Examen de maths en 4e secondaire: un cafouillage pourrait faire augmenter les notes des élèves, dénoncent des profs


Daphnée Dion-Viens
L’épreuve ministérielle de mathématiques en quatrième secondaire a fait réagir bien des enseignants la semaine dernière: on y retrouvait une question quasi identique à celle d’une version antérieure, autorisée pour les pratiques en classe, ce qui pourrait faire augmenter «de façon non légitime» les résultats des élèves, craignent des enseignants.
Le ministère de l’Éducation assure de son côté que cette question est tout à fait valide.
Pour aider les élèves à se préparer à l’épreuve ministérielle de juin, le ministère autorise les enseignants à utiliser certaines versions des années précédentes. Cette année, les versions 2018 et 2019 de l’examen de mathématiques régulières (Culture, société et technique) pouvaient être utilisées en classe en quatrième secondaire, en guise de simulation d’examen.
Or des profs ont été très surpris de constater qu’une des questions de l’examen de jeudi dernier était quasi identique à celle de 2018 vue en classe, à quelques mots près. Les chiffres étaient différents, mais le raisonnement mathématique à utiliser était exactement le même, affirment-ils.
«Cette question-là, elle était clairement donnée», lance Sylvain Duclos, qui enseigne les mathématiques au secondaire depuis une vingtaine d’années.
Des jeunes l’ont même contacté après l’examen pour lui dire qu’ils avaient la réponse intégrale écrite sur leur aide-mémoire, une feuille rédigée par l’élève qu’il est possible de consulter pendant l’examen.
«Un examen de cette importance-là a des répercussions. Ça fait augmenter de façon non légitime les résultats des élèves», ajoute M. Duclos.
D’autres enseignants, qui ont toutefois demandé l’anonymat, font le même constat. «Déjà qu’il s’agit d’un examen prévisible, si en plus on a les mêmes questions que celles autorisées pour la pratique en classe, ça va trop loin», affirme un autre prof de mathématique d’expérience.
Un examen qui fait réagir
La situation fait «beaucoup» réagir les enseignants, constate Mélanie Tremblay, professeure en didactique des mathématiques à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).
Cette experte, qui dénonce depuis des années le caractère trop prévisible de cette épreuve, estime que le ministère est allé trop loin cette fois-ci en utilisant une question presque identique à celle utilisée en classe pour préparer les élèves.
«On vient d’atteindre un nouveau sommet», lance-t-elle.
De son côté, le ministère de l’Éducation assure que cette pratique est tout à fait valide. «Cela n’affecte en rien la validité des épreuves ministérielles», indique un porte-parole, Bryan St-Louis.
Même si le contexte des deux questions et le concept évalué sont les mêmes, «les paramètres des fonctions dans la question diffèrent ainsi que toutes les données que l’élève doit traiter», ajoute-t-il.
Mme Tremblay n’est pas du même avis. «On a habillé autrement la question, mais c’est la même chose, affirme-t-elle. Lorsqu’une épreuve devient trop prévisible, elle ne mesure plus ce qu’elle dit mesurer.»
Le ministère de l’Éducation précise de son côté que l’utilisation des versions 2018 et 2019 de l’épreuve a été autorisée lors de la préparation en classe puisque ces épreuves étaient les plus récentes à couvrir l’ensemble du programme d’études.
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