$ de Québec. «On me dit que je suis très chanceuse d’avoir eu ce montant-là dans le contexte actuel», dit-elle.

Avec quelques dons de fondations et d’entreprises privées, un peu moins de la moitié de la somme a été amassée. «Mais ça stagne», s’inquiète Mme Cyr Asselin, résignée à devoir réhypothéquer le bâtiment.
La Maison des greffés entend miser gros sur ses prochaines campagnes de financement pour réussir à payer les travaux. Ces mêmes campagnes financent aussi son budget annuel, lui permettant d’offrir de l’hébergement à faible coût.
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