Les Québécois en vacances en Europe subissent les impacts de la chaleur étouffante

Roxane Trudel et Erika Aubin
Des Québécois en vacances subissent les contrecoups des canicules étouffantes qui sévissent en Europe, alors que le mercure a atteint des records de chaleur dans plusieurs pays mardi.
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«On réduit nos journées pour faire moins d’activités. Il n’est pas question non plus de faire de longues marches», raconte Judith Letarte, en voyage à Paris et Londres avec sa mère et ses trois enfants.
Les deux pieds dans la chaleur suffocante, plusieurs Québécois à l’étranger ont dû revoir leurs plans de la journée pour jongler avec la température.
«On n’a pas osé essayer le métro. Il y a des avertissements d’éviter de le prendre ou d’amener des bouteilles d’eau puisqu’il n’y a pas de circulation d’air», ajoute Mme Letarte.
- Écoutez l’entrevue de Vincent Dessureault avec Alexis Gilli, journaliste indépendant en Europe sur QUB radio :
Au Royaume-Uni, le mercure a dépassé un niveau jamais atteint avec 40,2 °C en fin d’avant-midi dans l’ouest de Londres, a annoncé l’agence météorologique Met Office.
Même son de cloche en France, où plusieurs villes ont dépassé les 42 °C.
«Il fait trop chaud ici. [...] Aucun hôtel n’a de l’air climatisé. Notre chambre d’hôtel à Oxford n’en a pas non plus et nous avons subi un choc de chaleur», relate Victoria Vu, qui fait le tour de l’Angleterre avec son conjoint et ses deux enfants.
À la recherche d’air climatisé
En Belgique, où les thermomètres pouvaient grimper jusqu’à 40 °C, les grands musées ont ouvert leurs portes gratuitement aux personnes âgées pour leur permettre de se rafraîchir, tandis que le pays redoutait aussi des records.
En visite chez de la famille en Normandie, la jeune Lisa Le Bigot, 14 ans, a dédié sa journée de mardi à tenter de se rafraîchir par tous les moyens.
Sans air climatisé et sans ventilateur, l’adolescente de Montréal alternait entre les sacs de glace, un éventail et les douches froides.
«C’est très, très dur. Dormir, c’est vraiment désagréable. Il n’y a aucun endroit dans la maison qui est frais. On essaie de faire le moins d’activités possible et de s’hydrater beaucoup», énumère-t-elle.
Malgré tous ses efforts pour laisser passer un courant d’air à l’intérieur, son thermomètre affichait 45,6 °C mardi matin.
«Il ne faut pas sortir dehors parce qu’il n’y a que du vent chaud qui ne rafraîchit pas», poursuit-elle avant de se réjouir à l’idée de se rendre à l’épicerie pour profiter de l’air climatisé.
Chaleur et paresse
Un des problèmes, estime le Québécois Jérémy Aubre, qui vit à Toulouse depuis plus de 15 ans, c’est que les logements ne sont pas adaptés aux températures extrêmes et laissent entrer la chaleur.
«Ça arrive souvent qu’il fasse chaud, mais pas de façon aussi prolongée. [...] On devient tous incroyablement paresseux. On remet des tâches, comme le ménage, à demain même si c’est absurde, car il fera encore aussi chaud», explique-t-il.
Des feux de forêt en France, en Espagne et au Portugal ont également provoqué l’évacuation de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

– Avec l’AFP
Une pollution à l’ozone inquiétante
La canicule et la sécheresse qui frappent actuellement l’Europe exacerbent la pollution à l’ozone, a averti mardi le service européen sur le changement climatique Copernicus. Il s’agit d’un important gaz à effet de serre et un composant du smog urbain, qui nuit à la santé humaine autant en termes de maladies respiratoires que cardiovasculaires, en plus d’inhiber la photosynthèse des plantes.
Un taux élevé d’ozone de surface peut provoquer des maux de gorge, de la toux, des maux de tête et un risque accru de crises d’asthme, selon le scientifique Mark Parrington. Ce gaz est également une préoccupation majeure pour les régions agricoles et la sécurité alimentaire.
Les scientifiques ont déjà détecté une « pollution extrêmement élevée par l’ozone de surface » dans toute l’Europe occidentale et méridionale, notamment au-dessus de la péninsule ibérique et de certaines parties de l’Italie du Nord.
Records de chaleur dans 64 communes
Des records absolus de chaleur ont été battus dans 64 communes lundi, au pic de la canicule qui frappe la France, selon Météo France. Ils ont été enregistrés principalement le long de la façade atlantique.
Dans la petite ville de Biscarrosse, au sud-ouest du pays, le mercure a frôlé les 42,6 °C.
Mais plus encore, l’amplitude des écarts entre les anciens et certains des nouveaux records est particulièrement significative, alors que les vagues de chaleur se multiplient et s’intensifient sous les effets des changements climatiques.
Dans le sud-ouest du pays, deux incendies massifs ont aussi détruit des pans entiers de forêt ainsi que des campings.
2000 pompiers
Au Portugal, plus de 2000 pompiers continuaient de lutter mardi contre les incendies. Les deux feux de forêt les plus préoccupants se situent à l’extrême nord du pays. L’un d’entre eux mobilisait à lui seul près de 800 pompiers et il a entraîné l’évacuation de trois villages. Un couple de septuagénaires a perdu la vie en tentant de fuir le brasier.

Deux Québécois présentement en vacances dans ce pays ont d’ailleurs raconté au Journal avoir vu une partie des dommages sur la route entre Évora et Porto.
«On roulait pendant des kilomètres et on voyait les sols blancs, comme s’ils étaient recouverts de cendres. C’est tellement sec ici, il n’y a pas une goutte de pluie qui est tombée», a décrit Julie Sylvestre.
Alors qu’ils se trouvaient en Algarve, la région la plus au sud, leur voiture a affiché jusqu’à 43 °C au plus chaud.
Plus de 40 000 évacués
Des feux de forêt en Espagne et en France causés par la vague de chaleur extrême ont entraîné l’évacuation d’urgence de plus de 40 000 personnes dans les derniers jours. Environ 37 000 ont fui la Gironde, un département du sud-ouest de la France, et 6000 d’entre eux ont dû quitter la province de Zamora, au nord-ouest de l’Espagne.
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