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L'article provient de 24 heures

«Ça coulait full pin»: la météo clémente précipite la saison du sirop d’érable; des acériculteurs pris au dépourvu

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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2024-02-14T17:25:27Z
2024-02-14T22:10:15Z
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Les érables n’ont pas fini d’être entaillés que la saison du sirop est déjà lancée. L’écoanxiété monte chez les acériculteurs pris au dépourvu par les températures anormalement douces des derniers jours, dont certains ont perdu de précieuses coulées.

«Je ne me ferai pas avoir deux fois», lance à 24 heures Donavan Lauzon, 35 ans, un acériculteur «écoanxieux» qui exploite depuis 2020 l’érablière familiale Les Sucres St-Joachim, à Mirabel. 

Les Sucres St-Joachim, à Mirabel.
Les Sucres St-Joachim, à Mirabel. Photo Courtoisie

Il travaille à temps plein comme intervenant en dépendances. Mais assis dans son bureau de la Rive-Nord de Montréal, il ne rêve que d’être dans la forêt, pour terminer la préparation de ses érables. 

Comme lui, un peu plus de la moitié des producteurs du Canada affirment que les changements climatiques ont des impacts tangibles sur leurs activités et 47% croient qu’il y a urgence d’agir, selon un rapport d’Ouranos paru en 2018. 

«Ça coulait full pin samedi et dimanche! Certaines érablières dans mon coin ont fait du sirop, raconte-t-il. Les plus organisées et mieux préparées étaient prêtes pour cette coulée précoce. Pour beaucoup, c’est leur gagne-pain. Moi, j’entaillais au chaud, mais je ne suis pas encore prêt.» 

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Seule la moitié de ses 1200 entailles sont déjà percées. 

Les érablières du Québec comptent entre 4000 et 6000 entailles en moyenne, selon les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ), qui regroupent 13 300 membres. 

Des semaines d’avance

Dans ce milieu «compétitif» où il est possible de connaître précisément les statistiques de rendement des érablières, chaque goutte d’eau est précieuse. 

«La course au premier sirop, au nombre de livres par entailles, c’est toujours présent. Il y a toujours une forme d’urgence à faire les choses. Mais [la saison commence] particulièrement tôt cette année, avec trois ou quatre semaines d’avance», estime Donavan Lauzon. 

Il aurait normalement commencé à entailler cette semaine. 

De l’Abitibi-Témiscamingue au Bas-Saint-Laurent, les derniers jours de températures douces ont devancé la saison du sirop dans plusieurs érablières.

Acériculteur écoanxieux

Comme Donavan Lauzon, beaucoup d’acériculteurs ont dû ainsi abandonner de belles coulées. 

«Tout le Québec a coulé, ce qui est très rare. Ce n’est pas inusité d’en avoir à ce temps-ci de l’année au sud du Québec, mais ça l’est dans le Bas-Saint-Laurent», fait valoir le porte-parole des PPAQ, Joël Vaudeville. 

Avec les changements climatiques et la météo toujours plus imprévisible, des acériculteurs prennent la décision d’affaires d’entailler très tôt dans l’année, voire à l’automne. 

«Il n’y a aucune conséquence sur le sirop», assure toutefois Donavan Lauzon. 

«La situation est juste inquiétante globalement. Pour la biodiversité, les abeilles, plein d’espèces de plantes, d’insectes et d’animaux qui sont régulés avec les saisons. Là, ça fait du va-et-vient.» 

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Les acériculteurs observent également une migration des conditions bioclimatiques favorables à la pousse des érables. 

«Des producteurs américains pourraient connaître des difficultés avec moins de périodes de gel et dégel nécessaires à la production, tandis que certaines régions plus au nord, comme le Saguenay, pourraient, dans le futur, avoir assez d’érables pour faire du sirop», explique Joël Vaudeville. 

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